Soyez les bienvenus sur le blog de l’EGLISE LUTHERIENNE INDEPENDANTE ...... Prions pour tous les Chrétiens persécutés à travers le monde pour leur Foi en Jésus-Christ.....

dimanche 31 mars 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIERES 04.

4. LA RÉSURRECTION DES MORTS
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La résurrection des morts, qui est pour les croyants une résurrection glorieuse pour la vie éternelle, constitue la conséquence de la résurrection spirituelle que fut leur conversion. Ils sont passés par la foi en leur Sauveur de la mort à la vie (Jean 5:24; 11:25.26) et devenus ainsi participants de la vie éternelle. La mort physique, conséquence temporelle du péché, est le processus nécessaire parce que voulu par Dieu, par lequel leur corps sera libéré définitivement de l'emprise du péché et rendu participant de la victoire finale sur la mort.

L'enseignement de la Bible:

La résurrection des morts était déjà enseignée dans l'Ancien Testament, quoique moins clairement que dans le Nouveau Testament, aussi vrai que Jésus-Christ a pu dire aux sadducéens qui rejetaient cette doctrine: "Pour ce qui est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob? Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (Matthieu 22:31.32). Job confesse, il est vrai dans un texte dont la traduction n'est pas facile: "Je sais que mon rédempteur est vivant et qu'il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera. Quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu. Je le verrai et il me sera favorable. Mes yeux le verront et non ceux d'un autre. Mon âme languit au-dedans de moi" (Job 19:25-27). "Que tes morts vivent! Que mes cadavres se relèvent! Réveillez-vous et tressaillez de joie, habitants de la terre! Car ta rosée est une rosée vivifiante, et la terre redonnera le jour aux ombres", s'écrie le prophète (Isaïe 26:19). Daniel prophétise en ces termes: "Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte éternelle" (Daniel 12:2). De même Osée, en un texte que l'apôtre Paul reprendra en son temps: "Je les rachèterai de la puissance du séjour des morts, je les délivrerai de la mort. O mort, où est ta peste, séjour des morts, où est ta destruction" (Osée 13:14). Cf. encore la vision des ossements dans Ézéchiel 37:1-14.
La promesse de la victoire sur la mort culmine dans l'Ancien Testament dans cet oracle extraordinaire: "L’Éternel prépare à tous les peuples, sur cette montagne, un festin de mets succulents, un festin de vins vieux, de mets succulents, pleins de moelle, de vins vieux, clarifiés. Et sur cette montagne il anéantit le voile qui voile tous les peuples, la couverture qui couvre toutes les nations, et il anéantit la mort pour toujours" (Isaïe 26:6-8).
Sur ce point comme sur tant d'autres, le Nouveau Testament est encore beaucoup plus clair et plus précis que l'Ancien. C'est qu'il a plu à Dieu de se révéler progressivement et de lever en plusieurs phases le voile sur son plan de salut. Voici les principaux textes: "L'heure vient où ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement" (Jean 5:28.29). "La volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde rien de ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au denier jour. La volonté de mon Père, c'est que quiconque voit le Fils de Dieu et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour" (Jean 6:39.40). Les apôtres annonçaient "en la personne de Jésus la résurrection des morts" (Actes 4:1.2). C'est à cause de son espérance et de la "résurrection des morts" que Paul affirme être mis en jugement (Actes 23:6). "Dieu qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance" (1 Corinthiens 6:14). Christ ressuscité des morts "est les prémices de ceux qui sont morts" (1 Corinthiens 15:22). Et nous n'oublierons pas cette magnifique parole prononcée par le Seigneur au moment où il se rendit à la tombe de Lazare: "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais" (Jean 11:25.26). Cf. encore Luc 14:13.14; Actes 17:18; 24:14.15; 26:8; Romains 4:17; 8:11; 2 Corinthiens 4:13.14; 1 Thessaloniciens 4:14.16; Hébreux 11:19; Apocalypse 20:13.
Le lien entre l'oeuvre du Christ et la résurrection des croyants est évident. De même que la mort est le salaire du péché, de même la vie éternelle à laquelle on accède par la résurrection est le don gratuit de Dieu en Jésus-Christ (Romains 6:23). C'est en lui que nous est donnée la victoire (1 1 Corinthiens 15:54), car c'est lui qui "a détruit la mort et mis en évidence la vie et l'immortalité par l’Évangile" (2 Timothée 1:10). C'est par la foi en lui qu'on a part à sa vie (Jean 11:25.26). Sa résurrection est le fondement de la nôtre (1 Corinthiens 15:16.17), car elle établit qu'en lui nous sommes justifiés par la foi (Romains 4:25). Parce qu'il est ressuscité et qu'il intercède pour nous, personne ne peut nous condamner (Romains 8:34). Il est les "prémices" de ceux qui sont morts dans la foi, la première gerbe d'une moisson pour la vie éternelle (1 Corinthiens 15:20.22.23), le "premier-né d'entre les morts" (Colossiens 1:18).

Les modalités de la résurrection:

A l'inverse de ce que prétendent la plupart des théologiens actuels, la Bible enseigne avec toute la clarté voulue que la résurrection finale sera une résurrection corporelle. Jésus dit, et ce n'est pas une simple figure de style, que "les morts entendront la voix du Fils de Dieu", que "ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront" (Jean 5:25.28). Nous attendons selon Paul "la rédemption de notre corps", c'est-à-dire sa délivrance finale (Romains 8:23). "Si l'Esprit qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels" (Romains 8:11). Ailleurs, l'apôtre précise: "Il transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses" (Philippiens 3:21). Ce qui est semé dans la terre ressuscitera (1 Corinthiens 15:44). Quant à ceux qui seront vivants au jour de la résurrection, ils seront eux aussi "transformés" (1 Corinthiens 15:50).
Jésus-Christ ne donnera pas aux siens des corps nouveaux, des corps éthérés et spirituels, ce qui pour les théologiens modernes signifie immatériels, mais rendra la vie aux cadavres ensevelis sous terre et les glorifiera. C'est avec son corps matériel, mais glorifié, qu'il est monté au ciel. C'est avec des corps semblables au sien que les croyants ressusciteront et fêteront leur ascension. "Il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel" (1 Corinthiens 15:44). "Spirituel" ne veut pas dire immatériel, mais glorifié, soustrait au mode d'existence actuel, un corps qui, comme celui du Christ ressuscité, n'est plus assujetti aux lois de la nature. Un corps qui ne souffrira plus; en effet, "il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleurs, car les premières choses ont disparu" (Apocalypse 21:4). La question de savoir si Dieu est capable d'un tel miracle, capable de rassembler et de revivifier ce qui reste des cadavres des hommes ne se pose même pas pour un chrétien.
On a souvent opposé à la doctrine de la résurrection corporelle le texte suivant de l'apôtre Paul: "La chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu" (1 Corinthiens 15:50). Pourtant "la chair et le sang" du Christ l'ont hérité, à moins que, comme on le fait bien souvent, on ne nie sa résurrection corporelle et qu'on n'affirme que sa tombe n'était pas vide! En fait, dans ce texte l'expression "chair et sang" ne désigne pas le corps humain dans sa matérialité, avec ses composants chimiques, mais le corps humain dans sa condition actuelle, souillé et dénaturé par le péché, éphémère, mortel et corruptible. Il est évident que ce n'est pas avec un tel corps que les chrétiens ressusciteront.
Le corps de la résurrection sera incorruptible et immortel, définitivement soustrait au vieillissement et à la mort: "Le corps est semé corruptible, il ressuscite incorruptible... Il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité et que ce corps mortel revête l'immortalité. Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et que ce corps mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira la parole qui est écrite: La mort est engloutie dans la victoire" (1 Corinthiens 15:42.54). Ailleurs, la Bible dit de notre héritage qu'il ne peut "ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir" (1 Pierre 1:4).
Le corps de la résurrection sera revêtu de beauté, de clarté, de majesté et de gloire: "Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude comme les étoiles à toujours et à perpétuité" (Daniel 12:2; 1 Corinthiens 15:41). "Les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père", dit Jésus (Matthieu 13:43). Le corps "est semé méprisable, il ressuscite glorieux", conclut saint Paul (1 Corinthiens 15:43). Cette beauté et cette gloire échappent à toute description. C'est pourquoi la Bible, tentant de la décrire, ne peut le faire que négativement, quand elle dit qu'il n'y aura plus de larmes, ni de souffrances, ni de mort. Aussi n'avons-nous pas à spéculer sur ce qui n'est pas révélé ni à chercher des réponses aux questions auxquelles Dieu n'a pas voulu répondre. Leçon à la fois d'humilité et de confiance! Mais aussi une grandiose invitation à la persévérance, à l'espérance et à la joie.
La description que nous venons de donner du corps de la résurrection concerne bien évidemment le corps des chrétiens, et non celui des incroyants. Ces derniers ressusciteront pour le jugement et seront couverts de honte et de remords. Leur résurrection ne se fondera pas sur celle du Christ et ne sera pas une victoire sur la mort, mais le moyen de les faire comparaître devant leur Juge.

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).

Cultes en Avril!






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Prochains cultes du mois d'Avril:
Le 07-04-19: Culte du 5 e dimanche du carême (Judica ) à 10h30.-violet.
Le 14-04-19: Culte du 6° dimanche du Carême (Rameaux) à 10h30.-violet
Le 11-04-19: Jeudi Saint à 18h00.-violet.
Le 12-04-19: Vendredi Saint à 10h30-noir.

Le 21-04-19: Culte du dimanche Pâques à 10h30.-blanc. 

Le 28-04-19: Culte du 1er dimanche après Pâques (Quasimodo)  à 10h30.-blanc.
Au 05 Rue des Remparts 67170 Brumath Alsace
Venez nombreux écouter la parole de Dieu qui édifie et nous rends fort. 
Proche de la Gare SNCF (4 minutes de marche)

dimanche 24 mars 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIERES 03.

3. LES SIGNES DE LA FIN DES TEMPS
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Jésus-Christ est venu accomplir beaucoup de promesses faites aux croyants d'Israël, mais toutes ne le sont pas encore. Ils savaient en effet que le salut devait être annoncé aux païens qui entreraient dans le peuple de Dieu. Et surtout ils attendaient les nouveaux cieux et la nouvelle terre (Esaïe 11:6-9; 32:15; 35:1-7; 65:17; 66:22). L'eschatologie était en quelque sorte inaugurée avec la première venue du Christ. Elle ne sera achevée que lorsqu'il reviendra pour le jugement des vivants et des morts.
En effet, Jésus-Christ reviendra, à une date que personne ne connaît (Marc 13:32) et ne peut calculer (Actes 1:7), "comme un voleur dans la nuit" (1 Thessaloniciens 5:1). Il s'agit pour l'Eglise de veiller et de prier et d'être toujours prête pour son retour. Cependant il a donné aux siens des signes auxquels ils peuvent connaître que la fin est proche, et ces signes sont tels qu'elle peut survenir à tout moment.

Les principaux signes avant-coureurs de la fin des temps:

Ils sont de plusieurs sortes. Il s'agit tout d'abord de signes dans le domaine de la nature, "de guerres et de bruits de guerre" (Matthieu 24:6-8), de famines et d'épidémies (Ezéchiel 14:21), de tremblements de terre, d'ouragans et de tempêtes (Esaïe 29:6; Matthieu 24:7), d'étoiles qui tomberont du ciel (Matthieu 24:29.30). Mais, dit Jésus, "ce ne sera pas encore la fin... Tout cela ne sera que le commencement des douleurs" (Matthieu 24:6.8).
Puis il y a les signes d'ordre spirituel, l'immoralité (2 Timothée 3:1-5), l'impiété, les fausses doctrines et les hérésies (2 Timothée 4:3.4), l'apostasie et l'incrédulité générale. De faux christs et des esprits séducteurs viendront égarer les hommes (Matthieu 24:5.11.23-25; 1 Timothée 4:1.2). A ce sombre tableau il faut ajouter encore les persécutions dont souffriront les chrétiens (Matthieu 24:9; Apocalypse 20:7-9). Il n'y aura que peu de foi sur terre, quand le Fils de l'homme reviendra (Luc 18:8). Cependant Satan et le monde n'ont aucun pouvoir sur les élus (Matthieu 24:22.24), l'Eglise subsistera jusqu'à la fin des temps (Matthieu 16:18).
Enfin, la fin ne viendra que lorsque l’Évangile aura été prêché à toutes les nations: "Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin" (Matthieu 24:14). C'est que "le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient, mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance" (2 Pierre 3:9). Il a des élus parmi toutes les nations, aux quatre extrémités de la terre, qui doivent être rassemblés et conduits dans son Eglise pour parvenir au salut. Et comme il a décidé de faire cela par la prédication de l’Évangile, il faut que ce dernier parvienne jusqu'aux confins du monde. Alors la fin pourra venir, mais pas avant.

La doctrine des millénaristes:

Le millénialisme, du mot "millénium" qui désigne un règne de mille ans, a connu plusieurs formes dans l'histoire des dogmes. Il existe le postmillénialisme, affirmant qu'avant le retour du Christ pour le jugement l'Eglise connaîtra une sorte d'âge d'or où le monde l'estimera et, reconnaissant la suprématie de son message, lui accordera ses faveurs, où les hommes écouteront avec ardeur l'Evangile et se convertiront en masse. Le prémillénialisme enseigne, au contraire, que Jésus reviendra avant le millénium et précisément pour l'instaurer, après quoi viendra le jugement. Enfin, l'amillénialisme est la doctrine qui professe qu'il n'y aura pas d'âge d'or avant la fin du monde et que, lorsque Jésus-Christ reviendra, ce sera non pas pour régner sur terre, mais pour juger les vivants et les morts. Cette dernière doctrine est celle de l'Eglise luthérienne.
C'est du prémillénialisme, appelé quelquefois simplement millénialisme, qu'il sera question ici. Il est parfois associé à une doctrine appelée dispensationalisme qui soutient que l'histoire du monde se subdivise en sept dispensations différentes: l'état d'innocence avant la chute, la conscience ou responsabilité morale après la chute, le gouvernement humain instauré après le déluge, l'économie de la promesse (Abraham), la Loi (Sinaï), l'Eglise et enfin le Royaume (millénium). Il enseigne que le temps de l'Eglise est une parenthèse non prévue dans le plan divin, que les Juifs ayant rejeté le Christ, l'Evangile est annoncé aux païens. Mais Israël reste le peuple élu. Aussi y aura-t-il à la fin des temps, après l'entrée des païens dans l'Eglise, une conversion massive des Juifs, puis, à une date que tout le monde ignore, quand tous les élus se seront convertis au Seigneur, Jésus apparaîtra pour ressusciter les croyants morts et enlever son Eglise pour la conduire au ciel. Cet enlèvement sera instantané. Puis viendra la grande tribulation de trois ans et demi qui aura pour agent la trinité diabolique, Satan, l'Antichrist et le Faux-Prophète. L'Antichrist fera régner à Jérusalem et ailleurs l'abomination de la désolation et instaurera une dictature politique, économique et religieuse. Il y aura de terribles persécutions. Après quoi les peuples se révolteront contre lui (bataille d'Harmaguédon à laquelle participeront toutes les nations de la terre). Puis le Christ reviendra visiblement sur les nuées du ciel et instaurera un règne millénaire de paix, de joie et de bonheur, où il n'y aura ni souffrance ni maladie ni mort. Pendant ce temps, Satan sera lié, puis relâché pour un dernier soubresaut. Il attaquera Jérusalem, mais sera foudroyé par le Seigneur. Enfin viendra la deuxième résurrection, celle des incroyants, suivie du jugement final.
L'Eglise luthérienne ne souscrit pas à une telle représentation de la fin des temps, car elle ne lui paraît pas biblique. Les raisons sont les suivantes: La Bible ne parle par d'un enlèvement de l'Eglise avant la fin du monde. D'autre part, elle présente le règne du Christ comme un règne invisible, spirituel, caché dans les coeurs, et non politique et terrestre. Ensuite, l'Ecriture ne promet aucun âge d'or à l'Eglise, mais ne parle que de tribulations et de souffrances. Elle oriente l'espérance des croyants non sur une période de bonheur sur terre, mais sur la délivrance finale et la félicité céleste. D'ailleurs il n'y aura qu'un retour du Christ à la fin des temps et il ne ressuscitera pas les croyants avant le millénium, c'est-à-dire plus de mille ans avant le jugement, mais "au dernier jour", comme il le dit lui-même avec insistance (Jean 6:39.40.54; 11:24). Enfin, affirmer avec les millénialistes que le temple de Jérusalem sera reconstruit et qu'on y apportera à nouveau des sacrifices à Dieu, c'est retomber dans l'ancienne alliance et ignorer que le Christ est venu accomplir tout ce qui, dans cette alliance, préfigurait son oeuvre. Pour toutes ces raisons et d'autres encore, l'Eglise luthérienne rejette le millénialisme.
Cette doctrine se fonde sur un certain nombre de textes prophétiques qui parlent d'une paix paradisiaque à la fin des temps, d'une époque où les armes de guerre seront transformées en outils agricoles, et où le loup paîtra en compagnie de l'agneau (Esaïe 2:2-4; 11:6-9; 65:17-25; Zacharie 8:20-23). Elle se fonde plus particulièrement sur Apocalypse 20:1-15 qui affirme que Satan sera lié et que les croyants reviendront à la vie et régneront avec Christ pendant mille ans. Après cela, aura lieu de jugement et les impies seront jetés dans l'étang de feu et connaîtront la deuxième mort.
Cette thèse appelle les remarques suivantes: Le texte en question ne dit en rien que le règne inauguré par le Christ avec les siens aura lieu sur terre. Il est évident d'autre part que le nombre 1000 a, comme la plupart des nombres de l'Apocalypse, une signification symbolique et désigne le temps de Dieu, c'est-à-dire l'éternité. Les croyants y entrent en fait dès leur conversion, puisqu'ils sont "passés de la mort à la vie" (Jean 5:24), qu'ils ont vaincu la mort dès maintenant, ont été "rendus à la vie avec Christ" et sont "ressuscités" avec lui par la foi (Ephésiens 2:5.6). Ils ont eu dès maintenant "part à la première résurrection" et "la seconde mort n'aura point de pouvoir sur eux" (Apocalypse 20:6). Quant à Satan, il est lié depuis longtemps, depuis que "le Fils de Dieu a paru afin de détruire les oeuvres du diable" (1 Jean 3:8), que "le prince de ce monde est jugé" (Jean 126:11), que Jésus "a dépouillé les dominations et les autorités et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix" (Colossiens 2:15).
Le millénialisme enseigne aussi le retour d'Israël en Palestine, pays qui est dit lui appartenir de droit divin jusqu'à la fin des temps, et la conversion massive des Juifs fondée sur ce que l'apôtre Paul enseigne dans l'épître aux Romains: "Une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé" (Romains 11:25-27). Le texte dit bien "ainsi", et non "alors". Il n'y aura pas de conversion des Juifs à la suite de celle des païens. "Tout Israël" sera sauvé, dit-on. Mais c'est oublier que l'apôtre vient aussi de dire que la "totalité des païens" entrera dans l'Eglise. Or il ne peut s'agir que de la totalité des élus parmi les païens, car la Bible n'enseigne pas le salut final de toute l'humanité. L'expression "tout Israël" ne peut donc, elle aussi, désigner que les élus en Israël et non la totalité ni même la grande majorité des Juifs. L'Eglise luthérienne enseigne que Dieu a des élus parmi tous les peuples, y compris Israël, et que tous ces élus seront appelés au salut et conduits par la foi en Christ dans la vie éternelle. Mais comme il y a, en Israël comme chez les païens, "beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" (Matthieu 22:14), les Juifs seront à la fin des temps aussi rares à se convertir que les païens.
Le tableau que le Christ et les apôtres brossent de la fin des temps, de la situation dans laquelle se trouvera le monde et du sort que connaîtra l'Eglise chrétienne, nous oblige à affirmer que le millénialisme est un faux rêve et une illusion dangereuse, distillant une fausse espérance au lieu d'orienter les regards des croyants sur des joies qu'ils ne connaîtront que dans le ciel. Il méconnaît enfin le lien étroit entre l'ancienne et la nouvelle alliance.

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).

dimanche 17 mars 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIERES 02.

2. L'ETAT DES DÉFUNTS ENTRE LA MORT ET LA RÉSURRECTION
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C'est une question qui a donné lieu à bien des doctrines divergentes et contradictoires, depuis la négation de l'immortalité de l'âme jusqu'à la théorie du sommeil de l'âme, en passant par l'affirmation de la possibilité d'une conversion après la mort, sans parler du purgatoire et des limbes du dogme catholique.
On affirme que l'Ancien et le Nouveau Testaments parlent d'un "séjour des morts" où les défunts attendent que Dieu dans son jugement statue sur leur sort. En attendant, ils sont morts et n'expérimentent ni joie ni souffrance. Il est vrai que la Bible parle d'un "scheol" en hébreu et d'un "hadès" en grec qui est le lieu où se rendent tous les hommes, bons et méchants (Genèse 37:35; 44:29; Job 10:21.22; 26:5.6; Psaume 88:4; 89:49, etc.). Parfois le terme désigne tout simplement la tombe (Job 14:13; 17:13.14; Psaume 141:7; Esaïe 38:18; Ezéchiel 31:15.16). Mais d'autres fois il dénote aussi un lieu où sont châtiés les impies: "Le feu de ma colère s'est allumé et il brûlera jusqu'au fond du séjour des morts" (Deutéronome 32:22). "Pour le sage, le sentier de la vie mène en haut, afin qu'il se détourne du séjour des morts" (Proverbes 15:24). Salomon donne à tout père ce conseil concernant son fils: "En le frappant de la verge, tu délivreras son âme du séjour des morts" (Proverbes 23:14). De même dans le Nouveau Testament, Jésus déclare que Caperna[ sera abaissé en raison de son impénitence "jusqu'au séjour des morts" (Matthieu 11:23), que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre son Eglise (Matthieu 16:18, texte où il faudrait manifestement traduire le terme par "enfer", un mot que la Bible de Segond ne connaît pas!). Le mauvais riche "était en proie aux tourments" et souffrait cruellement dans le séjour des morts qui n'est autre que l'enfer (Luc 16:22.23). Dans d'autres textes, "mort" et "séjour des morts" sont clairement distingués l'un de l'autre (Apocalypse 1:8; 6:8).

L'enseignement de la Bible:

Il es vrai que l'Ecriture Sainte n'entre guère dans les détails, quand elle parle de l'état qui se situe entre la mort et la résurrection. Elle est beaucoup plus prolixe dans la description du sort des incroyants et des croyants après le jugement. L'annonce de la résurrection, du jugement et du destin éternel des hommes est pour elle plus importante que la représentation de l'état dit intermédiaire. Cependant ce qu'elle dit est suffisamment clair pour qu'il ne plane pas de doute à ce sujet. Jésus enseigne que les patriarches décédés dans la foi continuent de vivre: "Dieu vous a dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (Matthieu 22:31.32). Quand il mourut, le pauvre Lazare fut "porté par les anges dans le sein d'Abraham" où il fut "consolé", tandis que le mauvais riche alla dans l'hadès, un lieu où il endura des souffrances et qui n'est autre que l'enfer (Luc 16:22-25). Et cela, comme le précise le texte, du vivant de ses frères. Il est vrai qu'il s'agit d'une parabole, mais d'une parabole du Christ dont on ne peut pas supprimer ces affirmations essentielles. L'apôtre Paul exprime le désir de s'en aller pour être "avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur" (Philippiens 1:23). Jésus et Etienne remirent leur esprit entre les mains du Père (Luc 23:36; Actes 7:59). Hébreux 12:22.23 parle des "esprits des justes parvenus à la perfection". Jean le visionnaire vit "sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu" implorant Dieu de les venger (Apocalypse 6:9-11). "Heureux dès à présent, est-il dit dans une autre vision, les morts qui meurent dans le Seigneur", car ils "se reposent de leurs travaux et leurs oeuvres les suivent" (Apocalypse 14:13). Dans un texte déjà cité, l'apôtre parle de "quitter ce corps et de demeurer auprès du Seigneur" (2 Corinthiens 5:8). Enfin, le Christ promit au larron repentant: "Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis" (Luc 23:43).
Voilà ce qu'enseigne la Bible. Il s'ensuit qu'elle conçoit la mort comme la séparation momentanée de l'âme et du corps. Elle conduit le croyant "dans le paradis", "auprès du Seigneur", en un lieu où il est heureux et consolé, et l'incroyant dans un lieu de souffrances et de remords. Il est donc faux de nier la survie après la mort, en prétendant qu'il s'agit d'une idée étrangère à la Bible, d'origine philosophique, gnostique ou autre, et d'affirmer que l'homme meurt tout entier et qu'entre sa mort et la résurrection il ne se passe rien. Il est inexact aussi de parler d'un sommeil de l'âme. S'il arrive à la Bible de dire que les croyants décédés dorment ou sommeillent (Matthieu 9:24; Jean 11:11; 1 Thessaloniciens 4:13), elle dit les choses comme on les voit et décrit l'état des cadavres. Ils semblent dormir effectivement, en attendant d'être réanimés et de sortir de leurs tombes.
En ce qui concerne la doctrine catholique du purgatoire et celle des limbes, elle n'a aucun support biblique et découle logiquement de la doctrine de la justification qui a cours dans cette Eglise. Si le croyant est progressivement justifié par sa transformation intérieure et qu'il participe à sa justification par ses dispositions et ses oeuvres, il n'atteint pas le degré de perfection exigible pour paraître devant Dieu et doit donc se purifier et finir d'expier ses fautes dans un lieu transitoire, avant d'accéder au salut éternel. Seule la doctrine biblique du pardon des péchés et de la justification par l'imputation au croyant de la justice parfaite du Christ affirme qu'il est habilité à se tenir devant son Seigneur, parce que déclaré parfaitement juste et dispensé de toute expiation personnelle et de toute autorédemption.
Une autre erreur extrêmement grave consiste à fonder sur l'affirmation biblique de la descente du Christ en enfer (1 Pierre 3:18-20) la conviction qu'il existe dans l'au-delà une possibilité de repentance et de conversion pour ceux qui n'ont pas voulu ou n'ont pas pu rencontrer le Christ de leur vivant.
Enfin, l'Eglise luthérienne rejette à juste titre la doctrine de l'annihilation selon laquelle Dieu détruira et anéantira l'incroyant dans son jugement. C'est ce qu'enseignent en particulier les Témoins de Jéhovah. Une variante de cette doctrine, appelée doctrine de l'immortalité conditionnelle, soutient que l'immortalité est un don que Dieu fait aux croyants et auquel, par conséquent, les incrédules ne participent pas.

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).

dimanche 10 mars 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIÈRES 01.

Il s'agit du dernier grand chapitre de la dogmatique, appelé encore eschatologie, d'un mot grec qui signifie précisément "choses dernières". C'est la doctrine qui concerne l'avenir de l'homme et du monde, non pas une sorte de science-fiction, de futurologie basée sur l'intuition de ce qui pourrait arriver un jour, mais un enseignement fondé sur la révélation divine dans la Bible.
Cette doctrine traduit une espérance très simple: la conviction que le Seigneur ressuscité et exalté, présent dans son Eglise et la bénissant par sa Parole et les sacrements, accomplira tout ce qu'il a prédit au sujet de la fin des temps et qu'en particulier il donnera aux siens part à sa victoire éternelle. Il sera question successivement de la mort, de l'état intermédiaire entre la mort et la résurrection, des signes de la fin des temps, de la résurrection des morts, de la fin du monde, du jugement, de la damnation et de la vie éternelles.
Rappelons, mais sans entrer dans les détails, la question ayant déjà été étudiée dans la doctrine de la l'homme, que celui-ci est constitué d'une âme et d'un corps, ou plutôt qu'il est âme et corps. La Bible n'oppose pas les deux concepts, comme le faisait la philosophie grecque et comme le font de nos jours les philosophies et religions orientales. Elle ne dit pas par exemple que l'âme est bonne, mais que le corps est mauvais parce qu'il est matière, qu'il constitue une sorte de prison pour l'âme qui ne sera vraiment heureuse que lorsqu'elle n'aura plus à s'incarner. L'homme a été tout entier créé bon, mais le péché l'a rendu tout entier mauvais. Il est corrompu dans son corps et dans son âme. Mais il a été aussi tout entier racheté et est appelé à un salut total. Le christianisme enseigne cette vérité unique en son genre, que tous les morts ressusciteront un jour. De cette certitude découle toute une attitude envers le corps. Le croyant ne se sent pas appelé à le mépriser ou le maltraiter, mais le perçoit et l'honore comme un don de Dieu, et même comme un membre du Christ (1 Corinthiens 6:15) et le temple du Saint-Esprit (1 Corinthiens 6:19).


1. LA MORT

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Qu'est-ce que la mort?

La mort est par définition absence de vie. Le terme a dans l'Ecriture Sainte divers sens qui correspondent aux différents sens du mot "vie". Dans un sens figuré, il désigne l'absence de vie spirituelle. La mort spirituelle est l'aliénation de l'homme, sa corruption naturelle, le fait qu'il est prisonnier de son péché et incapable de s'en délivrer. L'apôtre Paul écrit aux anciens païens qu'étaient les chrétiens d’Éphèse: "Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés... Nous qui étions morts par nos offenses, il nous a rendus à la vie avec Christ... Il nous a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ" (Éphésiens 2:1.5.6). Les païens "ont l'intelligence obscurcie, sont étrangers à la vie de Dieu" (Éphésiens 4:18). Inversement, Jésus pouvait dire: "Celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie" (Jean 5:24).
Au sens le plus ordinaire du terme, le mot "mort" désigne la mort naturelle et physique dont la Bible dit qu'elle est "le salaire du péché" (Romains 6:23). Elle est la séparation de l'âme et du corps. "Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme, disait Jésus. Craignez plutôt celui qui peut faire périr le corps et l'âme dans la géhenne" (Matthieu 10:28). Nous n'avons pas à craindre les hommes, car s'il est vrai qu'ils peuvent nous tuer, ils n'ont pas de pouvoir sur notre âme. Quand l'homme meurt, "la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné" (Ecclésiaste 12:9). La Bible dit d'un homme qui vit que "son âme est en lui" (Actes 20:10), d'un mourant qu'il rend l'âme ou l'esprit (Matthieu 27:50; Luc 23:46; Jean 19:30) ou que son âme lui est redemandée (Luc 12:20), et de quelqu'un qui ressuscite que son âme ou son esprit revient en lui (1 Rois 17:21.22; Luc 8:55). Il est vrai que dans beaucoup de textes, le mot traduit par "âme" pourrait tout aussi bien être rendu par "vie". Mais ce n'est pas le cas du mot "esprit".
L'épître aux Hébreux déclare que les esprits des justes sont "parvenus à la perfection" (Hébreux 12:23). C'est donc qu'ils survivent à leur mort. L'apôtre Paul exprime l'espérance des chrétiens en ces termes: "Nous sommes toujours pleins de confiance et nous savons qu'en demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur... Nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur. C'est pour cela aussi que nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions" (2 Corinthiens 5:6.8.9). Pour Pierre, demeurer ici-bas, c'est vivre "dans cette tente" (2 Pierre 1:13), ce qui implique qu'en quittant le monde on sort de cette tente pour aller vivre ailleurs. La parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare affirme qu'en mourant, le premier alla dans un "lieu de tourments" et le second dans "le sein d'Abraham". L'un connut la souffrance et l'autre fut consolé (Luc 19:16-31). Cf. encore Luc 23:43; Actes 1:25; Apocalypse 6:9, etc.
Enfin, le mot "mort" désigne la condamnation éternelle. La Bible appelle cela la "seconde mort" (Apocalypse 2:11; 20:6.14).

Pourquoi l'homme meurt-il?

Il ne meurt pas parce qu'il est matière. En créant le monde, Dieu n'a pas créé la mort. Celle-ci vient d'ailleurs. On distingue en théologie entre les causes principales et les causes secondaires ou intermédiaires. Ces dernières sont visibles, elles tombent sous les sens. Ce sont les maladies, le vieillissement, les accidents et catastrophes de toutes sortes. Ces causes secondaires n'existeraient pas s'il n'y avait pas à la mort des causes principales. Il s'agit du péché et de la colère divine.
La mort est la conséquence du péché: "Le jour où tu en mangeras, tu mourras" (Genèse 2:17). "Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi la mort s'est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché... Le péché a régné par la mort" (Romains 5:12.15.17.18). "Tous meurent an Adam" (1 Corinthiens 15:22). "L'aiguillon de la mort, c'est le péché, et la puissance du péché, c'est la loi" (1 Corinthiens 15:56). Cf. encore Psaume 90:7.8; Jacques 1:15.
Il est évident que le péché n'entraînerait pas la mort, si Dieu ne le réprouvait et ne le châtiait pas dans sa colère. "Le sol sera maudit à cause de toi", dit-il à Adam après la chute, lui annonçant en même temps qu'il retournerait à la poussière d'où il avait été tiré (Gen 3:17-19). Sa sainte Loi en effet le dénonce et le condamne et maudit celui qui l'a commis: "Nous sommes consumés par ta colère, et ta fureur nous épouvante. Tu mets devant toi nos iniquités, et à la lumière de ta face nos fautes cachées. Tous nos jours disparaissent par ton courroux", gémit Moïse en voyant les Israélites mourir dans le désert (Psaume 90:7.8). "La puissance du péché, c'est la loi", précise l'apôtre Paul (1 Corinthiens 15:56). Cf. encore Genèse 38:7; 1 Samuel 2:6.25; Psaume 90:3; Lamentations 3:37; Amos 3:6; Apocalypse 6:8; 16:7.
Enfin, Satan est "meurtrier dès le commencement" (Jean 8:44). Il est "l'accusateur de nos frères" qui veut les faire périr (Apocalypse 12:10). Il est celui qui a "la puissance de la mort" et que le Christ est venu anéantir (Hébreux 2:14). C'est la mort et la condamnation d'Adam et d’Ève qu'il voulait, lorsqu'il les tenta dans le jardin d'Eden. C'est la mort et la condamnation des croyants qu'il veut, quand il les tente au péché et à l'incrédulité et les accuse devant le trône de Dieu. Job en est un exemple éloquent.

La mort dans l'enseignement de l'Eglise:


La mission principale de l'Eglise est de prêcher l’Évangile de la grâce et du salut en Jésus-Christ, pour inciter les hommes à se convertir et à vivre à la gloire de Dieu et les préparer à la mort et au jugement. Il faut donc qu'elle parle de la mort, et pas seulement quand elle enterre ses membres. Il faut rappeler aux hommes qu'elle est le salaire du péché, qu'ils ne meurent pas parce qu'ils sont matière, mais parce que le jugement divin pèse sur eux. Il faut leur rappeler que la science a permis de prolonger la vie de l'homme, de reculer l'échéance, mais qu'elle ne délivre pas de la mort. Il est bon de souligner aussi que tous ne meurent pas de la même façon, qu'il est des morts cruelles et des morts douces, des morts sans combat et des agonies sans fin, des morts prévisibles et des morts subites. Dieu seul sait pourquoi un homme meurt de telle ou telle façon, et c'est lui qui dans sa sagesse réserve à chacun la mort qui est la sienne. Aussi n'est-il pas permis de se fonder sur la mort qui a été réservée à un homme pour porter un jugement sur ce qu'a été son existence. Ensuite, force est de constater que les chrétiens meurent comme les autres, et cela bien que la mort soit détruite et que la vie et l'immortalité soient là pour tous ceux qui croient en L’Évangile (2 Timothée 1:10). L'apôtre Paul s'exclame: "O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon? L'aiguillon de la mort, c'est le péché, et la puissance du péché, c'est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ" (1 Corinthiens 15:55-57). Il n'y a plus de colère divine ni de châtiment du péché pour le croyant. Dieu ne punit plus pour les péchés qu'il a pardonnés. Mais il a jugé bon de ne pas supprimer la mort au terme de la vie des croyants. C'est quelque chose dont ils ont encore besoin pour rester humbles devant leur Créateur et savoir d'où ils viennent et où le Seigneur les conduit en Jésus-Christ. Quels que soient son âge et sa santé, le croyant doit demander à Dieu la force et la sagesse de se préparer à cette issue, la grâce d'une mort chrétienne, confiante, paisible et douce. L’Évangile en effet offre une puissante consolation à l'heure de la mort, la certitude de la victoire et du salut éternel. C'est en lui que le croyant trouve le secours dont il a besoin à l'heure du dernier combat. La mort, qui est une invitation à l'humilité et à la confiance en Dieu, est enfin un avertissement contre la cupidité et l'attachement aux biens de ce monde. "Nous n'avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n'en pouvons rien emporter. Si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira" (1 Timothée 6:7.8).


(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).

dimanche 3 mars 2019

Méditation de la semaine:LA DOCTRINE DE L'EGLISE suite et fin.

2. LE 
MINISTÈRE
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Le sacerdoce universel des croyants:

Dans Lévitique 8, il est demandé à Moïse de consacrer Aaron et ses fils comme prêtres ou sacrificateurs. Ils devaient tenir lieu d'intermédiaires entre Dieu et le peuple. Chaque jour ils présentaient des sacrifices pour le pardon des péchés du peuple, et le grand jour des expiations, le souverain sacrificateur pénétrait dans le Saint des saints avec le sang des victimes, pour le pardon de ses péchés et ceux du peuple (Lévitique 16).
Cette fonction n'existe plus, car ces sacrifices étaient la préfiguration de celui que Jésus devait apporter en son temps. Le Christ seul, qui nous a rachetés par son sang, est notre prêtre (Hébreux 2:17; 9:12; 10:14). Il a obtenu pour les pécheurs un libre accès au trône de la grâce, si bien qu'il est, comme la Bible ne cesse de le répéter, le seul intermédiaire ou médiateur entre le Seigneur et eux (1 Timothée 2:5; Hébreux 8:6; 9:15; 12:24).
L'Ecriture Sainte va encore plus loin. Elle affirme que tous les croyants sont des sacrificateurs devant Dieu: "Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d'offrir des victimes spirituelles agréables à Dieu, par Jésus-Christ... Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière" (1 Pierre 2:5.9). Jésus a fait de nous "un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu" (Apocalypse 1:5.6; 5:10). Les croyants sont ainsi les prêtres de la nouvelle alliance. Il sont invités à apporter à Dieu les sacrifices de leur obéissance, les offrandes de leurs prières et l'hommage de leur adoration (Romains 6:13; 12:1; 15:16; Psaume 51:19; 1 Corinthiens 3:21-23; Hébreux 13:16).
Jésus-Christ a même confié à son Eglise et donc à chacun de ses membres ce qu'on appelle le pouvoir des clés, qui consiste à pardonner les péchés aux pécheurs pénitents et à les retenir aux impénitents aussi longtemps qu'ils ne s'en repentent pas (Martin Luther, Petit Catéchisme). Il a donné les "clés du Royaume" à l'apôtre Pierre (Matthieu 16:19), puis à tous les disciples en leur disant: "Recevez le Saint-Esprit. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jean 20:22.23). Il a aussi affirmé qu'en liant et déliant les péchés, l'Eglise agissait en son nom (Matthieu 18:17-20).
Tous les croyants ont un libre accès au trône de la grâce, apportent à Dieu leurs sacrifices et leurs offrandes, sont ses témoins dans le monde, publient ses hauts faits, annoncent le pardon du Christ à ceux qui le cherchent, consolent, reprennent, exhortent et encouragent. Il s'entraident sur le chemin de la foi et prient les uns pour les autres, ainsi que pour le monde. Cependant, tous ne sont pas appelés à prêcher, à baptiser et à distribuer la Sainte Cène.

Le ministère de la Parole et des sacrements:

Le monde a besoin de la Parole de Dieu et des sacrements pour découvrir le Christ et trouver par la foi en son nom le pardon et le salut, et l'Eglise en a besoin pour s'édifier dans la foi et la piété. "Comment invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru? Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler, s'il n'y a personne qui prêche? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés?... La foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ" (Romains 10:14.15.17). Voilà pourquoi le Seigneur a institué le ministère de la Parole et des sacrements et pourquoi il le confie à certains hommes dans l'Eglise.
Jésus dit aux apôtres: "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Matthieu 28:19). "Prêchez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira point sera condamné" (Marc 16:15.16). L'apôtre Paul déclare que pour croire il faut entendre l’Évangile. Pour cela, il faut qu'il soit prêché, et pour qu'il le soit, il faut que des hommes soient envoyés (Romains 10:14.15). Il reconnaît aussi que les prédicateurs de l’Évangile comme lui sont des "ambassadeurs de Dieu" qui exercent le ministère de la réconciliation (2 Corinthiens 5:19.20).
Il y avait dans l'Eglise de l'époque des apôtres. Ils étaient au nombre de douze, auxquels vint s'ajouter Paul. Directement appelés par le Christ, ils avaient été les témoins de tout ce qu'il avait dit et fait, notamment de sa résurrection, et furent chargés d'évangéliser le monde de l'époque et de fonder l'Eglise (Matthieu 28:18-20; Marc 16:15.16; Actes 1:15-26; 9:1 ss.; 26:9-18).
Il y avait aussi des prophètes, autres que ceux de l'ancienne alliance, mais qui, au moins par moments, avaient comme eux le don de prédire l'avenir et de prêcher la Parole de Dieu (Actes 11:28; 21:10.11; 1 Corinthiens 14:1.29; 1 Thessaloniciens 5:20.21), ainsi que des évangélistes (Actes 21:8; 2 Timothée 4:5; Ephésiens 4:11).
Par ailleurs, les apôtres s'entourèrent d'aides et de collaborateurs, appelés anciens ou évêques, docteurs et pasteurs (1 Timothée 3:1-7; Tite 1:5-9; Actes 20:17-38). Ces hommes étaient chargés d'exercer le ministère dans les Eglises locales et secondés, à leur tour, par des diacres (Actes 6:1-8; Philippiens 1:1; 1 Timothée 3:8-13).
Tous ces prédicateurs étaient établis dans leur ministère par le Christ ou Dieu: "Christ a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints, en vue de l'oeuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ" (Ephésiens 4:11). "Dieu a établi dans l'Eglise premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs..." (1 Corinthiens 12:28).
Les apôtres avaient été directement choisis et envoyés dans le monde par Jésus. Les quelques prophètes qui agissaient dans l'Eglise de l'époque ont sans doute été reconnus comme tels en raison des dons qui étaient les leurs. Quant aux anciens ou évêques, ils furent mis en place dans l'Eglise par l'Eglise elle-même, sur recommandation des apôtres, ou inversement par les apôtres ou leurs collaborateurs avec le consentement de l'Eglise (Actes 14:23; Tite 1:5). Cf. aussi le récit de l'élection des diacres de Jérusalem, Actes 6:1-8. Mais tous ceux parmi eux qui prêchaient la Parole étaient investis du ministère institué par le Christ. Paul le reconnaît, quand il demande aux anciens d'Ephèse de prendre garde au troupeau sur lequel le Saint-Esprit les a établis évêques (Actes 20:28). L'Eglise luthérienne enseigne donc que personne ne doit exercer de ministère dans l'Eglise, s'il n'a pas été dûment appelé à cela (Confession d'Augsbourg, Article XIV).
Pour être aussi efficace que possible dans l'évangélisation du monde et l'édification de ses fidèles, et pour répondre à tous ses besoins, l'Eglise a tout intérêt à diversifier ses ministères et à répartir les tâches, comme elle l'avait fait à l'époque des apôtres.
L'Eglise catholique enseigne qu'il existe plusieurs ministères institués par le Christ et a instauré parmi eux une hiérarchie dite d'origine divine. Elle distingue notamment entre évêque, prêtre et diacre. Seul l'évêque est dit compétent pour consacrer d'autres prêtres. L'Eglise luthérienne enseigne, au contraire, qu'il n'y a qu'un ministère divinement institué dans l'Eglise, celui qui consiste à annoncer l’Évangile et à administrer les sacrements (Confession d'Augsbourg, Article V). Ce sont la tradition et des raisons pratiques qui font que les responsables nommés pour diriger l'Eglise s'appellent tantôt évêques, tantôt présidents et tantôt inspecteurs ecclésiastiques, et qu'il sont nommés à vie ou au contraire pour un mandat limité dans le temps. La distinction faite entre le ministère pastoral et celui de l'évêque est une disposition humaine qui peut être abolie. Il n'y a pas de hiérarchie divinement instituée, et Jésus-Christ est par ailleurs le seul chef de l'Eglise.
Quant à la succession apostolique, qui est dite avoir lieu par une imposition des mains remontant jusqu'aux apôtres qui, eux, l'auraient reçue du Christ, il est des Eglises qui la considèrent comme vitale et indispensable. Les Luthériens estiment qu'elle ne se fonde pas sur une ordonnance divine, qu'elle est historiquement fort douteuse, qu'elle ne fait pas partie de l'essence de l'Eglise et que la vraie succession apostolique de celle-ci consiste dans la fidélité à l'enseignement des apôtres.
La vocation au ministère pastoral a lieu dans l'Eglise luthérienne par l'Eglise locale, donc l'assemblée des fidèles, en consultation avec les responsables du Synode. Quant à l'ordination au ministère et à l'installation dans le champ de travail, elles sont de la compétence des ministres qui imposent les mains à leur frère et invoquent sur lui les bénédictions divines.
L'ordination qui n'est pas d'institution divine, mais que l'Eglise apostolique a pratiquée en l'empruntant au judaïsme de l'époque, est un acte liturgique qui revêt les significations suivantes: 1) Il est l'attestation officielle que le candidat a été reconnu par les instances de l'Eglise comme qualifié pour le ministère pastoral. 2) Il atteste qu'il a été légitimement et régulièrement appelé au ministère. 3) Il est le lieu où le candidat promet solennellement qu'il exercera son ministère dans la fidélité à la Parole de Dieu et à l'enseignement des Confessions luthériennes. 4) Il consiste à imposer les mains au nouveau pasteur, en invoquant le Seigneur en sa faveur et en implorant sur lui ses bénédictions.
Il est des Eglises luthériennes de type épiscopalien qui assimilent l'ordination, en tant qu'acte accompli par le clergé, à l'établissement dans le ministère, définitif et illimité dans le temps, et définissent l'installation, qui est affaire à la fois du clergé et de l'Eglise, comme l'acte identifiant, à un moment donné de sa carrière, le champ d'action d'un pasteur. D'autres Eglises luthériennes, dont la nôtre, n'ordonnent un candidat au ministère que lorsqu'il a reçu sa première vocation, et font coïncider l'ordination avec l'installation dans la première paroisse, confessant ainsi que c'est en devenant ministre d'une Eglise locale qu'on devient ministre de l'Eglise universelle.

La place et le rôle du chrétien dans l'Eglise:

La Bible enseigne que la vie du chrétien est un service permanent qu'il rend à Dieu dans l'Eglise et dans le monde. Dans l'Eglise en particulier, tous les croyants sont appelés à se mettre au service les uns des autres, sans aspirer à des positions d'honneur (Luc 22:26.27). D'autre part, le Nouveau Testament présente l'Eglise chrétienne, universelle et locale, comme le corps du Christ dans lequel tous les membres sont solidaires les uns des autres (Romains 12:4-8; 1 Corinthiens 12:12-31). Il y occupent une place et y jouent un rôle qui sont tributaires des dons reçus du Seigneur. L'Eglise ne peut vraiment s'épanouir que si chaque croyant en est une pierre et un membre vivant, demandant à Dieu de sanctifier les dons qu'il lui a plu de lui accorder et les utilisant à sa gloire et pour le bien-être de son peuple. C'est la vision organique de l'Eglise. L'étude de cette question relève de ce qu'on appelle en anglais le "stewardship". Cf. le chapitre sur les dons dans l'Eglise, leur pluralité, leur diversité, leur complémentarité, leur unité, leur interdépendance et la souveraineté de Dieu dans leur attribution, in W. Kreiss, Pierres vivantes et gérants fidèles, C.E.T., 1992.

La mission de l'Eglise:

Etant dans le monde, mais pas du monde (Jean 17:6-19), l'Eglise chrétienne a une double tâche. Elle doit baptiser et enseigner, instruire dans la foi ses enfants et ses adultes pour qu'ils deviennent des chrétiens engagés et fidèles. Mais elle doit aussi faire de la mission. Jésus-Christ lui en a donné l'ordre explicite. Cette obligation résulte du fait que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se repente et vive, et d'autre part de ce que le Christ est mort pour tous les hommes et les a tous rachetés. Aussi sont-ils tous appelés à le connaître. La repentance et le pardon des péchés doivent être "prêchés en son nom à toutes les nations" (Luc 24:47). L'Eglise chrétienne doit tenter de s'implanter partout par la prédication de l’Évangile et l'administration des sacrements. Et partout où elle s'est implantée, elle doit s'efforcer de devenir dans les meilleurs délais indépendante, autonome et responsable de son expansion. Deux tiers du monde n'ont pas encore été vraiment évangélisés. D'autre part, les pays traditionnellement chrétiens ont cessé de l'être et ont plus que jamais besoin de l'Evangile.

La mission de l'Eglise ne consiste pas dans la transformation du monde. Le Christ ne propose pas au monde un programme social destiné à surmonter les injustices, réaliser l'équité, le bien-être et la paix. Il ne plaide pas pour l'instauration dans les peuples de valeurs morales et d'un ordre meilleurs. L'action de l'Eglise ne se situe pas au niveau social ou moral. Son devoir n'est pas de changer le monde, mais de l'appeler à la repentance. "Sauvez-vous de cette génération perverse", prêchaient les apôtres (Actes 2:40). Les chrétiens savent qu'avant le retour de Jésus-Christ il n'y aura pas chez les hommes de société correspondant à la volonté de Dieu. D'autre part, le tableau que Jésus et les apôtres brossent du monde dans les derniers temps ne laisse pas espérer d'amélioration et ne nous autorise pas à croire que l'Eglise pourra l'influencer par les valeurs qu'elle prône.
L'Eglise chrétienne n'a pas à influencer le monde, mais à le gagner pour le Christ. Ce n'est que de cette façon qu'il peut changer. Il faut aux hommes un autre coeur pour devenir meilleurs, et ce coeur, seul le Saint-Esprit peut le leur donner par la prédication de l’Évangile qui régénère, renouvelle et sanctifie. Lorsque l'Eglise chrétienne est solidement implantée dans un pays, elle influence la société, la marque de son empreinte. C'est ainsi que naît une culture chrétienne. L'implantation d'une telle culture cependant n'est pas la mission propre de l'Eglise. Elle est par contre un beau fruit de la proclamation de l’Évangile du salut. Il ne s'agit donc pas d'inviter les hommes à penser et agir chrétiennement, tout en les laissant dans leur incrédulité, mais de prêcher la repentance et la foi en Jésus-Christ, de faire d'eux des chrétiens qui ensuite, tout naturellement, penseront et agiront en chrétiens.
L'Eglise chrétienne doit aussi faire de la mission, parce que selon l'enseignement de la Bible il n'y a de salut qu'en Jésus-Christ et qu'aucun autre nom n'a été donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés (Actes 4:12). Il est seul "le chemin, la vérité et la vie" et nul ne vient au Père que par lui (Jean 14:6). Le christianisme prétend être la seule religion vraie qui puisse sauver l'homme. Prétention inouïe qui soulève bien des protestations et que même beaucoup de théologiens et de chrétiens récusent. Il est de bon ton aujourd'hui de professer que Dieu peut se servir aussi d'autres religions pour sauver les hommes, que le Christ est caché aussi dans d'autres croyances, qu'on peut être sauvé par Jésus sans le connaître, en suivant les lumières dont on dispose. D'où le mot d'ordre: "Dialoguons avec les représentants des autres religions, mais n'essayons pas de les convertir!"
Ce n'est pas là du tout l'enseignement de la Bible. Les prophètes de l'ancienne alliance et les apôtres de l'alliance nouvelle n'ont en rien pactisé avec les dieux des nations ou célébré des cultes communs avec les païens (1 Rois 18; Actes 14:11-15; 19:27). L’Évangile cesse d'être source de vie, même pour l'Eglise, si elle n'a pas le courage de dire qu'il est la vérité chargée de conquérir le monde entier et de dissiper les ténèbres de l'erreur. Faire oeuvre sociale au nom du Christ, construire par amour pour Dieu et pour le prochain des écoles et des hôpitaux, soulager la souffrance dans le monde, exercer la miséricorde est une belle et noble façon de servir le Seigneur. Mais la mission proprement dite qui a été confiée à l'Eglise et qu'elle est absolument seule à pouvoir mener à bien, est l'annonce de la Parole de Dieu et l'appel à la repentance et la conversion.

Beaucoup d'Eglises luthériennes, surtout là où elles sont Eglises d'Etat, sont multitudinistes. D'autres Eglises le sont aussi, sans pour autant être Eglises d'Etat. Elles considèrent comme membres tous ceux qui ont un jour reçu le Baptême, qu'ils professent ou non la foi chrétienne. Beaucoup d'entre eux ne sont chrétiens que de nom. L'Eglise évangélique luthérienne est par définition une Eglise de professants. Non qu'elle refuse le Baptême aux enfants et le réserve à ceux qui le demandent après une expérience de la conversion, comme le font les Évangéliques, mais pour y être considéré comme un chrétien véritable, il faut porter les marques visibles de la foi qui sont l'amour de la Parole et des sacrements et une vie chrétienne. Un chrétien évangélique luthérien ne peut pas dire: "Je crois, mais je ne pratique pas", car il sait qu'il n'y a pas de foi véritable sans l'écoute de l’Évangile, la communion au corps et au sang du Christ, la prière et l'adoration. Si l'Eglise chrétienne est le corps du Christ, on en devient par la foi un membre vivant. La notion de membre mort est contradictoire. Quand un sarment est mort, c'est qu'il n'est plus relié au cep, même s'il n'en a pas été physiquement retranché. Un membre mort n'est plus relié à Jésus-Christ. Il ne fait plus partie de son corps qu'est Eglise.

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).