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dimanche 14 avril 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIÈRES 06.

7. LA CONDAMNATION 
ÉTERNELLE
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La notion d'un jugement et d'un châtiment dans l'au-delà fait partie de la connaissance naturelle de Dieu. Jusqu'à l'avènement de l'athéisme, qui est un phénomène relativement récent dans l'histoire de l'humanité, les hommes croyaient en une rétribution après la mort, dans le châtiment des méchants et la récompense des bons. Cette vérité est un élément incontournable de la foi chrétienne.

L'enfer existe:

La Bible enseigne que les incrédules et les impies seront châtiés éternellement. Caperna[ sera, en raison de son incrédulité, "abaissée jusqu'au séjour des morts" (Matthieu 11:23). Celui-ci ne prévaudra pas contre l'Eglise du Christ (Matthieu 16:18). Le mauvais riche de l’Évangile y connut souffrances et tourments (Luc 16:23.24.28). Dans tous ces textes, le mot "hadès" aurait dû être traduit par "enfer" et non par "séjour des morts".
Mais l'Ecriture emploie encore un autre terme pour désigner ce lieu, le mot "géhenne" qui provient du nom donné à un ravin à proximité de Jérusalem, la vallée de Hinnom où on avait immolé jadis des enfants au dieu Moloc et commis d'autres atrocités. L'endroit devint symbole de péché et de malédiction, et son nom finit par désigner le lieu du châtiment éternel. Jésus parle souvent de la "géhenne" ou du "feu de la géhenne" (Matthieu 5:22.29; 18:9; Jacques 3:6), "feu qui ne s'éteint point" (Marc 9:43.47). Dieu y fait périr corps et âme (Marc 10:28; Luc 12:5).
Il est question encore des "ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents" (Matthieu 8:12; 22:13; 24:51), de la porte large et du chemin spacieux qui mènent à la "perdition" (Matthieu 7:13). Celui qui ne croit pas au Fils "ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui" (Jean 3:36). Le pécheur s'amasse par son endurcissement et son impénitence "un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui réserve "l'irritation et la colère", "tribulation et angoisse" à ceux qui font le mal (Romains 2:5-9).
"Condamnation" et "malédiction" sont encore d'autres termes pour désigner ce qui est toujours la même réalité. Par le péché d'Adam, la condamnation a "atteint tous les hommes" (Romains 5:18). Quant à la malédiction, elle pèse sur "quiconque n'observe pas ce qui est écrit dans le livre de la loi et ne le met pas en pratique" (Galates 3:10). Jésus-Christ, par contre, nous en a rachetés, "étant devenu malédiction pour nous" (Galates 3:13). Le châtiment qui attend les incroyants est appelé ailleurs une "ruine éternelle loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force" (2 Thessaloniciens 1:9). Ce sera un "jugement éternel" (Hébreux 10:26), la coupe de la colère divine, les tourments dans le feu et le soufre (Apocalypse 14:9-11), "l'étang de feu" (Apocalypse 20:15).
Il ressort de tous ces témoignages que la réalité des peines infernales est quelque chose d'indéniable, révélé dans la Bible avec toute l'insistance voulue. Le nier ou en faire le reliquat d'un ancien mythe revient à amputer l'enseignement de la Bible d'un point fondamental sans lequel Éphésiens n'est plus la bonne nouvelle d'une délivrance, puisque sans enfer il n'y a plus de condamnation dont il faille délivrer les hommes. Toute négation des peines infernales constitue une grave atteinte à l'intégrité de la révélation biblique.
Si la foi sauve le pécheur, l'incrédulité le condamne, car elle le prive du pardon de ses fautes. Le monde dans lequel le Christ est venu est un monde qui allait au-devant de sa perdition. Le pécheur est appelé à croire en lui précisément pour ne pas périr, mais pour avoir la vie éternelle. Celui qui ne croit pas "est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu" (Jean 3:16-18). "Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui" (Jean 3:36). "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné" (Marc 16:16).
L'incrédulité condamne, car elle rend impossible le pardon. Or les péchés non pardonnés sont des péchés qui condamnent. Nous dirons donc que l'homme est condamné quand ses péchés ne sont pas pardonnés ou, ce qui revient au même, que le péché non pardonné condamne. Par ailleurs, il existe des péchés qu'un croyant ne peut pas commettre sans déchoir de la foi. On les appelle parfois pour cette raison "péchés mortels". Ce sont les "oeuvres de la chair", la débauche, l'impureté, le dérèglement, l'idolâtrie, la magie, dont saint Paul dit que ceux qui les commettent "n'hériteront point le royaume de Dieu" (Galates 5:19-21; Éphésiens 5:5.6).
Jésus dit de l'enfer qu'il a été "préparé pour le diable et pour ses anges" (Matthieu 25:41). Dieu ne condamne les incrédules que parce qu'il leur a offert son salut en Christ et qu'ils l'ont rejeté. Il n'a pas voulu la chute des hommes, comme il ne veut pas leur perdition. Encore faut-il qu'ils acceptent la main qu'il leur tend en Jésus-Christ et qu'ils ne bafouent pas sa grâce.

La nature et l'éternité des peines infernales:

En quoi consistent les peines infernales? La Bible ne nous dit pas grand-chose à ce sujet. Cependant elle les décrit négativement et positivement. Négativement, il s'agit de la privation, de l'aliénation, de la séparation complètes et définitives d'avec Dieu, source de tout bonheur, de l'impossibilité de jouir de tout ce qui fera le bonheur des rachetés, notamment de la vision béatifique du Seigneur et de toutes les joies qu'elle procure. Il est dit des incroyants: "Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force" (2 Thessaloniciens 1:9). Ils seront rejetés, "jetés dehors", c'est-à-dire hors du Royaume (Matthieu 25:30.41). "Retirez-vous de moi, maudits!", leur dira le Christ (Matthieu 25:41).
Positivement, la Bible parle d'un lieu de tourments (Matthieu 8:29; Luc 16:28), d'une "ruine soudaine" (1 Thessaloniciens 5:3), de pleurs et de grincements de dents (Matthieu 8:12; Luc 13:28). Qu'ils le sachent ou non, les incroyants jouissent pendant leur vie entière d'innombrables bénédictions du Seigneur qui fait pleuvoir aussi sur eux et leur fait luire également son soleil (Matthieu 5:45), leur fait du bien, "dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles", "donnant la nourriture avec abondance" et remplissant leurs coeurs de joie (Actes 14:16.17). Mais la providence cessera pour les damnés dans l'au-delà. Le Seigneur ne leur accordera plus les bienfaits qu'il leur a offerts dans ce monde pour tourner leurs coeurs vers lui. Ils seront et se sentiront alors entièrement et définitivement abandonnés de lui.
Il existe une doctrine biblique de l'enfer. Il existe aussi des conceptions populaires, faites de superstitions, parfois véhiculées par l'Eglise elle-même, qu'il s'agit de démythifier. Le diable n'est pas le bouc puant à cornes et à sabots qui, de sa fourche, enfoncera en ricanant les réprouvés dans une marmite bouillante! La Bible parle du ver qui ne meurt pas et du feu qui ne s'éteint pas. Ce sont peut-être davantage des images évoquant les souffrances infernales que leur description réelle. Il est de toutes façons plus important de veiller à échapper à la damnation que de tenter de définir la nature du feu infernal.
Par contre, la Bible est formelle quant à la durée des peines infernales. Elles seront éternelles. Il est dit des damnés: "Leur ver ne mourra point et leur feu ne s'éteindra point, et ils seront pour toute chair un objet d'horreur" (Isaïe 66:24). Ce n'est pas là simple langage vétérotestamentaire. Dans le Nouveau Testament, Jésus lui-même reprend ces termes (Marc 9:44-47). Daniel parle de la "honte éternelle" (Daniel 12:2), Jésus et les apôtres du "feu éternel" (Matthieu 5:41.46; Jude 7), l'apôtre Paul de la "ruine éternelle" (2 Thessaloniciens 1:9). La colère de Dieu "demeure" sur les incroyants (Jean 3:36). "La fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles, et ils n'auront de repos ni jour ni nuit" (Apocalypse 14:11). Ils seront "tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles" (Apocalypse 20:10).
L'Eglise évangélique luthérienne est parfaitement consciente de ce que cette doctrine peut avoir de scandaleux. Comment, Dieu ne sait pas pardonner et sa colère refuse de s'assouvir? Il a besoin d'un châtiment éternel pour que sa justice soit satisfaite? Peut-être convient-il ici de se souvenir que l'homme n'est que poussière devant son Créateur, qu'il n'a pas à contester avec lui. Il serait bon aussi de se souvenir qu'il offre à tout pécheur contrit et croyant un pardon et un salut éternels. Si la doctrine des peines infernales est un scandale, qu'on se souvienne que l’Évangile du Christ crucifié l'est aussi (1 Corinthiens 1:18-25).
L'idée que les hommes pourront s'amender, se repentir et implorer le pardon de Dieu dans l'au-delà n'est pas biblique. Même les textes parlant du "rétablissement de toutes choses" (Actes 2:31; l’Évangile 1:9.10), invoqués parfois contre la doctrine de l'éternité des peines infernales, n'affirment pas qu'un jour les hommes du monde entier finiront par être sauvés, mais que le ciel et la terre seront rétablis dans leur condition première, qu'il n'y aura plus de péché, de souffrance, de larmes et de mort. Aucune réparation, aucune expiation ne sera possible après le jugement dernier. D'où la nécessité urgente d'annoncer l’Évangile dans le monde et d'appeler tout homme à se convertir.
Cette doctrine dérange énormément et n'a pas la faveur des prédicateurs. Mais la rejeter, c'est porter atteinte à l’Évangile lui-même. Nier la réalité des peines infernales, c'est nier que la Loi accuse le pécheur et le condamne. C'est lui enlever son aiguillon. C'est nier que Dieu est saint et juste et que sa Loi maudit le transgresseur. Et si la Loi ne condamne plus, de quoi l’Évangile peut-il bien sauver? Si la Loi n'est pas, avec toutes ses exigences, Parole de Dieu, pourquoi l’Évangile le serait-il avec ses promesses?
S'il existe pour les rachetés différents degrés de gloire, bien que le salut soit le même pour tous, car la vie éternelle est un don gratuit de Dieu que l'on obtient par la foi, de même, quoique la condamnation de tous les réprouvés soit identique, ils subiront les peines infernales à des degrés divers. Dieu tient compte du niveau de responsabilité de chacun. Ainsi Jésus déclare que Sodome et Gomorrhe, Tyr et Sidon seront "traités moins rigoureusement" que les villes de la Galilée qui ont eu le privilège de l'entendre annoncer l’Évangile (Matthieu 10:15; 11:22.24). Les scribes et les pharisiens seront jugés "plus sévèrement", car à leur impénitence ils ajoutent l'hypocrisie et font "pour l'apparence de longues prières" (Matthieu 23:14). "Le serviteur qui, ayant connu la volonté de son maître, n'a rien préparé et n'a pas agi selon sa volonté, sera battu d'un grand nombre de coups", tandis que celui qui ne l'a pas connue "sera battu de peu de coups". Et Jésus de conclure: "On demandera beaucoup à ceux à qui l'on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l'on a beaucoup confié" (Luc 12:47.48). Celui qui, après avoir cru en Jésus-Christ, le renie porte une responsabilité plus grande que celui qui n'a jamais connu la grâce (2 Pierre 2:20.21). Songeant aussi bien aux Juifs qu'aux païens, Paul écrit: "Tous ceux qui ont péché sans la loi périront sans la loi, et tous ceux qui ont péché avec la loi seront jugés par la loi" (Romains 2:12). L'incrédulité des Juifs était donc, en tout cas à son époque, beaucoup plus grave que celle des païens.
Qu'en est-il de ceux qui n'ont pas entendu l’Évangile de leur vivant? C'est une question qu'on se pose beaucoup dans la chrétienté et à laquelle on s'empresse de donner une réponse qui est souvent davantage dictée par les sentiments personnels que par l'Ecriture Sainte. En fait, la Bible n'y répond pas. En tout cas, elle ne va pas au-delà de ce qui vient d'être exposé. Il faut que l’Évangile soit prêché aux hommes, parce qu'il n'y a de salut qu'en Christ et que sans lui on est perdu. Voilà ce qu'enseigne la Bible. Il est évident que la responsabilité de ceux qui ne l'ont jamais entendu est de loin inférieure à celle des hommes et des femmes qui l'ont entendu maintes fois et l'ont rejeté. Mais conclure de là qu'ils échapperont au jugement divin, qu'ils seront acquittés ou qu'il leur est demandé de chercher le salut dans leur religion naturelle, est contraire à la Bible. Nul ne peut, en se fondant sur elle, affirmer cela.
Le but de la doctrine de la damnation éternelle est le même que celui que nous avons défini à propos de la fin du monde. Elle constitue un puissant et pressant appel à la repentance. Il est demandé à l'homme de faire le nécessaire pour échapper au jugement qui l'attend et de "travailler" à son salut "avec crainte et tremblement" (Philippiens 2:12), de se couper la main si elle est pour lui une occasion de chute (Marc 9:43), de reconnaître la bonté de Dieu qui le "pousse à la repentance" (Romains 2:4), de le craindre aussi, car il "peut faire périr le corps et l'âme dans la géhenne" (Matthieu 10:28), et de marcher sur le chemin de la piété et de la sainteté (Éphésiens 5:5-7). Que le croyant fasse aussi preuve de patience, sachant que sa délivrance est proche et que le Seigneur châtiera en son temps ceux qui lui font du mal (2 Thessaloniciens 1:6-8; Apocalypse 6:9-11; 19:1.2).

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).