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dimanche 3 février 2019

Méditation de la semaine :LES MOYENS DE GRACE: PAROLE DE DIEU ET SACREMENTS 01.



C'est par ce moyen et non pas d'une autre façon, c'est par la Parole sainte, soit qu'on l'entende prêcher, soit qu'on la lise, et par l'usage des sacrements administrés conformément à la Parole, que Dieu veut appeler tous les fidèles à la félicité éternelle, les attirer, les convertir, les régénérer et les sanctifier... C'est de cette façon que le Saint-Esprit, qui opère tout cela, pénètre dans le coeur" (Formule de Concorde, Solida Declaratio, II, 51.54).


1. QU'EST-CE QU'UN MOYEN DE GRACE?
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La Bible nous invite à distinguer entre le salut tel qu'il a été acquis en son temps par Jésus-Christ et le salut tel qu'il est appliqué à tous ceux qui entendent l’Évangile et le reçoivent avec foi. On appelle cela distinguer entre le salut objectif et le salut subjectif. La christologie enseigne comment, en la personne de son Fils, Dieu a racheté le monde et l'a réconcilié avec lui-même, expiant ses péchés et lui acquérant le pardon et la vie éternelle. La doctrine du salut a montré tout ce qu'il fait dans le temps pour appliquer au pécheur le salut acquis: il l'appelle, le convertit, le justifie, le sanctifie et le maintient dans la foi jusqu'à la victoire finale.
Le présent chapitre va nous montrer quels sont les moyens qu'il utilise pour cela. Il n'y a à vrai dire qu'un moyen de grâce ou de salut, c'est l’Évangile dont l'apôtre dit: "Je n'ai point honte de l’Évangile. C'est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, parce qu'en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu'il est écrit: Le juste vivra par la foi" (Romains 1:16.17). L’Évangile est moyen de grâce ou de salut parce qu'il révèle la grâce de Dieu en Christ, nous dit ce que le Seigneur a fait pour racheter le monde. Or cet Évangile avec ses promesses parvient à nous de plusieurs façons: sous forme de Parole de Dieu que nous pouvons lire (Bible) ou entendre (prédication), et dans les sacrements que sont le Baptême et la Sainte Cène. A la suite de saint Augustin, on dit en théologie que les sacrements sont Parole de Dieu visible: Dieu y énonce les mêmes promesses et y offre les mêmes bienfaits, le pardon et le salut, mais d'une façon visible et non plus seulement audible, car ses promesses sont liées à l'eau du Baptême, au pain et au vin de la Cène.
Les moyens de grâce sont de la sorte des moyens institués par le Christ pour offrir et appliquer aux hommes la grâce, le pardon et la vie éternelle acquis par lui. Par l'offre même de ces bienfaits, ils font naître et préservent dans les coeurs la foi qui sauve.
Jésus dit aux disciples d'Emma《: "La repentance et le pardon des péchés sont prêchés en son nom à toutes les nations" (Luc 24:47). L'apôtre Paul écrit: "C'est par lui que le pardon des péchés est annoncé, et quiconque croit en lui est justifié par lui de toutes les choses dont vous ne pouviez être justifiés par la loi de Moïse" (Actes 13:38.39). Voilà pour la prédication de l’Évangile. Mais le pardon et le salut sont aussi offerts et promis dans le Baptême et la Sainte Cène. Avant de monter au ciel, le Christ dit aux disciples: "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé" (Marc 16:16), et Pierre dit à la foule, le jour de la Pentecôte: "Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon des péchés" (Actes 2:38). Quant à la Cène, Jésus dit en tendant la coupe aux disciples: "Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plusieurs en rémission des péchés" (Matthieu 26:28).
Mais ce n'est pas tout: En offrant le pardon et le salut, les moyens de grâce font naître la foi dans les coeurs et l'y affermissent. "La foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ", dit l'apôtre (Romains 10:17). Pierre précise à ses lecteurs qu'ils ont été "régénérés non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu" (1 Pierre 1:23.24). L’Évangile est donc semblable à une semence qui germe et produit la vie. Jacques de même dit de Dieu: "Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de la vérité" (Jacques 1:18). Parlant du Baptême, Jésus affirme que "si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu" (Jean 3:5). Saint Paul l'appelle "le bain de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit" (Tite 3:5).
Nous reviendrons là-dessus dans le détail. Pour l'instant, il suffit de constater que Dieu utilise des moyens précis pour offrir au monde les bienfaits que le Christ lui a acquis quand il était sur terre. Il s'agit de l’Évangile et des sacrements. C'est par eux qu'il accomplit sa volonté de salut, que le Saint-Esprit agit dans les coeurs, appelle au salut, fait naître la foi, la fortifie et donne au croyant la volonté et la force de marcher chrétiennement et de rester fidèle jusqu'à la mort. L'Eglise luthérienne insiste beaucoup sur ce point, car il existe de nombreuses communautés qui enseignent que le Saint-Esprit agit immédiatement dans les coeurs, qu'il ne se sert pas pour cela de la Parole de Dieu et des sacrements. On appelle cela l'illuminisme théologique.

La Parole de Dieu:

Dieu utilise sa Parole pour faire son oeuvre et conduire les hommes au salut. Ceux-ci sont pécheurs et il faut les délivrer de leur mal. Voilà pourquoi la Parole de Dieu est Loi et Évangile. La Loi a pour fonction de révéler à l'homme son péché et sa misère, pour qu'il en prenne conscience, et de l'appeler à la repentance: "Nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu... C'est par la Loi que vient la connaissance du péché" (Romains 3:19.20). Ailleurs, l'apôtre Paul affirme qu'elle "produit la colère" (Romains 4:15), qu'il n'aurait pas "connu la convoitise, si la Loi n'eût dit: Tu ne convoiteras point" (Romains 7:7).
L’Évangile, au contraire, annonce la miséricorde de Dieu et l'oeuvre que Jésus a accomplie, et promet le pardon et le salut à ceux qui croient en lui. Il est "une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit" (Romains 1:17). "La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent. Mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu" (1 Corinthiens 1:18). La lettre, c'est-à-dire la Loi, tue, mais l'Esprit qui agit dans l’Évangile vivifie (2 Corinthiens 3:6; Jean 6:63.68).
Il existe ainsi une différence fondamentale entre la Loi et l’Évangile. Le mot "Loi" a plusieurs sens dans la Bible. Il peut désigner l'ensemble de la Parole de Dieu ou bien le Pentateuque (livres de Moïse) ou le Décalogue, ou encore la loi civile et politique. Dans ce chapitre où elle est opposée à l’Évangile, la Loi désigne tout discours par lequel Dieu exige que sa sainte volonté soit faite, condamne le péché, menace le transgresseur de sa colère et du châtiment, et lui demande de se repentir et de se détourner du mal. L’Évangile, de son côté, est "bonne nouvelle". Il n'exige rien et ne menace jamais, mais révèle l'amour dont Dieu aime le pécheur et le pardon qu'il lui offre en Jésus-Christ. La Loi et l’Évangile sont révélés dans la Bible. Mais tandis que l’Évangile n'est révélé que là, dans la Parole de Dieu, il existe aussi une connaissance naturelle de la Loi, incomplète et corrompue, mais réelle tout de même, car elle est inscrite dans la conscience de l'homme. L'apôtre Paul écrit en effet: "Quand les païens qui n'ont point la loi font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n'ont point la loi, une loi pour eux-mêmes. Ils montrent que l'oeuvre de la loi est écrite dans leur coeur, leur conscience en rendant témoignage et leurs pensées s'accusant et se défendant tour à tour" (Romains 2:14.15).

Les sacrements:

La chrétienté est divisée sur la question de savoir combien il y a de sacrements. L'Eglise catholique en compte sept, le Baptême, la confirmation, la Sainte Cène, la pénitence appelée de nos jours sacrement de la réconciliation, l'extrême-onction ou sacrement des malades, l'ordre et le mariage, tandis que le protestantisme n'en connaît que deux, le Baptême et la Sainte Cène. Le mot ne figurant pas dans la Bible, tout est donc une question de définition. L'Eglise luthérienne définit le sacrement comme un acte institué par Jésus-Christ lui-même, dans lequel il offre sous des éléments visibles sa grâce salutaire, son pardon et son salut, confirme et scelle ces bienfaits aux croyants. Dans ce sens précis, il ne peut y avoir que deux sacrements.
On appelle "matière" du sacrement l'utilisation d'un élément visible et le geste accompli, soit l'application de l'eau dans le Baptême et la distribution et consommation du pain et du vin dans la Cène. On appelle au contraire "forme" du sacrement ce qui fait qu'un acte donné est un sacrement. Il s'agit de la Parole de Dieu, sans laquelle il n'y aurait pas de sacrement, de la promesse de l’Évangile liée à l'application de l'eau dans le Baptême, à la distribution et la consommation du pain et du vin dans la Cène.
Quant au but du sacrement, il consiste à offrir de façon individuelle, avec un support visible, et donc à sceller à celui qui le reçoit avec foi, les promesses qui sont celles de l’Évangile, le pardon des péchés et la vie éternelle. Les sacrements agissent de la même façon que l’Évangile. Ils sont efficaces comme moyens de grâce, et leur efficacité ne dépend ni de celui qui les administre ni de ceux qui les reçoivent. Elle se fonde sur les seules promesses de Dieu. Cependant leurs effets salutaires ne sont reçus que par la foi. L'offre du pardon est toujours valide de la part du Seigneur, quelles que soient les dispositions du bénéficiaire, mais n'est appropriée que par la foi.
Ce sont les pasteurs dûment appelés au ministère qui ont pour mission en temps normal de prêcher la Parole de Dieu et d'administrer les sacrements. Le Baptême toutefois peut et doit être administré par n'importe quel chrétien, quand il y a danger de mort, donc urgence.

Nous enseignons enfin que les sacrements sont nécessaires au salut, tout simplement parce que Jésus-Christ les a institués pour offrir aux hommes sa grâce et la vie éternelle. Un chrétien ne peut en aucune façon les mépriser ou ne pas recourir à eux, pas plus qu'il ne peut mépriser la prédication de l’Évangile. Cependant, la foi seule étant d'une nécessité absolue, on peut être sauvé même si on n'a pas eu la possibilité de recevoir le Baptême ou la Sainte Cène.

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).