LES ATTRIBUTS OU PROPRIÉTÉS DE L'ECRITURE SAINTE
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La Bible possède un certain nombre d'attributs ou de propriétés qui découlent de son inspiration divine et sont étroitement liés au but que Dieu lui assigne, "rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ" (2 Timothée 3:15).
Nous croyons tout d'abord en son autorité divine. Cf. les textes ci-dessus, dans le chapitre "Source et norme de la doctrine chrétienne".
Convaincus de cette autorité, nous confessons son infaillibilité ou inerrance. Cela signifie non seulement que la Bible peut effectivement atteindre l'objectif que Dieu lui a fixé, rendre les hommes "sages à salut par la foi en Jésus-Christ", mais aussi qu'elle ne contient pas d'erreurs. Si elle est Parole de Dieu et que les prophètes et les apôtres disent ce que Dieu a voulu qu'ils disent et de la façon voulue par lui, elle ne peut rien dire de faux: "La parole de l’Eternel est droite et toutes ses oeuvres s'accomplissent avec fidélité" (Psaume 33:4). "Le témoignage de l'Eternel est véritable" (Psaume 19:8). "Ta parole est la vérité" (Jean 17:17).
Nous croyons en l'infaillibilité ou inerrance de la Bible, bien que les prophètes et les apôtres aient été des enfants de leur siècle et loin de tout savoir. L'Ecriture n'est pas une révélation complète de Dieu, du monde et du salut, mais une révélation partielle, suffisante cependant non pas pour répondre à toutes les questions des hommes, mais pour leur montrer le chemin du salut et les appeler à la foi en Christ. L'homme est par nature orgueilleux et veut s'ériger en juge de la Bible. Il y cherche volontiers des inexactitudes, des erreurs et des contradictions, mais on a bien souvent pu constater que ce qu'on croyait être une erreur ou une contradiction n'en était pas une. Quand cette démonstration n'est pas possible, et elle ne l'est pas toujours, nous croyons qu'une solution existe, même si elle nous échappe pour l'instant.
Il est évident que l'Ecriture n'est pas un manuel de cosmologie, de géologie, d'ethnologie, de géographie, d'histoire ou de botanique. Elle ne fait pas de la science, quand elle décrit l'origine du monde ou les espèces animales ou végétales, et présente souvent les choses telles que les hommes les voient, affirmant par exemple que le soleil se lève et se couche et qu'il tourne autour de la terre, ou que le grain de blé meurt en terre avant de porter du fruit. Bien que ses affirmations ne correspondent pas toujours à la réalité scientifique, elle est véridique et infaillible ou inerrante en toutes choses.
Nous croyons aussi en son efficacité divine, ce qui signifie qu'elle est capable de faire ce pour quoi Dieu l'a donnée. Elle contient deux grands messages, la Loi et l'Evangile. La Loi révèle à l'homme ses péchés, l'accuse et le condamne, brisant ainsi son coeur: "C'est par la loi que vient la connaissance du péché" (Romains 3:20). "Je n'ai connu le péché que par la loi... Ainsi le commandement qui conduit à la vie se trouva pour moi conduire à la mort" (Romains 7:7.10). Quant à l'Evangile, il est "puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit" (Romains 1:16). Nous avons été régénérés "non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu" (1 Pierre 1:23). Cf. encore Esaïe 55:10.11; Romains 10:17; 1 Corinthiens 1:18; 2:3-5; 2 Corinthiens 4:6; Ephésiens 1:13. La Bible utilise une image éloquente quand elle dit que "la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée à deux tranchants", qu'elle partage âme et esprit, jointures et moelles, jugeant les sentiments et les pensées du coeur (Hébreux 4:12.13).
On parle aussi de la perfection divine de l'Ecriture Sainte. C'est l'attribut en vertu duquel elle se suffit à elle-même pour atteindre le but qui lui est assigné. Elle n'a pas besoin d'être complétée par une tradition ou par des révélations particulières, ou d'être interprétée par un magistère infaillible. La connaissance qu'elle suscite est partielle: "Je connais en partie", dit l'apôtre Paul (1 Corinthiens 13:12). Mais elle est suffisante pour le salut. Elle peut "rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ" et est "utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre" (2 Timothée 3:15-17).
Nous confessons enfin sa clarté. La Bible rend témoignage du Christ (Jean 5:39), elle est "une lampe qui brille dans un lieu obscur" (2 Pierre 1:19), une lampe à nos pieds et une lumière sur notre sentier (Psaume 119:105). Elle rend sage l'ignorant (Psaume 19:8). Jésus pouvait dire à ses disciples: "Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes véritablement mes disciples. Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira" (Jean 8:31.32). Il pouvait aussi prier pour eux en disant à son Père: "Sanctifie-les par ta vérité, ta parole est la vérité" (Jean 17:17). Il est bien évident que ce qui est dit de la Parole du Christ ou de Dieu s'applique à l'Ecriture Sainte, puisque c'est là seulement que la Parole divine parvient à nous.
LE CANON DE L'ECRITURE SAINTE
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On appelle canon biblique l'ensemble des livres que l'Eglise chrétienne a reçus comme Parole de Dieu et qui composent l'Ecriture Sainte. Les trente-neuf livres de l'Ancien Testament sont ceux que le Judaïsme avait de tout temps reçus comme canoniques. Ce sont les suivants:
- le Pentateuque ou recueil des cinq livres de Moïse appelé encore Loi (en hébreu "Thorah"): Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome;
- les prophètes antérieurs (Josué, Juges, 1 Samuel, 2 Samuel, 1 Rois, 2 Rois) et les prophètes postérieurs (Esaïe, Jérémie, Ezéchiel et le recueil des douze petits prophètes: Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habakuk, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie);
- les écrits: Ruth, 1 et 2 Chroniques, Esdras, Néhémie, Esther, Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques, Lamentations de Jérémie, Daniel.
A la différence de l'Eglise catholique, le protestantisme ne reconnaît pas comme canoniques les livres dits apocryphes ou deutérocanoniques qui figurent dans l'ancienne traduction grecque de l'Ancien Testament, mais que le Judaïsme n'a jamais acceptés (Esther grec, Judith, Tobit, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Siracide, Baruch, Daniel grec). Tous ces livres d'ailleurs ont été écrits en grec et non en hébreu.
Le canon du Nouveau Testament attesté par un certain nombre de catalogues, de listes des livres inspirés que l'Eglise chrétienne a reçus des apôtres ou de leurs disciples, est composé des écrits suivants:
- les évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean;
- les Actes des apôtres de Luc qui sont la suite de son évangile;
- treize épîtres de l'apôtre Paul (Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Ephésiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2 Thessaloniciens, 1 et 2 Timothée, Tite, Philémon), l'épître aux Hébreux et sept épîtres dites catholiques car adressées à différentes Eglises de l'époque (Jacques, 1 et 2 Pierre, 1, 2 et 3 Jean, Jude);
- l'Apocalypse de Jean.
Le caractère canonique de certains de ces livres a fait l'objet de quelques contestations ici et là, en Orient ou en Occident, pendant un certain temps. On les appelle pour cela les "antilégomènes" (Hébreux, Apocalypse, Jacques, 2 Pierre, Jude, 2 et 3 Jean). Grâce aux témoignages des Eglises locales et des Pères de l'époque, ces doutes furent surmontés et il y a depuis unanimité dans toute la chrétienté sur le canon du Nouveau Testament.
(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).