Soyez les bienvenus sur le blog de l’EGLISE LUTHERIENNE INDEPENDANTE ...... Prions pour tous les Chrétiens persécutés à travers le monde pour leur Foi en Jésus-Christ.....

lundi 29 octobre 2018

Méditation de la semaine : LES ATTRIBUTS OU PROPRIÉTÉS DE L'ECRITURE SAINTE,LE CANON DE L'ECRITURE SAINTE

 LES ATTRIBUTS OU PROPRIÉTÉS DE L'ECRITURE SAINTE
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La Bible possède un certain nombre d'attributs ou de propriétés qui découlent de son inspiration divine et sont étroitement liés au but que Dieu lui assigne, "rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ" (2 Timothée 3:15).
Nous croyons tout d'abord en son autorité divine. Cf. les textes ci-dessus, dans le chapitre "Source et norme de la doctrine chrétienne".
Convaincus de cette autorité, nous confessons son infaillibilité ou inerrance. Cela signifie non seulement que la Bible peut effectivement atteindre l'objectif que Dieu lui a fixé, rendre les hommes "sages à salut par la foi en Jésus-Christ", mais aussi qu'elle ne contient pas d'erreurs. Si elle est Parole de Dieu et que les prophètes et les apôtres disent ce que Dieu a voulu qu'ils disent et de la façon voulue par lui, elle ne peut rien dire de faux: "La parole de l’Eternel est droite et toutes ses oeuvres s'accomplissent avec fidélité" (Psaume 33:4). "Le témoignage de l'Eternel est véritable" (Psaume 19:8). "Ta parole est la vérité" (Jean 17:17).
Nous croyons en l'infaillibilité ou inerrance de la Bible, bien que les prophètes et les apôtres aient été des enfants de leur siècle et loin de tout savoir. L'Ecriture n'est pas une révélation complète de Dieu, du monde et du salut, mais une révélation partielle, suffisante cependant non pas pour répondre à toutes les questions des hommes, mais pour leur montrer le chemin du salut et les appeler à la foi en Christ. L'homme est par nature orgueilleux et veut s'ériger en juge de la Bible. Il y cherche volontiers des inexactitudes, des erreurs et des contradictions, mais on a bien souvent pu constater que ce qu'on croyait être une erreur ou une contradiction n'en était pas une. Quand cette démonstration n'est pas possible, et elle ne l'est pas toujours, nous croyons qu'une solution existe, même si elle nous échappe pour l'instant.
Il est évident que l'Ecriture n'est pas un manuel de cosmologie, de géologie, d'ethnologie, de géographie, d'histoire ou de botanique. Elle ne fait pas de la science, quand elle décrit l'origine du monde ou les espèces animales ou végétales, et présente souvent les choses telles que les hommes les voient, affirmant par exemple que le soleil se lève et se couche et qu'il tourne autour de la terre, ou que le grain de blé meurt en terre avant de porter du fruit. Bien que ses affirmations ne correspondent pas toujours à la réalité scientifique, elle est véridique et infaillible ou inerrante en toutes choses.
Nous croyons aussi en son efficacité divine, ce qui signifie qu'elle est capable de faire ce pour quoi Dieu l'a donnée. Elle contient deux grands messages, la Loi et l'Evangile. La Loi révèle à l'homme ses péchés, l'accuse et le condamne, brisant ainsi son coeur: "C'est par la loi que vient la connaissance du péché" (Romains 3:20). "Je n'ai connu le péché que par la loi... Ainsi le commandement qui conduit à la vie se trouva pour moi conduire à la mort" (Romains 7:7.10). Quant à l'Evangile, il est "puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit" (Romains 1:16). Nous avons été régénérés "non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu" (1 Pierre 1:23). Cf. encore Esaïe 55:10.11; Romains 10:17; 1 Corinthiens 1:18; 2:3-5; 2 Corinthiens 4:6; Ephésiens 1:13. La Bible utilise une image éloquente quand elle dit que "la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée à deux tranchants", qu'elle partage âme et esprit, jointures et moelles, jugeant les sentiments et les pensées du coeur (Hébreux 4:12.13).
On parle aussi de la perfection divine de l'Ecriture Sainte. C'est l'attribut en vertu duquel elle se suffit à elle-même pour atteindre le but qui lui est assigné. Elle n'a pas besoin d'être complétée par une tradition ou par des révélations particulières, ou d'être interprétée par un magistère infaillible. La connaissance qu'elle suscite est partielle: "Je connais en partie", dit l'apôtre Paul (1 Corinthiens 13:12). Mais elle est suffisante pour le salut. Elle peut "rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ" et est "utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre" (2 Timothée 3:15-17).
Nous confessons enfin sa clarté. La Bible rend témoignage du Christ (Jean 5:39), elle est "une lampe qui brille dans un lieu obscur" (2 Pierre 1:19), une lampe à nos pieds et une lumière sur notre sentier (Psaume 119:105). Elle rend sage l'ignorant (Psaume 19:8). Jésus pouvait dire à ses disciples: "Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes véritablement mes disciples. Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira" (Jean 8:31.32). Il pouvait aussi prier pour eux en disant à son Père: "Sanctifie-les par ta vérité, ta parole est la vérité" (Jean 17:17). Il est bien évident que ce qui est dit de la Parole du Christ ou de Dieu s'applique à l'Ecriture Sainte, puisque c'est là seulement que la Parole divine parvient à nous.


LE CANON DE L'ECRITURE SAINTE
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On appelle canon biblique l'ensemble des livres que l'Eglise chrétienne a reçus comme Parole de Dieu et qui composent l'Ecriture Sainte. Les trente-neuf livres de l'Ancien Testament sont ceux que le Judaïsme avait de tout temps reçus comme canoniques. Ce sont les suivants:

  • le Pentateuque ou recueil des cinq livres de Moïse appelé encore Loi (en hébreu "Thorah"): Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome;

  • les prophètes antérieurs (Josué, Juges, 1 Samuel, 2 Samuel, 1 Rois, 2 Rois) et les prophètes postérieurs (Esaïe, Jérémie, Ezéchiel et le recueil des douze petits prophètes: Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habakuk, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie);

  • les écrits: Ruth, 1 et 2 Chroniques, Esdras, Néhémie, Esther, Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques, Lamentations de Jérémie, Daniel.
A la différence de l'Eglise catholique, le protestantisme ne reconnaît pas comme canoniques les livres dits apocryphes ou deutérocanoniques qui figurent dans l'ancienne traduction grecque de l'Ancien Testament, mais que le Judaïsme n'a jamais acceptés (Esther grec, Judith, Tobit, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Siracide, Baruch, Daniel grec). Tous ces livres d'ailleurs ont été écrits en grec et non en hébreu.
Le canon du Nouveau Testament attesté par un certain nombre de catalogues, de listes des livres inspirés que l'Eglise chrétienne a reçus des apôtres ou de leurs disciples, est composé des écrits suivants:

  • les évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean;

  • les Actes des apôtres de Luc qui sont la suite de son évangile;

  • treize épîtres de l'apôtre Paul (Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Ephésiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2 Thessaloniciens, 1 et 2 Timothée, Tite, Philémon), l'épître aux Hébreux et sept épîtres dites catholiques car adressées à différentes Eglises de l'époque (Jacques, 1 et 2 Pierre, 1, 2 et 3 Jean, Jude);

  • l'Apocalypse de Jean.
Le caractère canonique de certains de ces livres a fait l'objet de quelques contestations ici et là, en Orient ou en Occident, pendant un certain temps. On les appelle pour cela les "antilégomènes" (Hébreux, Apocalypse, Jacques, 2 Pierre, Jude, 2 et 3 Jean). Grâce aux témoignages des Eglises locales et des Pères de l'époque, ces doutes furent surmontés et il y a depuis unanimité dans toute la chrétienté sur le canon du Nouveau Testament.

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).

dimanche 28 octobre 2018

Cultes en Novembre!









Prochains cultes du mois de Novembre:
Le 04-11-18: Culte du 24e dimanche après la Pentecôte à 10h30.-Culte de la Réformation avec sacrement du Baptême et admission à la Sainte-Cène. Repas paroissial.
Le 10-11-18: Culte anticipé du 25e dimanche après la Pentecôte à 10h30. Samedi matin. Le pasteur est dans la famille à Metz pour le 11 -11-18.
Le 18-11-18 :Culte de l'avant dernier dimanche de l'année liturgique ou ecclésiastique du temps ordinaire à 10h30.
Le 25-10-18: Culte du dernier dimanche de l'année liturgique ou ecclésiastique du temps ordinaire -Christ ROI à 10h30.

Au 05 Rue des Remparts 67170 Brumath Alsace
Venez nombreux écouter la parole de Dieu qui édifie et nous rends fort. 
Proche de la Gare SNCF (4 minutes de marche)

lundi 22 octobre 2018

Méditation de la semaine: LA RÉVÉLATION et LA SOURCE ET NORME DE LA DOCTRINE CHRÉTIENNE.

1. LA RÉVÉLATION
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L'homme ne peut connaître Dieu que s'il se révèle à lui et il ne sait de lui que ce qu'il veut bien lui dire. Faute de connaître cette révélation, il se fait des dieux à son image. L’Évangile nous enseigne "des choses que l’œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit" (1 Corinthiens 2:9.10).

La notion de révélation:


Pour se révéler, Dieu agit et parle. La création et le gouvernement de ce monde nous disent qu'il est là, tout-puissant, juste, sage et bon, qu'il agit et tient toutes choses dans ses mains et que rien ne se fait ici-bas sans sa volonté. Quant à sa Parole, elle nous enseigne qu'il s'est abaissé jusqu'à l'homme, s'incarnant en la personne de son Fils et révélant au monde son plan de salut. Tandis que les religions de ce monde, toutes inventées par l'homme, sont autant de sentiers sur lesquels ceux-ci s'efforcent de chercher Dieu, le christianisme est le chemin sur lequel Dieu lui-même est venu les trouver. Il est non pas tâtonnement humain (Actes 17:27), mais religion divinement révélée.
Révéler signifie étymologiquement "soulever le voile", découvrir quelque chose, c'est-à-dire ôter la couverture qui le cache. C'est le sens précis du mot grec dont provient l'expression "apocalypse". Dieu se révèle quand il retire le voile qui couvre un mystère. C'est ainsi que Jésus dit: "Je te loue, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et de ce que tu les as révélées aux enfants... Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père. Personne non plus ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler" (Matthieu 11:25.27). L'apôtre Paul écrit de même: "C'est par révélation que j'ai eu connaissance du mystère sur lequel je viens d'écrire en peu de mots... Il n'a pas été manifesté aux fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l'Esprit aux saints apôtres et prophètes du Christ" (Ephésiens 3:3.5).

Il existe encore un autre terme que le Nouveau Testament aime bien employer pour parler de révélation. C'est un verbe qui signifie littéralement mettre en lumière, mettre en évidence, manifester. On le rencontre par exemple dans le texte suivant: "A celui qui peut vous affermir selon mon Évangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère caché pendant des siècles, mais manifesté maintenant par les écrits des prophètes, à Dieu, seul sage, soit la gloire aux siècles des siècles, par Jésus-Christ" (Romains 16:25-27).

Petit aperçu historique:

L'apôtre Paul écrit aux Ephésiens: "Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire" (Ephésiens 2:20). Quant à Luther, il définit l'Eglise chrétienne comme l'ensemble des "saints croyants, les brebis qui entendent la voix de leur Berger" (Articles de Smalcalde, III, Article XII). C'est donc sur l'Ecriture Sainte que Dieu bâtit son Eglise. C'est en elle que retentit de nos jours la voix du bon Berger qui appelle, guide, paît et sauve ses brebis.

Au début, il en était autrement. Pendant des siècles, Dieu s'était révélé oralement, parlant à Adam et Eve, puis aux patriarches, et utilisant pour cela le dialogue direct, les songes, les visions et les théophanies. Les pères de famille étaient les "prophètes" de l'époque, titre que la Bible donne explicitement à Abraham (Genèse 20:7). Puis, quand il se constitua un peuple, Dieu lui donna un prophète en la personne de Moïse qui consigna par écrit tout ce qu'il lui révélait. Moïse est l'auteur du Pentateuque. Ensuite, ce fut le défilé de tous les autres prophètes d'Israël. Certains, intrépides messagers de Dieu, tels que Samuel, Nathan, Elie et Elisée, n'ont pas consigné leur message par écrit. On les appelle parfois les prophètes antérieurs. Les prophètes dits postérieurs ont rédigé leurs oracles (ou du moins certains d'entre eux) par écrit. Ils l'ont fait à la demande de Dieu (Esaïe 30:8; Jérémie 36:2). Tous ces hommes ont été la "bouche" de Dieu qui parlait par eux (Esaïe 1:10; 8:1; Jérémie 2:1; 3:6; Amos 2:1; 3:1; 5:16).

Viennent ensuite les sages et les poètes inspirés, auteurs de livres de l'Ancien Testament qu'on appelle parfois, par opposition au Pentateuque et aux livres prophétiques, les "écrits" ou "hagiographes" (saints écrits).
Mais la voix des hommes de Dieu s'était tue depuis la mort de Malachie, dernier prophète. Pendant plus de quatre siècles il n'y eut plus de révélation divine. Longue période d'attente où fleurirent les livres dits apocryphes ou pseudépigraphes. C'étaient des "faux", généralement à caractère apocalyptique, qui circulaient sous le nom de tel ou tel prophète ou patriarche, mais que le peuple d'Israël ne reçut pas comme des livres inspirés.
Puis Dieu, "après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, dans ces derniers temps nous a parlé par le Fils" (Hébreux 1:1.2). Quand les temps furent accomplis, il envoya son Fils dans le monde, lui donna l'Esprit sans mesure (Jean 3:34) et parla par lui, révélant au monde l’Évangile du salut. Jésus annonça avec autorité divine ce qu'il savait de son Père. Il n'avait pas besoin pour cela d'une inspiration divine, étant dans le sein de son Père (Jean 3:31-34; 5:17-24.33-47; 8:12-29).
Il s'entoura de disciples, témoins directs de tout ce qu'il faisait et prêchait. Et quand, ayant accompli sa mission, fut venu pour lui le moment de remonter au ciel, il les envoya dans le monde, après leur avoir promis que le Saint-Esprit viendrait sur eux pour leur rappeler tout ce qu'il leur avait enseigné (Matthieu 10:16-23; Jean 14:15-26; 16:1-15). Ainsi, c'est sur la parole des prophètes d'Israël, annonciateurs des choses à venir, et celle des apôtres, témoins mandatés par lui, que le Christ bâtit son Eglise. C'est par elle qu'il se révèle au monde jusqu'à son retour et la fin de toutes choses.




2. LA SOURCE ET NORME DE LA DOCTRINE CHRÉTIENNE

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L'Eglise luthérienne enseigne que l'Ecriture Sainte ou la Bible est l'unique source et norme de la doctrine chrétienne. Les mots "source" et "norme" se complètent. En disant que la Bible est source de la doctrine chrétienne, nous voulons confesser que tout l'enseignement de l'Eglise doit être puisé en elle. C'est elle qui nous dit ce que nous devons croire, enseigner et confesser.
L'Ancien Testament ne connaît pas les mots "Bible" ou "Ecriture Sainte". Il parle de la loi de Dieu, du livre de la loi ou du témoignage, affirme que Dieu instruit par sa loi (Psaume 94:12), demande qu'on pratique "tout ce qui est écrit dans le livre de la loi de Moïse", sans s'en détourner à droite ou à gauche (Josué 23:6), interdit de rejeter "la parole de l'Eternel" (1 Samuel 15:23), exige qu'on retourne "à la loi et au témoignage" (Esaïe 8:20), interdit d'ajouter quelque chose aux commandements de l'Eternel ou d'en retrancher quoi que ce soit (Deutéronome 4:2). Il est bien évident que la loi, le témoignage ou la Parole de Dieu dont il est question dans ces textes sont une loi, une Parole de Dieu et un témoignage écrits, sinon comment pourrait-on les connaître, se laisser instruire par eux et s'y conformer?

Dans le Nouveau Testament, l'apôtre Paul rappelle à Timothée que depuis son enfance il connaît "les saintes lettres" qui peuvent le rendre "sage à salut par la foi en Jésus-Christ", précisant que toute l'Ecriture est inspirée de Dieu et pour cela "utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice" (2 Timothée 3:15-17). L'apôtre Pierre déclare: "Nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention" (2 Pierre 1:19). "Tout ce qui a été écrit d'avance, dit Paul, l'a été pour notre instruction" (Romains 15:4). Quant à ceux qui veulent savoir ce qu'ils doivent faire pour être sauvés, "ils ont Moïse et les prophètes. Qu'ils les écoutent" (Luc 16:29). Rappelons aussi le texte déjà cité qui affirme que l'Eglise est édifiée "sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire" (Ephésiens 2:20). C'est clair: les écrits des prophètes et des apôtres constituent la source de son enseignement et de sa foi. A noter que le dernier livre de la Bible, l'Apocalypse, reprend l'interdiction formulée par le premier prophète d'Israël, Moïse, et rappelle à l'Eglise qu'elle doit s'en tenir à ce qui est écrit, que nul n'a le droit d'y ajouter ou d'en retrancher quoi que ce soit (Apocalypse 22:18).

Si la Bible est la source de l'enseignement de l'Eglise, elle en est aussi la norme. Cela signifie que toute doctrine doit être mesurée à elle. Elle décide de ce qui est vrai ou faux. L'attitude de Jésus est tout à fait caractéristique et exemplaire. Chaque fois que ses interlocuteurs lui posent une question de doctrine ou de morale, très souvent pour lui tendre un piège, il les renvoie à la Bible d'Israël, c'est-à-dire à l'Ancien Testament, aux écrits de Moïse et des prophètes. Il justifie par exemple l'interdiction du divorce en disant aux pharisiens: "N'avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l'homme et la femme et qu'il dit: C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair?" (Matthieu 19:4). Les chrétiens de Bérée "examinaient chaque jour les Ecritures, pour savoir si ce qu'on leur disait était exact" (Actes 17:11). Saint Paul déclare qu'il prêche l'Evangile "sans s'écarter en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver" (Actes 26:22). Il fait de l'Evangile qu'il annonce le critère, la norme de tout enseignement: "Si nous-mêmes, si un ange du ciel annonçait un autre Evangile que celui que nous vous avons annoncé, qu'il soit anathème!" (Galates 1:8).

Faisant écho à ces textes, la Confession d'Augsbourg rappelle qu'il n'est pas nécessaire qu'il y ait dans l'Eglise des cérémonies uniformes, car elles sont "instituées par les hommes", mais qu'il faut par contre "un accord unanime dans la prédication de l'Evangile et l'administration des sacrements conformément à la Parole de Dieu" (Article VII). Cf. aussi ci-dessus la citation de la Formule de Concorde.

C'est une doctrine très importante, car d'elle va dépendre tout le reste. Il est capital pour l'Eglise de savoir ce qu'elle doit croire, enseigner et confesser, et à quoi elle doit se référer quand il y a controverse. On appelle cela le "principe formel" de la Réforme. Si l'Ecriture Sainte n'est pas seule source et norme de foi et d'enseignement, la porte est ouverte à toutes les doctrines et opinions possibles et imaginables.

L'Eglise luthérienne rejette donc deux thèses de l'Eglise catholique. Tout d'abord la thèse selon laquelle la tradition est, ensemble avec la Bible, source et norme de doctrine, qu'il faut pour cela la recevoir et la vénérer "avec un égal sentiment de piété et une égale révérence" (Concile de Trente), qu'elle porte elle aussi "la Parole de Dieu confiée par le Christ Seigneur et par l'Esprit Saint aux apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs" (Concile de Vatican II).

Nous rejetons également la thèse du magistère selon laquelle l'Eglise catholique est, en la personne de son clergé, le seul interprète légitime de la Bible, thèse qui précise que les évêques en tant que successeurs des apôtres sont infaillibles quand ils se réunissent en conciles, et que le pape l'est en tant que vicaire du Christ et successeur de Pierre, prince des apôtres, quand, agissant en chef de l'Eglise, il promulgue une doctrine. C'est une thèse contre laquelle Luther s'est farouchement dressé et qu'à sa suite, le protestantisme rejette comme fausse.


Face aux différents mouvements charismatiques qui soutiennent que Dieu continue de donner des révélations à son peuple, l'Eglise luthérienne, sans pour autant nier que Dieu puisse donner à l'un ou l'autre de ses enfants une révélation particulière, affirme qu'il n'existe pas de nouvelle révélation qu'il donnerait à son peuple et qui serait normative pour sa foi. Tout ce que le Seigneur a voulu faire savoir à son peuple pour le guider dans la vérité et la piété, il le lui a dit une fois pour toutes par les prophètes et les apôtres, témoins de son Fils.


(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).

lundi 15 octobre 2018

Méditation de la semaine: LA SAINTE-CÈNE.

 LA SAINTE 
CÈNE
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"La Sainte Cène est un sacrement institué par notre Seigneur Jésus-Christ, dans lequel nous mangeons son vrai corps et buvons son vrai sang sous les espèces du pain et du vin" (Martin Luther, Petit Catéchisme). "Nous croyons que dans la Sainte Cène le pain et le vin sont le vrai corps et le vrai sang du Christ qui sont donnés et reçus. Ils sont reçus non seulement par les chrétiens pieux, mais aussi par les mauvais chrétiens" (Martin Luther, Articles de Smalcalde, III, 6, 1).
La Sainte Cène est le deuxième sacrement institué par notre Seigneur Jésus-Christ. Elle qui est le sacrement de la communion, est devenue malheureusement celui de la désunion. C'est en effet une question sur laquelle le protestantisme est profondément divisé jusqu'à ce jour.
L'enseignement de la Bible:
Les trois évangiles appelés les Synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) racontent l'institution de la Sainte Cène, ainsi que l'apôtre Paul. Les paroles prononcées ce jour-là par Jésus sont le fondement de l'enseignement de l'Ecriture à ce sujet. Les voici avec leurs différentes variantes: "Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le donna aux disciples en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe et, après avoir rendu grâces, il la leur donna en disant: Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'alliance qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés" (Matthieu 26:26-28). Chez Marc, ces paroles sont à peu près les mêmes, si ce n'est qu'il précise que tous les disciples burent la coupe. Autre différence: Il y est dit non pas que Jésus rendit grâces à propos du pain, mais qu'il le bénit (Marc 14:22-24). Selon Luc, Jésus dit du pain qu'il "est donné pour vous" et demande aux disciples de le manger "en mémoire de moi". A propos de la coupe, il déclare non pas quelle est le sang de l'alliance, mais "la nouvelle alliance en mon sang" (Luc 22:19.20). Ce sont là des différences mineures dues au fait que Jésus s'exprimait en araméen et que ses paroles furent traduites en grec par les évangélistes, et que par ailleurs il a peut-être, pendant la distribution de la Sainte Cène, prononcé plusieurs les mêmes paroles avec quelques petites variantes. En tout cas, elles ne changent rien au sens du texte.
Le sens de ces mots est tout ce qu'il y a de plus clair, et l'Eglise luthérienne a toujours insisté sur la nécessité de les laisser s'exprimer le plus naturellement du monde et de les interpréter littéralement. Selon cette interprétation, Jésus a, au cours du repas pascal pris avec les disciples la veille de sa mort, pris du pain et l'a rompu. Geste indispensable pour le distribuer et qui n'a pas de signification particulière. Il le donna aux disciples et leur demanda de le manger en disant: "Ceci est mon corps". Il fit de même avec la coupe qui, bien que le texte ne le dise pas explicitement, contenait du vin, car c'est ce que les Juifs buvaient en célébrant la Pâque. Il la leur tendit, demanda aux disciples d'en boire et leur dit que c'était son sang ou la nouvelle alliance en son sang.
Les chrétiens réformés disent qu'il faut interpréter ce texte d'une façon symbolique et affirmer que le pain et le vin représentent le corps et le sang ou en sont l'image. Il existe quelques variantes dans leur interprétation, mais ils parviennent tous à la même conclusion: c'est un symbole. Le pain brisé symbolise le corps du Christ brisé sur la croix (ce qui est d'ailleurs faux, car son corps n'a pas été brisé et ne devait pas l'être, Jean 19:31-37), et le vin qui coule de la coupe est l'image de son sang coulant sur la croix. Les Réformés citent volontiers, pour justifier leur interprétation, Jean 6:63 où Jésus dit: "C'est l'Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien". A quoi les Luthériens répondent que dans Jean 6 il n'est pas question de la Sainte Cène, même si les paroles de Jésus ressemblent beaucoup à celles qu'il a prononcées en administrant le sacrement. On affirme aussi que la présence du corps et du sang du Christ ne peut pas être une présence réelle, puisque son corps et son sang sont dans le ciel. Il s'agit donc d'une présence spirituelle: en mangeant le pain et en buvant le vin, le communiant croyant élève son coeur vers le ciel et s'unit spirituellement, par la foi, au corps et au sang du Christ. A cela les Luthériens répondent qu'il ne faut pas modifier le sens des paroles de Jésus et qu'il est tout-puissant, qu'il peut donc faire participer son corps et son sang à son omniprésence, les rendre présents partout où il le veut.
Ajoutons encore un autre texte biblique. L'apôtre Paul écrit aux Corinthiens: "La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas la communion au sang de Christ? Le pain que nous rompons n'est-il pas la communion au corps de Christ?" (1 Corinthiens 10:16). Le calice est "coupe de bénédiction" parce qu'il procure une grande bénédiction aux communiants, leur apportant le pardon des péchés, mais aussi parce qu'il fait l'objet d'une bénédiction ou d'une action de grâces. Le Christ a béni les éléments et rendu grâces à Dieu, en prononçant une prière qui ne nous a pas été conservée. Le pain et le vin, dit Paul, sont la communion, plus précisément, comme le veut la traduction littérale, la participation au corps et au sang du Christ. Cela signifie tout simplement qu'en prenant le pain et le vin bénits, le communiant reçoit le corps et le sang du Christ.
L'Eglise luthérienne rejette aussi la doctrine catholique de la transsubstantiation selon laquelle le prêtre, par un pouvoir qu'il a reçu dans son ordination, change les substances du pain et du vin en corps et sang du Christ. Il reste du pain et du vin consacrés la couleur, la consistance et le goût, mais ce n'est plus du pain et du vin. Ce n'est plus que le corps et le sang du Christ. Voilà pourquoi les hosties consacrées qui n'ont pas été consommées sont enfermées dans le "tabernacle" et font l'objet d'un culte, et le vin n'est consommé habituellement que par le prêtre (communion sous une seule espèce). Il s'agit là d'une mutilation du sacrement institué par le Christ qui, du reste, a dit explicitement aux disciples: "Buvez-en tous!"
Chose plus grave encore: L'Eglise catholique enseigne que l'eucharistie est le renouvellement non sanglant, de nos jours on dit plus volontiers la re-présentation, l'actualisation ou la réactualisation du sacrifice du Christ, et que ce geste a une vertu expiatoire pour le prêtre qui l'effectue, pour l'assemblée qui communie et, d'une façon plus générale, pour les vivants et les morts. On transforme ainsi la Cène, même si on affirme que c'est Jésus qui accomplit ce geste par le prêtre, en un rite méritoire qui vaut aux hommes des bénédictions divines, et on offense ainsi le Seigneur. En effet, si son sacrifice doit être renouvelé ou réactualisé, ne laisse-t-on pas entendre qu'il n'a pas été suffisant, qu'il a besoin, pour être efficace, devenir opérant et sauver les hommes, du concours de l'Eglise? C'est avec la plus grande vigueur que Luther s'est opposé à une telle doctrine.
Il est clair que la Sainte Cène nous met devant un profond mystère que nous ne pouvons pas élucider. On a objecté que la doctrine luthérienne est irrationnelle, qu'elle oblige à croire l'incompréhensible et l'incroyable. Sans doute, mais en va-t-il autrement avec les doctrines de la Trinité, de la rédemption ou de la justification? Existe-t-il une seule doctrine rationnelle? Nous ne pouvons pas expliquer avec notre raison comment le corps et le sang de Jésus-Christ remonté au ciel sont réellement présents partout où le sacrement est célébré. Mais nous le croyons, parce que lui-même l'a dit. On a objecté aussi que cette doctrine était impossible, que pour manger réellement le corps, il faudrait le mâcher, le digérer et l'éliminer comme le pain. On est allé jusqu'à parler d'anthropophagie. A cela l'Eglise luthérienne répond que si le corps et le sang du Christ sont réellement présents, ils ne le sont pas localement. Quoiqu'il y ait "manducation orale" (manducation par la bouche) de son corps et de son sang, ils ne sont pas enfermés dans le pain et le vin ni mâchés, digérés et éliminés avec eux. C'est une présence réelle, substantielle, mais profondément mystérieuse, qu'on appelle pour cela sacramentelle. Enfin, on a dit qu'une présence réelle était inutile. "C'est l'Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien" (Jean 6:63). Rappelons cependant que ce texte n'est pas une révélation divine sur la Sainte Cène. Et enfin, depuis quand revient-il à l'homme de dire ce qui lui est utile ou non en matière de foi? Dieu ne sait-il pas mieux que nous de quoi nous avons besoin?
La présence réelle se fonde sur les paroles que Jésus a prononcées en instituant le sacrement, et non sur la foi des communiants. Il s'ensuit, et c'est une affirmation caractéristique de la doctrine luthérienne, que tous ceux qui se présentent à la Table du Seigneur reçoivent le corps et le sang du Christ, ce qu'on appelle les éléments célestes du sacrement, et cela indépendamment de leur foi ou de leur incrédulité. Les communiants indignes également, mais eux les reçoivent pour leur jugement. L'apôtre Paul affirme en effet que "celui qui mangera le pain et boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur" et que "celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même" (1 Corinthiens 11:27.29).

Jésus nous explique quels sont les effets de la Sainte Cène quand il dit de son corps qu'il est donné et de son sang qu'il est répandu pour nous, pour la rémission de nos péchés et lorsque, par ailleurs, il précise que la coupe est la nouvelle alliance en son sang. Il offre donc aux communiants ce par quoi il a expié leurs péchés et les a réconciliés avec Dieu. En un mot, il nous donne les gages de notre rédemption. La Sainte Cène a ainsi les mêmes effets que l'Evangile ou le Baptême. Elle nous scelle les grâces du Christ, en particulier le pardon des péchés. Luther écrit:

"La grâce de la Sainte Cène nous est indiquée par ces mots: Donné et répandu pour vous en rémission des péchés. Ainsi, en vertu de ces paroles, nous recevons dans la Sainte Cène la rémission des péchés, la vie et le salut, car où il y a rémission des péchés, là aussi est la vie et le salut" (Luther, Petit Catéchisme).
Les effets de la Sainte Cène sont les suivants:

Elle offre aux communiants les gages de leur rédemption et les fortifie ainsi dans la foi au pardon. Elle est pour l'âme ce que la nourriture naturelle est pour le corps, procurant au croyant une force et une certitude dont il a toujours besoin: Dieu lui pardonne ses péchés. Les promesses de l’évangile sont, de la part de Dieu, une déclaration d'amour. Dans la Sainte Cène, le corps et le sang de Jésus-Christ sont une déclaration d'amour rendue visible, tangible, ce qu'un bouquet de fleurs est pour une fiancée. Il y a dans le sacrement application individuelle et personnalisée des promesses universelles de l’Évangile.
D'autre part, la Sainte Cène unit étroitement au Christ. Elle est communion à son corps et à son sang. En la recevant, on reçoit Jésus-Christ en soi et vit en étroite communion avec lui. Elle est aussi proclamation de la mort rédemptrice du Christ. L'apôtre Paul écrit: "Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne" (1 Corinthiens 11:26). En communiant, le peuple de Dieu commémore le sacrifice de son Sauveur, confesse qu'il l'a racheté par son sacrifice expiatoire.
Le sacrement de la Cène a aussi pour effet de concrétiser la communion fraternelle de tous ceux qui s'approchent de la table du Seigneur. "Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps, car nous participons tous au même pain" (1 Corinthiens 10:17). C'est le repas de la convivialité. Unis dans une même foi, rassemblés autour de la même table, désireux de recevoir les mêmes gages du pardon et toujours prêts à se pardonner réciproquement, les croyants se souviennent qu'ils ne sont pas seuls dans le monde, mais qu'ils forment une même famille autour du même Chef. Ils grandissent ainsi dans l'amour fraternel.
L'eucharistie fortifie aussi dans la certitude de la résurrection pour la vie éternelle. Le Christ ressuscité et victorieux nourrit les siens de son corps, gage de leur future résurrection. Il leur certifie ainsi qu'il ne les abandonnera pas à la misère et l'humiliation présentes, mais qu'un jour il les transformera et les glorifiera par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses" (Philippiens 3:21). En communiant avec foi, le chrétien attend la rédemption de son corps (Romains 8:33).
Enfin, la Sainte Cène est le repas de l'Eglise qui attend le retour de son Seigneur. Jésus dit, en l'instituant: "Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où j'en boirai avec vous dans la maison de mon Père" (Matthieu 26:29). Et Paul commente en ces termes: "Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne" (1 Corinthiens 11:26). L'eucharistie est ainsi le repas d'un peuple en voyage, d'une Eglise qui vit dans l'attente du renouvellement de toutes choses. Elle est préfiguration du banquet céleste, des noces de l'Agneau. C'est la manne dans le désert dont Jésus nourrit son peuple, avant de le faire entrer dans le pays où coulent le lait et le miel. C'est la nourriture divine qui le fortifie pour son voyage et pour le combat qu'il doit mener jusqu'à la victoire finale.

L'administration de la Sainte Cène:

L'eucharistie est administrée par l'Eglise luthérienne dans le cadre d'une liturgie qui remonte à l'Eglise ancienne, qui est très riche en signification et prépare le chrétien à communier d'un coeur repentant, croyant et rempli d'adoration pour ce profond mystère. Dans cette liturgie, la consécration du pain et du vin par la récitation, de la part du pasteur, des paroles d'institution est un élément vital et indispensable. C'est en vertu des paroles du Christ, en effet, que l'eucharistie est un sacrement et que son corps et son sang sont présents. L'Eglise luthérienne enseigne que cette présence a lieu pendant tout le temps que dure l'administration du sacrement.
Pour qu'il soit administré conformément à son institution, il faut aussi que les éléments soient effectivement distribués aux communiants. Par contre, il ne doivent pas faire l'objet d'un culte, car non seulement ils ne sont pas destinés à être adorés, mais la présence du corps et du sang du Christ cesse quand tous ont communié.
L'Eglise luthérienne enseigne et confesse qu'on communie indignement quand on le fait avec un coeur impénitent et sans foi. Elle se sait en cela liée aux paroles de l'apôtre déjà citées: "Celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe, car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même" (1 Corinthiens 11:27-29).
Le discernement du corps et du sang du Seigneur implique 1) la repentance par laquelle le communiant se sait et se confesse coupable et en demande pardon à Dieu, 2) la foi en la mort rédemptrice du Christ, source du pardon et du salut, 3) la volonté sincère de se détourner du mal et de vivre saintement, et bien sûr aussi la foi en la présence réelle du corps et du sang du Christ sous les espèces du pain et du vin. C'est la raison pour laquelle l'Eglise évangélique luthérienne n'admet pas à la Cène ceux qui ne sont pas capables de s'examiner conformément à l'Ecriture Sainte, quelles que soient les raisons de cette incapacité (ignorance, handicap mental grave, incrédulité, impiété).
Il s'agit des enfants qui n'ont pas encore atteint un degré de connaissance suffisant pour s'examiner. La Bible cependant ne prescrit aucun âge; c'est à l'Eglise d'agir pour le mieux. Il s'agit par ailleurs des malades mentaux souffrant de troubles tels qu'ils ne sont pas en mesure de s'examiner, ainsi que des malades en état d'inconscience. D'autre part, l'Eglise exclut de la Sainte Cène ceux qui ont fait l'objet d'une procédure d'excommunication parce qu'il vivent dans le péché ou dans l'incrédulité, et ne s'en sont pas repentis. Il va de soi que le jour où ils s'en repentent (et la repentance doit être publique quand le péché l'a été), ils sont à nouveau admis à la Table du Seigneur. L'Eglise évangélique luthérienne refuse aussi la Cène à tous ceux qui professent de fausses doctrines, sont attachés à l'erreur et y souscrivent, et quand ce ne serait que par l'appartenance à une Eglise qui ne confesse pas la vérité.
Elle pratique pour toutes ces raisons ce qu'on a l'habitude d'appeler la communion close. Elle considère que l'eucharistie n'est pas seulement un moyen de grâce, mais aussi le témoignage de l'unité de la foi, que dans ce domaine elle n'est pas une méthode pour réaliser l'unité, mais qu'elle ne peut en être que le signe visible et le témoignage. Elle ne donne donc la Cène qu'à ceux qui professent la même foi, à ses membres et à ceux d'Eglises soeurs. L'apôtre Paul écrit: "Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps, car nous participons tous à un même pain" (1 Corinthiens 10:17).

Cette pratique est peu comprise à une époque d'unionisme et d’œcuménisme où les Eglises veulent s'unir par-delà leurs divergences doctrinales, laissant entendre que celles-ci ne constituent pas des erreurs, mais sont des opinions différentes et également légitimes. L'Eglise luthérienne et les autres Eglises qui pratiquent la communion close se heurtent ainsi à l'incompréhension générale. Elle reste cependant convaincue que, ce faisant, elle agit conformément à la Parole de Dieu et aux exigences de vérité qui sont les siennes. Il lui est demandé de rester fidèle à cette pratique, tout en faisant preuve d'un maximum de compréhension, de patience et de charité

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).

lundi 8 octobre 2018

Méditation de la semaine :Le LIBRE-ARBITRE.

LE LIBRE-ARBITRE
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Le mot "libre-arbitre" soulève le problème de la liberté de l'homme. L'homme est-il libre? Si on songe à une liberté absolue lui permettant de faire tout ce qu'il veut, il est évident qu'il ne l'est pas. Dieu seul est libre en ce sens et "fait tout ce qu'il veut" (Psaume 115:3). Il n'est pas libre non plus en ce qu'il a des obligations physiques et morales. Il est obligé de travailler et de se nourrir pour vivre, et en ce qui concerne la morale, il y a des choses qu'il ne peut pas faire, parce que sa conscience les lui interdit.
Par contre, il jouit d'une certaine liberté extérieure qui lui permet de faire des choix, de disposer de sa vie au moins dans une certaine mesure. Il peut décider de se marier ou de rester célibataire, de choisir son métier, son domicile ou ses amis, etc. Il peut décider également de s'astreindre à une certaine discipline et de vivre selon certains critères, de se vautrer dans le vice ou de mener une vie honorable et juste, d'être voleur ou honnête, menteur ou véridique, méchant et cruel ou bon et généreux. Il peut même décider de commettre ou de ne pas commettre certains péchés. On appelle cela la liberté extérieure qui lui permet de pratiquer une certaine justice appelée justice civile.
Cependant si par libre-arbitre on comprend l'aptitude à accomplir la volonté de Dieu et à acquérir une justice qui serve à l'obtention du salut, il faut affirmer avec clarté que l'homme ne la possède pas. La Bible dit qu'il est "chair" né de la chair (Jean 3:6), que "l'affection de la chair est inimitié contre Dieu" (Romains 8:7), que "les pensées du coeur de l'homme sont mauvaises dès sa jeunesse" (Genèse 8:21), que l'homme est mort par ses offenses et ses péchés (Ephésiens 2:1), ennemi de Dieu (Romains 5:10), que sans le Christ il ne peut rien faire (Jean 15:5.6). Cf. encore Genèse 6:3; Romains 3:10-19; 7:8-10.14; Galates 5:16; Ephésiens 2:3; Colossiens 1:21; 2:13. La situation naturelle de l'homme est telle qu'il est sous la malédiction de la Loi et incapable de s'en libérer: "Tous ceux qui s'attachent aux oeuvres de la loi sont sous la malédiction, car il est écrit: Maudit est quiconque n'observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi et ne le met pas en pratique... Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit: Maudit est quiconque est pendu au bois" (Galates 3:10.13).
D'autre part, l'Evangile n'est pas un message qui l'attire. "La prédication de la croix est une folie", le Christ crucifié "scandale pour les juifs, folie pour les païens" (1 Corinthiens 1:18.21.23; 2:8). Enfin, la Bible affirme avec beaucoup d'insistance que le salut est l'oeuvre de Dieu seul, un don gratuit de sa miséricorde, qu'il ne s'obtient pas par les oeuvres, que les croyants sont gratuitement justifiés par sa grâce (Romains 3:23; 9: 16; 11:5.6; Ephésiens 2:8.9).
L'homme naturel ne peut même pas se prédisposer à la grâce ou participer de façon active à sa conversion. Il est converti par la grâce de Dieu qui, par l'Evangile, change son coeur et le régénère. C'est Dieu qui ouvre les coeurs et y fait naître la foi (Actes 16;:14), qui fait briller la lumière dans les ténèbres (2 Corinthiens 4:16), qui attire les pécheurs à Jésus-Christ: "Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire" (Jean 6:44). Dieu donne la "grâce de croire" (Philippiens 1:29) et de persévérer dans la foi en rendant "parfaite pour le jour de Jésus-Christ" la "bonne oeuvre" commencée en nous (Philippiens 1:6; 1 Pierre 1:5; 5:10).
Ce sont là autant de façons différentes de dire que l'homme ne peut en rien contribuer à sa réhabilitation et son salut. Il dépend entièrement de la grâce de Dieu et ne peut que tendre la main pour se laisser secourir. En un mot, il n'a pas de libre-arbitre lui permettant de collaborer avec la grâce divine et de participer activement, de quelque façon que ce soit, à son salut.
La Formule de Concorde qui mit fin au XVI° siècle à un certain nombre de controverses dans l'Eglise luthérienne, notamment concernant le libre-arbitre, s'exprime avec beaucoup de clarté quand elle dit:

"Nous croyons que, dans l'ordre des choses spirituelles et divines, la raison, le coeur et la volonté de l'homme non régénéré ne peuvent par leurs propres forces naturelles rien comprendre, rien croire, rien accepter, rien concevoir, rien vouloir, rien commencer, rien accomplir, rien faire, rien opérer, rien coopérer en quoi que ce soit. L'homme est entièrement corrompu et mort au bien, de telle sorte que dans la nature de l'homme après la chute et avant la régénération, il ne subsiste pas même une étincelle de forces spirituelles grâce auxquelles il pourrait se préparer à recevoir la grâce de Dieu ou la saisir quand elle est offerte, ou être de lui-même et par lui-même apte à la recevoir et s'y disposer ou contribuer à sa conversion" (Solida Declaratio, II, 7).

 (Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, edition collection Kreiss. 2013).

lundi 1 octobre 2018

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DU SAINT-ESPRIT

LA DOCTRINE DU SAINT-ESPRIT
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Le Saint-Esprit, on l'a vu en étudiant la doctrine de Dieu, est la troisième personne de la sainte Trinité, de la même essence divine que le Père et le Fils. Dans le présent chapitre, il sera question non pas de sa personne, mais de son oeuvre, de la mission qui est la sienne et qui consiste à appliquer aux hommes le salut acquis par le Christ.
L'oeuvre du Saint-Esprit:
Le Saint-Esprit a participé à la création du monde. Il se mouvait au-dessus des eaux (littéralement: il "couvait les eaux"), dit le texte de la Bible (Genèse 1:2). Le psalmiste proclame que "les cieux ont été faits par la parole de l'Eternel et toute leur armée par le souffle de sa bouche" (Psaume 33:6), tandis que Job confesse: "L'Esprit de Dieu m'a créé et le souffle du Tout-Puissant m'anime" (Job 33:4). Cf. encore Psaume 104:29.30.
Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la part du Saint-Esprit dans l'oeuvre du salut. Dieu le Père a mis en place un plan de salut et prédestiné des hommes à la vie éternelle. Le Fils a, en son temps, exécuté ce plan en rachetant les hommes. Que fait le Saint-Esprit? Eh bien, il ne manque pas de travail. Il a de quoi faire, car c'est à lui que revient la tâche d'appeler le pécheur au salut, de le convertir, de lui appliquer le pardon, de le sanctifier et préserver dans la foi jusqu'à la fin, jusqu'au moment de la victoire finale.
Bien qu'il soit la troisième personne de la Trinité, la Bible le présente comme un don qui est fait aux croyants: "Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent" (Luc 11:13; Actes 2:38; 8:20). Il est aussi une puissance: "Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous" (Actes 1:8). Jésus l'appelle le Consolateur qui rend témoignage (Jean 14:16.26; 15:26; 16:1; Actes 5:32; Romains 8:16; 1 Jean 5:6).
Le Saint-Esprit a toujours été à l'action dans le monde, y compris sous l'ancienne alliance. La Bible dit qu'il venait sur certains hommes (Juges 14:6; 15:14 ss.), qu'il entrait en eux (Ezéchiel 2:2; 3:24) ou était en eux (Genèse 41:38; Nombres 27:18; Daniel 5:11.12.14; 6:4). D'ailleurs partout où il y a foi, le Saint-Esprit agit. Il est donc faux de dire qu'il est venu pour la première fois au moment de la Pentecôte, et cela bien que l'évangéliste dise: "L'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié" (Jean 7:39). Jésus lui-même communiqua le Saint-Esprit aux disciples en soufflant sur eux (Jean 20:22). En disant qu'il n'avait pas encore été donné, saint Jean songeait à son effusion particulière, visible, "charismatique" le jour de la Pentecôte, qui permit aux apôtres de parler en langues. Cette effusion-là, prédite par les prophètes Jérémie, Ezéchiel et Joël, "inaugure les derniers jours", comme le dit l'apôtre (Actes 2:17). Elle devait jeter les bases de l'Eglise chrétienne. Le Saint-Esprit ne sera plus donné en quelque sorte au compte-gouttes, mais offert à tous. Tous connaîtront le Seigneur dans la nouvelle alliance (Jérémie 31:34) et seront enseignés de Dieu (Esaïe 54:13).
Les dons de l'Esprit:
Le Saint-Esprit apporte à ceux qui le reçoivent dans leur coeur et l'y laissent agir des dons multiples. Il y a tout d'abord les dons communs dont tous les croyants ont besoin pour vivre dans la foi, servir Dieu et parvenir au salut. Il s'agit notamment de la connaissance, de la sagesse, de l'obéissance, de la persévérance, du discernement, de la patience, de l'amour et, d'une façon générale, de tous les fruits de la foi. Les chrétiens possèdent ces dons à des degrés divers.
Mais il y a aussi les dons extraordinaires ou miraculeux. Ce sont des charismes particuliers tels que le don de guérison par imposition des mains, le parler en langues, le don d'interprétation et le don de prophétie (1 Corinthiens 12:8-2). Ces charismes sont des "signes" (Marc 16:17; 1 Corinthiens 14:22). Jésus avait fait des miracles pour s'accréditer comme le Messie promis. De la même façon il a été donné à l'Eglise, notamment au début de son histoire, d'accomplir des choses étonnantes et miraculeuses pour attester que le message qu'elle annonce lui vient de Dieu. Ces signes sont en quelque sorte les lettres de créance de ceux qui les accomplissaient.
Le Seigneur accorde ces dons où, quand et à qui il veut. Il est évident qu'il peut le faire aujourd'hui encore, s'il en a décidé ainsi. Cela dit, ces charismes ne sont pas indispensables au salut, tandis que la foi, l'amour, la patience ou la persévérance le sont. Il ne faut pas leur attribuer plus de valeur qu'ils n'en ont. Il ne faut surtout pas, à l'exemple des Pentecôtistes, en faire la preuve visible d'un "baptême dans l'Esprit" par lequel tous les chrétiens devraient passer. Enfin, la prudence s'impose. Ces prodiges ne viennent pas nécessairement de Dieu; on les rencontre aussi dans d'autres religions. Pour plus de détails sur cette question, on pourra consulter un ouvrage spécialisé.

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, edition collection Kreiss. 2013).