Soyez les bienvenus sur le blog de l’EGLISE LUTHERIENNE INDEPENDANTE ...... Prions pour tous les Chrétiens persécutés à travers le monde pour leur Foi en Jésus-Christ.....

dimanche 21 avril 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIÈRES suite et fin.

8. LE SALUT 
ÉTERNEL

C'est le dernier chapitre de la doctrine chrétienne. Et aussi le plus beau. Il parle aux chrétiens de leur destinée finale, de leur patrie et de leur demeure céleste.

Qu'est-ce que le salut?

C'est tout simplement la vie éternelle. Le mot "vie" désigne souvent dans la Bible, et c'est compréhensible, la vie naturelle et physique que les hommes reçoivent en venant au monde (plus exactement au moment de leur conception) et qu'ils perdent en mourant. Cf. par exemple Luc 16:25; Romains 8:38.39; 1 Corinthiens 3:22.
Mais le mot désigne aussi la vie surnaturelle et éternelle que l'homme ne possède pas au moment où il vient au monde, mais qui lui est accordée dans la régénération opérée par la Parole de Dieu ou le Baptême, au moment où il est uni au Christ. C'est le cas dans les textes suivants: "Le salaire du péché, c'est la mort, mais le don gratuit de Dieu est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur" (Romains 6:23). "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle" (Jean 3:16). "Quiconque aura quitté à cause de mon nom ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple et héritera la vie éternelle" (Matthieu 19:29). On notera que dans ce texte, la vie éternelle est présentée comme quelque chose dont on hérite, que l'homme ne possède pas par nature, mais qui lui est accordé quand il devient enfant de Dieu. Il en va de même dans le passage suivant où le Christ parle du don de la vie éternelle qu'il fait à ses brebis: "Je leur donne la vie éternelle et elles ne périront jamais" (Jean 10:28). Cf. encore Matthieu 25:46; Jean 3:36; 5:29; 6:40; 11:25.26, et tous les autres textes où il est question de la vie éternelle.
Dans l'ancienne alliance on croyait déjà en la vie éternelle. Jésus dit d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, morts depuis longtemps, que le Seigneur est leur Dieu. Or, "Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants", et d'en conclure que "pour lui tous sont vivants" (Luc 20:37). Jacob s'écria sur son lit de mort: "J'espère en ton salut, ô Eternel" (Genèse 49:18), et Esaïe fit à Israël cette extraordinaire promesse: "L'Eternel prépare à tous les peuples un festin de mets succulents, un festin de vins vieux, de mets succulents, pleins de moelle, de vins vieux et clarifiés. Et sur cette montagne il anéantit le voile qui voile tous les peuples, la couverture qui couvre toutes les nations. Il anéantit la mort pour toujours. Le Seigneur, l'Eternel, essuie les larmes de tous les visages, il fait disparaître de toute la terre l'opprobre de son peuple, car l'Eternel a parlé" (Esaïe 25:6). Et puis il y a cet autre oracle d'Osée: "Je les rachèterai de la puissance du séjour des morts, je les délivrerai de la mort. O mort, où est ta peste, séjour des morts, où est ta destruction?" (Osée 13:14). Cf. encore Daniel 2:44; 7:27; 12:2.
Cette grandiose espérance est reprise dans le Nouveau Testament et y fait l'objet d'une révélation encore bien plus précise et complète. Nous avons vu que le salut y est présenté comme le don de la vie éternelle. Il est aussi le don du Royaume où les croyants festoieront en compagnie des patriarches: "Plusieurs viendront de l'orient et de l'occident et seront assis à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux" (Matthieu 8:11). C'est par beaucoup de tribulations que les chrétiens y entreront (Actes 14:22; 2 Timothée 4:18). Ce royaume est un don de Dieu, ce qui fait dire à l'apôtre Pierre: "L'entrée du royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera pleinement accordée" (2 Pierre 1:11).
Les croyants ont le salut dès maintenant, puisque par la foi en Jésus-Christ ils sont passés de la mort à la vie (Jean 5:24). Mais il arrive aussi que la Bible parle du salut comme d'une réalité à venir: "Le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru" (c'est-à-dire lorsque nous nous sommes convertis, Romains 3:11). Les anges sont des serviteurs de Dieu "envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter le salut" (Hébreux 1:14). Les chrétiens sont "gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps" (1 Pierre 1:5). Notre délivrance "approche" (Luc 21:28). Bien que nous ayons été rachetés depuis longtemps, depuis le jour où Jésus est mort pour nous sur la croix, nous attendons la rédemption (Romains 8:23; Ephésiens 1:14; 4:30).
Le salut est présenté comme un bien dont on hérite, un héritage qui est réservé aux croyants dans le ciel. Dieu nous le donnera un jour (Actes 20:32), nous le recevrons du Seigneur (Colossiens 3:24; Hébreux 9:15), nous en prendrons possession au jour du jugement (Matthieu 25:34). Cf. encore Galates 3:18; Ephésiens 1:14.18; 5:5.
Enfin, le salut est synonyme de gloire éternelle: "Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la fondation du monde" (Jean, 17:24). "Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire" (Colossiens 3:4). Les croyants sont "appelés en Jésus-Christ pour la gloire éternelle" (1 Pierre 5:10); en lui ils obtiendront un jour la "couronne incorruptible de gloire" (1 Pierre 5:4).
Tout cela leur sera offert dans le ciel où se trouve leur "cité" (Philippiens 3:20), la patrie qu'avaient déjà cherchée les patriarches et tous les croyants de l'ancienne alliance (Hébreux 11:14.16), ou leur héritage (1 Pierre 1:4). Cf. encore Matthieu 5:12; 2 Corinthiens 5:1; Colossiens 1:15. C'est là qu'est leur paradis (Luc 23:43; 2 Corinthiens 12:4; Apocalypse 2:7), la maison de leur Dieu dans laquelle il y a beaucoup de demeures et où le Christ est allé leur préparer une place (Jean 14:2). C'est une "demeure éternelle qui n'a pas été faite de main d'homme" (2 Corinthiens 5:1), le tabernacle éternel dont l'ancien tabernacle avait été la préfiguration (Luc 16:9; Apocalypse 21:3). C'est encore la nouvelle Jérusalem, la "Jérusalem céleste où seront assemblés des myriades d'anges et de rachetés (Hébreux 12:22-24; Apocalypse 21:2.10), la "cité céleste" que Dieu a préparée aux siens (Hébreux 11:16; 13:14), le repos éternel dans lequel nous devons nous efforcer d'entrer (Hébreux 4:9), où on se repose à jamais de ses travaux (Apocalypse 14:13).

En quoi consiste-t-il?

Le salut éternel échappe à toute description adéquate. C'est quelque chose de tellement beau qu'aucune langue humaine ne peut le décrire de façon satisfaisante. Toutes les descriptions qui en sont faites dans la Bible ne sont que de faibles approximations, exprimées généralement, faute de mieux, de façon négative.
C'est par exemple l'absence de péché. Y ont part ceux qui ont "lavé leurs robes" (Apocalypse 22:14.15) et les ont "blanchies dans le sang de l'Agneau" (Apocalypse 7:14.15). C'est encore l'absence de mort et de damnation, puisqu'on y a la vie éternelle (Osée 13:14; Romains 5:18.21). Pour les élus du Seigneur, la mort, le dernier ennemi, "sera détruite" (1 Corinthiens 15:56), "engloutie dans la victoire" (1 Corinthiens 15:54). C'est aussi l'absence de souffrance. Il n'y aura plus de larmes dans le ciel, car Dieu lui-même les séchera (Esaïe 25:8; Apocalypse 7:16; 21:4). Aussi les souffrances du temps présent ne sauraient "être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous" (Romains 8:18). Satan, l'ennemi juré des enfants de Dieu, sera "jeté dans l'étang de feu et de soufre" (Apocalypse 20:10).
Positivement, le salut consistera en la vision béatifique de Dieu, dans le bonheur parfait devant sa face. Les croyants le verront enfin de leurs propres yeux (Job 19:26; Matthieu 5:8), "tel qu'il est" (1 Jean 3:2), "face à face" (1 Corinthiens 13:12; Apocalypse 22:3). Ils le verront et se rassasieront de son image (Psaume 17:15). "L'agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie" (Apocalypse 7:17), les réjouira "d'une joie ineffable et glorieuse" (1 Pierre 1:8). "Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d'allégresse. Celui qui marche en pleurant, quand il porte la semence, revient avec allégresse, quand il porte ses gerbes" (Psaume 126:5.6). Leurs joies seront abondantes, leurs délices éternelles (Psaume 16:11; Esaïe 65:19). Ils seront consolés et nul ne leur ravira leur joie (Esaïe 66:14; 1 Pierre 4:13; Apocalypse !9:7). Le serviteur fidèle entrera "dans la joie de son maître" (Matthieu 25:21.23). Les élus entonneront le "cantique nouveau" (Apocalypse 5:9; 14:3), glorifiant et adorant Dieu et son Agneau (Apocalypse 4:10; 7:10; 19:7). Alors ils le connaîtront comme ils ont été connus de lui, de manière parfaite (1 Corinthiens 13:9.12), et comprendront beaucoup de choses qui leur échappent maintenant.
La Bible enseigne aussi que le salut est le même pour tous les croyants, mais qu'il y aura divers degrés de gloire selon le travail qu'ils auront accompli, les souffrances qu'ils auront endurées et la fidélité dont ils auront fait preuve. Un tel recevra une "récompense de prophète", tel autre une "récompense de juste" (Matthieu 10:41.42), "selon son propre travail" (1 Corinthiens 3:8). Tous ne brilleront pas de la même façon: "Autre est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, et autre l'éclat des étoiles. Même une étoile diffère en éclat d'une autre étoile. Ainsi en est-il de la résurrection des morts" (1 Corinthiens 15:41.42; Daniel 12:3).
La doctrine de la vie éternelle proclame l'immense miséricorde de Dieu qui réserve aux siens un bonheur parfait dont ils n'osent même pas rêver. Et un bonheur gratuit qu'ils n'ont pas à mériter, car le Fils de Dieu le leur a acquis par son sacrifice. Quand les croyants seront là-haut, ils comprendront à quel danger et quelle misère le Seigneur les a arrachés et chanteront ses louanges bien mieux qu'ils ne peuvent le faire maintenant.
En nous décrivant les beautés du ciel, Dieu veut nous inciter à tout faire pour y accéder. La Bible nous rappelle aussi que cela doit être fait maintenant, tant que nous sommes en vie et que dure pour nous le temps de la grâce, car après il sera trop tard. C'est pourquoi les prédicateurs de l’Évangile sont appelés à être fidèles à leur mission et à proclamer partout la bonne nouvelle du salut, car Dieu veut sauver le maximum d'hommes (Ézéchiel 3:17-19; 1 Timothée 4:15.16; 2 Timothée 4:1.2). Tous les chrétiens d'ailleurs sont invités à être de vrais témoins du Christ, à exhorter, mettre en garde et consoler (Matthieu 18:15-17; Jacques 5:19.20; Jude 22.23).
Enfin, la promesse de la vie éternelle rend urgente la persévérance des croyants. C'est au ciel que se trouve leur vrai trésor, c'est là aussi que doit se trouver leur coeur (Matthieu 6:19-21).

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).

dimanche 14 avril 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIÈRES 06.

7. LA CONDAMNATION 
ÉTERNELLE
~~

La notion d'un jugement et d'un châtiment dans l'au-delà fait partie de la connaissance naturelle de Dieu. Jusqu'à l'avènement de l'athéisme, qui est un phénomène relativement récent dans l'histoire de l'humanité, les hommes croyaient en une rétribution après la mort, dans le châtiment des méchants et la récompense des bons. Cette vérité est un élément incontournable de la foi chrétienne.

L'enfer existe:

La Bible enseigne que les incrédules et les impies seront châtiés éternellement. Caperna[ sera, en raison de son incrédulité, "abaissée jusqu'au séjour des morts" (Matthieu 11:23). Celui-ci ne prévaudra pas contre l'Eglise du Christ (Matthieu 16:18). Le mauvais riche de l’Évangile y connut souffrances et tourments (Luc 16:23.24.28). Dans tous ces textes, le mot "hadès" aurait dû être traduit par "enfer" et non par "séjour des morts".
Mais l'Ecriture emploie encore un autre terme pour désigner ce lieu, le mot "géhenne" qui provient du nom donné à un ravin à proximité de Jérusalem, la vallée de Hinnom où on avait immolé jadis des enfants au dieu Moloc et commis d'autres atrocités. L'endroit devint symbole de péché et de malédiction, et son nom finit par désigner le lieu du châtiment éternel. Jésus parle souvent de la "géhenne" ou du "feu de la géhenne" (Matthieu 5:22.29; 18:9; Jacques 3:6), "feu qui ne s'éteint point" (Marc 9:43.47). Dieu y fait périr corps et âme (Marc 10:28; Luc 12:5).
Il est question encore des "ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents" (Matthieu 8:12; 22:13; 24:51), de la porte large et du chemin spacieux qui mènent à la "perdition" (Matthieu 7:13). Celui qui ne croit pas au Fils "ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui" (Jean 3:36). Le pécheur s'amasse par son endurcissement et son impénitence "un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui réserve "l'irritation et la colère", "tribulation et angoisse" à ceux qui font le mal (Romains 2:5-9).
"Condamnation" et "malédiction" sont encore d'autres termes pour désigner ce qui est toujours la même réalité. Par le péché d'Adam, la condamnation a "atteint tous les hommes" (Romains 5:18). Quant à la malédiction, elle pèse sur "quiconque n'observe pas ce qui est écrit dans le livre de la loi et ne le met pas en pratique" (Galates 3:10). Jésus-Christ, par contre, nous en a rachetés, "étant devenu malédiction pour nous" (Galates 3:13). Le châtiment qui attend les incroyants est appelé ailleurs une "ruine éternelle loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force" (2 Thessaloniciens 1:9). Ce sera un "jugement éternel" (Hébreux 10:26), la coupe de la colère divine, les tourments dans le feu et le soufre (Apocalypse 14:9-11), "l'étang de feu" (Apocalypse 20:15).
Il ressort de tous ces témoignages que la réalité des peines infernales est quelque chose d'indéniable, révélé dans la Bible avec toute l'insistance voulue. Le nier ou en faire le reliquat d'un ancien mythe revient à amputer l'enseignement de la Bible d'un point fondamental sans lequel Éphésiens n'est plus la bonne nouvelle d'une délivrance, puisque sans enfer il n'y a plus de condamnation dont il faille délivrer les hommes. Toute négation des peines infernales constitue une grave atteinte à l'intégrité de la révélation biblique.
Si la foi sauve le pécheur, l'incrédulité le condamne, car elle le prive du pardon de ses fautes. Le monde dans lequel le Christ est venu est un monde qui allait au-devant de sa perdition. Le pécheur est appelé à croire en lui précisément pour ne pas périr, mais pour avoir la vie éternelle. Celui qui ne croit pas "est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu" (Jean 3:16-18). "Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui" (Jean 3:36). "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:16).
L'incrédulité condamne, car elle rend impossible le pardon. Or les péchés non pardonnés sont des péchés qui condamnent. Nous dirons donc que l'homme est condamné quand ses péchés ne sont pas pardonnés ou, ce qui revient au même, que le péché non pardonné condamne. Par ailleurs, il existe des péchés qu'un croyant ne peut pas commettre sans déchoir de la foi. On les appelle parfois pour cette raison "péchés mortels". Ce sont les "oeuvres de la chair", la débauche, l'impureté, le dérèglement, l'idolâtrie, la magie, dont saint Paul dit que ceux qui les commettent "n'hériteront point le royaume de Dieu" (Galates 5:19-21; Éphésiens 5:5.6).
Jésus dit de l'enfer qu'il a été "préparé pour le diable et pour ses anges" (Matthieu 25:41). Dieu ne condamne les incrédules que parce qu'il leur a offert son salut en Christ et qu'ils l'ont rejeté. Il n'a pas voulu la chute des hommes, comme il ne veut pas leur perdition. Encore faut-il qu'ils acceptent la main qu'il leur tend en Jésus-Christ et qu'ils ne bafouent pas sa grâce.

La nature et l'éternité des peines infernales:

En quoi consistent les peines infernales? La Bible ne nous dit pas grand-chose à ce sujet. Cependant elle les décrit négativement et positivement. Négativement, il s'agit de la privation, de l'aliénation, de la séparation complètes et définitives d'avec Dieu, source de tout bonheur, de l'impossibilité de jouir de tout ce qui fera le bonheur des rachetés, notamment de la vision béatifique du Seigneur et de toutes les joies qu'elle procure. Il est dit des incroyants: "Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force" (2 Thessaloniciens 1:9). Ils seront rejetés, "jetés dehors", c'est-à-dire hors du Royaume (Matthieu 25:30.41). "Retirez-vous de moi, maudits!", leur dira le Christ (Matthieu 25:41).
Positivement, la Bible parle d'un lieu de tourments (Matthieu 8:29; Luc 16:28), d'une "ruine soudaine" (1 Thessaloniciens 5:3), de pleurs et de grincements de dents (Matthieu 8:12; Luc 13:28). Qu'ils le sachent ou non, les incroyants jouissent pendant leur vie entière d'innombrables bénédictions du Seigneur qui fait pleuvoir aussi sur eux et leur fait luire également son soleil (Matthieu 5:45), leur fait du bien, "dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles", "donnant la nourriture avec abondance" et remplissant leurs coeurs de joie (Actes 14:16.17). Mais la providence cessera pour les damnés dans l'au-delà. Le Seigneur ne leur accordera plus les bienfaits qu'il leur a offerts dans ce monde pour tourner leurs coeurs vers lui. Ils seront et se sentiront alors entièrement et définitivement abandonnés de lui.
Il existe une doctrine biblique de l'enfer. Il existe aussi des conceptions populaires, faites de superstitions, parfois véhiculées par l'Eglise elle-même, qu'il s'agit de démythifier. Le diable n'est pas le bouc puant à cornes et à sabots qui, de sa fourche, enfoncera en ricanant les réprouvés dans une marmite bouillante! La Bible parle du ver qui ne meurt pas et du feu qui ne s'éteint pas. Ce sont peut-être davantage des images évoquant les souffrances infernales que leur description réelle. Il est de toutes façons plus important de veiller à échapper à la damnation que de tenter de définir la nature du feu infernal.
Par contre, la Bible est formelle quant à la durée des peines infernales. Elles seront éternelles. Il est dit des damnés: "Leur ver ne mourra point et leur feu ne s'éteindra point, et ils seront pour toute chair un objet d'horreur" (Isaïe 66:24). Ce n'est pas là simple langage vétérotestamentaire. Dans le Nouveau Testament, Jésus lui-même reprend ces termes (Marc 9:44-47). Daniel parle de la "honte éternelle" (Daniel 12:2), Jésus et les apôtres du "feu éternel" (Matthieu 5:41.46; Jude 7), l'apôtre Paul de la "ruine éternelle" (2 Thessaloniciens 1:9). La colère de Dieu "demeure" sur les incroyants (Jean 3:36). "La fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles, et ils n'auront de repos ni jour ni nuit" (Apocalypse 14:11). Ils seront "tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles" (Apocalypse 20:10).
L'Eglise évangélique luthérienne est parfaitement consciente de ce que cette doctrine peut avoir de scandaleux. Comment, Dieu ne sait pas pardonner et sa colère refuse de s'assouvir? Il a besoin d'un châtiment éternel pour que sa justice soit satisfaite? Peut-être convient-il ici de se souvenir que l'homme n'est que poussière devant son Créateur, qu'il n'a pas à contester avec lui. Il serait bon aussi de se souvenir qu'il offre à tout pécheur contrit et croyant un pardon et un salut éternels. Si la doctrine des peines infernales est un scandale, qu'on se souvienne que l’Évangile du Christ crucifié l'est aussi (1 Corinthiens 1:18-25).
L'idée que les hommes pourront s'amender, se repentir et implorer le pardon de Dieu dans l'au-delà n'est pas biblique. Même les textes parlant du "rétablissement de toutes choses" (Actes 2:31; l’Évangile 1:9.10), invoqués parfois contre la doctrine de l'éternité des peines infernales, n'affirment pas qu'un jour les hommes du monde entier finiront par être sauvés, mais que le ciel et la terre seront rétablis dans leur condition première, qu'il n'y aura plus de péché, de souffrance, de larmes et de mort. Aucune réparation, aucune expiation ne sera possible après le jugement dernier. D'où la nécessité urgente d'annoncer l’Évangile dans le monde et d'appeler tout homme à se convertir.
Cette doctrine dérange énormément et n'a pas la faveur des prédicateurs. Mais la rejeter, c'est porter atteinte à l’Évangile lui-même. Nier la réalité des peines infernales, c'est nier que la Loi accuse le pécheur et le condamne. C'est lui enlever son aiguillon. C'est nier que Dieu est saint et juste et que sa Loi maudit le transgresseur. Et si la Loi ne condamne plus, de quoi l’Évangile peut-il bien sauver? Si la Loi n'est pas, avec toutes ses exigences, Parole de Dieu, pourquoi l’Évangile le serait-il avec ses promesses?
S'il existe pour les rachetés différents degrés de gloire, bien que le salut soit le même pour tous, car la vie éternelle est un don gratuit de Dieu que l'on obtient par la foi, de même, quoique la condamnation de tous les réprouvés soit identique, ils subiront les peines infernales à des degrés divers. Dieu tient compte du niveau de responsabilité de chacun. Ainsi Jésus déclare que Sodome et Gomorrhe, Tyr et Sidon seront "traités moins rigoureusement" que les villes de la Galilée qui ont eu le privilège de l'entendre annoncer l’Évangile (Matthieu 10:15; 11:22.24). Les scribes et les pharisiens seront jugés "plus sévèrement", car à leur impénitence ils ajoutent l'hypocrisie et font "pour l'apparence de longues prières" (Matthieu 23:14). "Le serviteur qui, ayant connu la volonté de son maître, n'a rien préparé et n'a pas agi selon sa volonté, sera battu d'un grand nombre de coups", tandis que celui qui ne l'a pas connue "sera battu de peu de coups". Et Jésus de conclure: "On demandera beaucoup à ceux à qui l'on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l'on a beaucoup confié" (Luc 12:47.48). Celui qui, après avoir cru en Jésus-Christ, le renie porte une responsabilité plus grande que celui qui n'a jamais connu la grâce (2 Pierre 2:20.21). Songeant aussi bien aux Juifs qu'aux païens, Paul écrit: "Tous ceux qui ont péché sans la loi périront sans la loi, et tous ceux qui ont péché avec la loi seront jugés par la loi" (Romains 2:12). L'incrédulité des Juifs était donc, en tout cas à son époque, beaucoup plus grave que celle des païens.
Qu'en est-il de ceux qui n'ont pas entendu l’Évangile de leur vivant? C'est une question qu'on se pose beaucoup dans la chrétienté et à laquelle on s'empresse de donner une réponse qui est souvent davantage dictée par les sentiments personnels que par l'Ecriture Sainte. En fait, la Bible n'y répond pas. En tout cas, elle ne va pas au-delà de ce qui vient d'être exposé. Il faut que l’Évangile soit prêché aux hommes, parce qu'il n'y a de salut qu'en Christ et que sans lui on est perdu. Voilà ce qu'enseigne la Bible. Il est évident que la responsabilité de ceux qui ne l'ont jamais entendu est de loin inférieure à celle des hommes et des femmes qui l'ont entendu maintes fois et l'ont rejeté. Mais conclure de là qu'ils échapperont au jugement divin, qu'ils seront acquittés ou qu'il leur est demandé de chercher le salut dans leur religion naturelle, est contraire à la Bible. Nul ne peut, en se fondant sur elle, affirmer cela.
Le but de la doctrine de la damnation éternelle est le même que celui que nous avons défini à propos de la fin du monde. Elle constitue un puissant et pressant appel à la repentance. Il est demandé à l'homme de faire le nécessaire pour échapper au jugement qui l'attend et de "travailler" à son salut "avec crainte et tremblement" (Philippiens 2:12), de se couper la main si elle est pour lui une occasion de chute (Marc 9:43), de reconnaître la bonté de Dieu qui le "pousse à la repentance" (Romains 2:4), de le craindre aussi, car il "peut faire périr le corps et l'âme dans la géhenne" (Matthieu 10:28), et de marcher sur le chemin de la piété et de la sainteté (Éphésiens 5:5-7). Que le croyant fasse aussi preuve de patience, sachant que sa délivrance est proche et que le Seigneur châtiera en son temps ceux qui lui font du mal (2 Thessaloniciens 1:6-8; Apocalypse 6:9-11; 19:1.2).

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).

dimanche 7 avril 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIÈRES 05.

5. LA FIN DU MONDE
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Le monde dont le sol a été maudit à cause du péché de l'homme (Genèse 3:17-19) participe à la destinée de celui-ci. Il vieillit, se flétrit avec tout ce qu'il renferme et s'achemine vers sa perte. Tel quel, il ne peut pas subsister éternellement, mais doit disparaître. C'est ce qu'enseigne la Bible, quand elle dit que les cieux, ouvrage des mains divines, "s'useront comme un vêtement" et que Dieu les "changera comme un habit", alors qu'il reste, quant à lui, éternellement le même (Psaume 102:26.27; Esaïe 34:4; 51:6). Déjà dans l'Ancien Testament, le Seigneur avait promis par la bouche des prophètes qu'il créerait "de nouveaux cieux et une nouvelle terre" (Esaïe 65:17). La Bible parle des "derniers jours" (Actes 2:17), de la "fin des jours" (Esaïe 2:2), de la "'fin du monde" (Matthieu 13:40); 28:20), de la "fin des siècles" (1 Corinthiens 10:11; Hébreux 9:26), de la "fin de toutes choses" (1 Pierre 4:7), du "temps du rétablissement de toutes choses" (Actes 3:21), de la "fin" tout court (1 Corinthiens 15:24). "La figure de ce monde passe" (1 Corinthiens 7:31), "le monde passe" (1 Jean 2:17). Les choses visibles sont dites "passagères", tandis que les invisibles sont "éternelles" (2 Corinthiens 4:18).
Par ailleurs, il est question dans l'Ecriture du "monde à venir" (Hébreux 2:5), des "nouveaux cieux et de la nouvelle terre" (Esaïe 65:17). "Les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée... Mais nous, nous attendons selon sa promesse de nouveaux cieux et une nouvelle terre" (2 Pierre 3:10.13). "Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu et la mer n'était plus. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux" (Apocalypse 21:1). Cf. encore Hébreux 12:26; Apocalypse 6:12-14; 20:11, et de nombreux autres textes.
La Bible précise que le feu sera l'agent de la destruction et de la fin du monde: "Les cieux et la terre d'à présent sont gardés et réservés pour le feu" (2 Pierre 3:7). "Les éléments embrasés se dissoudront et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée" (2 Pierre 3:10). Cependant nous ne pouvons pas préciser la nature de ce feu ni le genre de combustion qu'il produira. Il nous est impossible de savoir s'il s'agit d'un feu naturel ou si ce feu est l'image d'une destruction que Dieu opérera d'une autre façon.
Quant aux modalités de la fin du monde, la Bible dit parfois que "la terre et le ciel s'enfuiront" (Apocalypse 16:20), qu'ils "passeront" (Luc 21:33; 1 Corinthiens 7:31; 2 Pierre 3:10; 1 Jean 2:17), "périront" (Psaume 102:26) ou "s'évanouiront" (Esaïe 51:6). On aurait envie d'en conclure que le monde créé cessera d'exister. Cependant d'autres passages annoncent la création de "nouveaux cieux" et d'une "nouvelle terre" (Esaïe 65:17; 66:22), tandis qu'un texte comme le suivant indique plutôt que le monde actuel sera, comme le corps ressuscité des croyants, délivré et transformé: "La création a été soumise à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu" (Romains 8:20.21). Selon ce texte, il y aura continuité entre la création actuelle et celle à venir, moyennant une libération et une métamorphose glorieuse. Le monde sera rétabli dans l'ordre primitif. Il connaîtra à nouveau la condition qui avait été la sienne avant la chute. On se gardera toutefois d'en conclure que tous les éléments de la création actuelle seront préservés. Il n'y aura par exemple dans l'univers nouveau ni soleil ni lune, car "l'Eternel sera ta lumière à toujours" (Esaïe 60:19). La Jérusalem céleste n'aura plus besoin de luminaires, car "la gloire de Dieu l'éclaire et l'Agneau est son flambeau" (Apocalypse 21:23).

6. LE JUGEMENT
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L'enseignement de la Bible:

On a l'habitude d'appeler ce jugement le jugement dernier, par opposition à d'autres jugements divins qui frappent ce monde, tels que le déluge, la destruction de Sodome et de Gomorrhe, l'exil d'Israël à Babylone, la destruction de Jérusalem, et tant d'autres encore, notamment les guerres.
"Il y a un jour pour l'Eternel des armées contre tout homme orgueilleux et hautain, contre quiconque s'élève, afin qu'il soit abaissé" (Esaïe 2:12.19). C'est le "jour de l'Eternel..., jour cruel, jour de colère et d'ardente fureur qui réduira la terre en solitude et en exterminera les pécheurs" (Esaïe 13:9-11), le "grand jour de l'Eternel", "jour grand et terrible" (Joël 2:29-32), jour où Yahvé entrera en jugement avec les nations (Joël 3:1.2.12-16). Cf. encore Esaïe 34:2-10; 66:15; Malachie 4:1-3.
A l'aube de l'alliance nouvelle, Jean-Baptiste disait du Christ: "Il a son van à la main. Il nettoiera son aire et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point" (Matthieu 3:12). Ce jour-là, "le Fils de l'homme enverra ses anges qui arracheront de son royaume tous les scandales et tous ceux qui commettent l'iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise ardente où il y aura des pleurs et des grincements de dents" (Matthieu 13:40-42). "Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre" (Matthieu 24:31), et "rendra à chacun selon ses oeuvres" (Matthieu 16:27). Cf. encore Marc 8:38; Luc 17:24; 21:36.
L'Ecriture précise que le jugement du monde a été confié à Jésus-Christ, le Sauveur que Dieu lui a donné: "Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père... Il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu'il est le Fils de l'homme" (Jean 5:22.23.27). Les apôtres sont chargés d'attester que le Christ "a été établi par Dieu juge des vivants et des morts" (Actes 10:42). "Dieu a fixé un jour où il jugera le monde avec justice, par l'homme qu'il a désigné, ce dont il nous a donné une preuve certaine, en le ressuscitant des morts" (Actes 17:30). Il est normal que celui qui est venu racheter le monde au prix de son sacrifice soit aussi chargé de le juger. Le jugement final fait partie de la mission qui lui a été confiée. Cf. encore Jean 12:48; Romains 14:10; 1 Corinthiens 4:5; 2 Corinthiens 5:10; 2 Timothée 4:1.7.8.; Hébreux 9:27; 1 Pierre 4:5; 2 Pierre 2:4.9; Apocalypse 20:11.12.15; 2:12.
Ailleurs, la Bible précise encore que les apôtres jugeront Israël (Matthieu 19:28) ou que les "saints" participeront au jugement du monde (1 Corinthiens 6:2).

La norme du jugement:

Le jugement final sera le dernier acte accompli par le Christ dans la mission qui lui a été confiée. Il ne fait pas partie de la rédemption proprement dite, mais en constitue le sceau divin. Il consistera dans la condamnation des incrédules et dans la délivrance et le salut des croyants. La Bible enseigne que ces derniers ne seront pas jugés: "Celui qui croit en lui n'est pas jugé" (Jean 3:18). "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:16). Et pourtant nous devons tous comparaître devant son trône (2 Corinthiens 5:10; Hébreux 9:27). C'est que le mot "jugement" peut être employé de deux façons différentes. Il peut désigner la simple comparution devant le trône divin ou bien le verdict de condamnation qui sera prononcé. Il est clair que les croyants seront jugés dans le premier sens du terme, mais pas dans le second.
L'Ecriture enseigne par ailleurs que leurs péchés ne seront pas mentionnés. Ils ne sont même pas évoqués dans la célèbre scène du jugement, Matthieu 25:31-46. C'est que lorsque Dieu pardonne le péché, il ne se souvient plus de lui: "C'est moi qui efface tes transgressions pour l'amour de moi, et je ne me souviendrai plus de tes péchés" (Esaïe 43:25). Le péché n'a plus de pouvoir sur celui qui est sous la grâce (Romains 6:14). Plus rien ne peut l'accuser ni le condamner (Romains 8:1.33.34). Le péché pardonné est jeté "au fond de la mer" (Michée 7:19).
La foi seule sauve et l'incrédulité condamne. Mais ne seront évoquées au jour du jugement que les oeuvres des hommes. "Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres" (Romains 2:6; Apocalypse 2:23). Ils seront jugés "selon leurs oeuvres" (Apocalypse 20:12). Chacun recevra "selon le bien ou le mal qu'il aura fait, étant dans son corps" (2 Corinthiens 5:10). Les hommes sont sauvés par la foi ou condamnés par leur incrédulité, et cependant ils seront jugés selon leurs oeuvres. Les deux affirmations paraissent contradictoires et sont quelque peu difficiles à harmoniser. En fait, la séparation des brebis et des boucs aura lieu avant que ne soient évoquées les oeuvres des uns et des autres (Matthieu 25:32-34). Elle se fera donc selon un autre critère que les oeuvres, le critère de la foi ou de l'incrédulité. Les oeuvres seront évoquées simplement pour rendre le jugement divin évident. La foi et l'incrédulité du coeur ne sont pas visibles à l'oeil humain. Il importe donc que le Christ démontre l'équité de son verdict. Aussi les bonnes oeuvres des croyants ont-elles pour mission d'attester qu'ils ont vécu dans la foi et en ont porté les fruits, tandis que les mauvaises oeuvres des incrédules témoigneront qu'ils n'ont pas cru en Dieu et que son Esprit ne les a pas gouvernés. Quant au bien que font les incroyants, il ne constitue pas un réel accomplissement de la Loi divine et ne leur mérite en aucune façon le pardon. Inversement, les mauvaises oeuvres que les croyants ont pu commettre encore par faiblesse leur sont pardonnées au nom du Christ et ne seront donc même pas évoquées.
Le jugement divin poursuit ainsi plusieurs buts. Il doit tout d'abord manifester visiblement que Jésus-Christ est l'auteur du salut et celui dont Dieu a fait le Chef de l'Eglise et le Seigneur de l'univers. Il est chargé ensuite d'attester à la fois la justice et la miséricorde de Dieu. La justice, car il convient que Dieu châtie le pécheur qui l'a ignoré, méprisé voire rejeté pendant sa vie et violé sa Loi. La miséricorde, car il montrera que le pardon offert en Christ couvre les péchés, délivre et sauve éternellement des hommes qui auraient mérité eux aussi d'être jugés et frappés par la colère divine. "Il est de la justice de Dieu de rendre l'affliction à ceux qui vous affligent et de vous donner, à vous qui êtes affligés, du repos avec nous, lorsque le Seigneur apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d'une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n'obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus... Ainsi le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous serez glorifiés en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus-Christ" (2 Thessaloniciens 1:6-8.10.12).
L'annonce du jugement à venir fait partie de l'enseignement qui a été confié à l'Eglise. Elle occupe dans la prédication chrétienne une place capitale. Elle démontre en effet plusieurs choses:

  • la nécessité de la repentance et de la foi en Christ qui seules préservent de la colère à venir (Jean 3:36; 5:24);

  • l'importance d'une vie pieuse et des oeuvres chrétiennes (Matthieu 25:31-46; Romains 2:6; 2 Corinthiens 5:10; Apocalypse 2:23; 20:12);

  • la nécessité de la patience et de la persévérance dans la foi, sans se décourager par l'injustice qui règne dans le monde et dont les chrétiens sont souvent victimes: "Soyez donc patients, frères, jusqu'à l'avènement du Seigneur... Vous aussi, soyez patients, affermissez vos coeurs, car l'avènement du Seigneur est proche" (Jacques 5:7; cf. encore Psaume 73:16.17; Luc 21:28; 2 Thessaloniciens 1:5-8);

  • les dangers de l'impiété et de l'incrédulité (Matthieu 10:14.15; Jean 12:48; Romains 2:5.6; Hébreux 190:26.27);


  • l'importance qu'il y a à fuir le péché (Matthieu 12:36; Jean 5:29), à renoncer à tout jugement prématuré et à toute vengeance (1 Corinthiens 4:3.4; Deutéronome 32:35; Romains 12:19; Hébreux 10:30; Apocalypse 22:12) et, pour le ministre de l'Evangile, à être fidèle dans l'exercice de son ministère (1 Corinthiens 2:12-15).

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).