JÉSUS-CHRIST: SA PERSONNE ET SON OEUVRE (partie n°1).
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"Je crois que Jésus-Christ, vrai Dieu, né du Père de toute éternité, vrai homme, né de la vierge Marie, est mon Seigneur. Il m'a racheté, moi perdu et condamné, en me délivrant du péché, de la mort et de la puissance du diable. Non point à prix d'or ou d'argent, mais par son saint et précieux sang, par ses souffrances et sa mort innocentes, afin que je lui appartienne et que je vive dans son Royaume, pour le servir éternellement dans la justice, dans l'innocence et la félicité, comme lui-même, étant ressuscité des morts, vit et règne éternellement. C'est ce que je crois fermement" (Martin Luther, Petit Catéchisme).
Le chapitre qui parle de Jésus-Christ, de sa personne et de son oeuvre, s'intitule la christologie. C'est de loin le plus important et aussi le plus beau et le plus consolant de la doctrine chrétienne. Il est unique en son genre et fait toute la différence entre le christianisme et toutes les autres religions du monde. Il montre comment Dieu a décidé de réparer lui-même le mal commis par les hommes et de les délivrer du péché, de la mort et de la condamnation éternelle qu'ils ont méritée.
Le christianisme est en effet la seule religion du monde qui enseigne que Dieu lui-même, en la personne de son Fils Jésus-Christ, s'est fait homme pour racheter les hommes, et que le pardon et le salut s'obtiennent par la foi en lui, sans aucune oeuvre ni mérite. Tel est le message de l'Evangile, mot qui signifie "bonne nouvelle". La Bible dit qu'il est une "puissance de Dieu pour le salut" (Romains 1:16). Il fait naître la foi dans le coeur, le transforme radicalement et procure à l'homme qui se sait ainsi pardonné et sauvé la paix, la joie, la certitude de la vie éternelle et le sincère désir de servir Dieu.
1. JÉSUS DE NAZARETH, LE MESSIE PROMIS
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Celui que les prophètes ont annoncé:
Jésus de Nazareth était attendu. Zacharie, le père de Jean-Baptiste, Marie et Joseph, les bergers de Bethléhem, Siméon et Anne, Jean-Baptiste et tous les pieux Juifs de l'époque, sans oublier des païens comme les mages l'attendaient. C'est que les prophètes avaient prédit sa venue. Déjà dans le jardin d'Eden Dieu avait annoncé que la "postérité de la femme" triompherait de Satan et délivrerait l'humanité (Genèse 3:15). Puis le Seigneur promit à Abraham une postérité en qui seraient bénies toutes les nations de la terre (Genèse 12:7; 18:18; 28:14). Il est Emmanuel, Dieu avec nous (Esaïe 7:14; 9:5.6), le Serviteur de l'Eternel venu pour le salut de son peuple (Esaïe 52:13-53:12), le Fils de David au règne éternel (2 Samuel 7:4-16; Psaume 2:7; 110:3; Esaïe 11), le Fils de l'homme à la domination universelle (Daniel 7:13.14), le prophète semblable à Moïse qu'il s'agit d'écouter (Deutéronome 18:15-20), et sans doute aussi ce personnage mystérieux que l'Ancien Testament appelle l'ange (ou plutôt l'envoyé) de l'Eternel (Genèse 16:7-14; 18:19; 22:11-18; cf. Esaïe 63:8.9).
Il existe dans l'Ancien Testament bien des figures annonciatrices de Jésus-Christ. Son oeuvre a été préfigurée par Adam (Romains 5:12-21; 1 Corinthiens 15:20-22), par le grand prophète Moïse (Deutéronome 18:15-20) et par le fidèle serviteur de Dieu qu'a été, malgré ses erreurs et ses péchés, le grand roi David.
On peut dire à juste titre que l'Ancien Testament, comme le Nouveau, est rempli du Christ. C'est une grave erreur de le rejeter comme le "livre des Juifs". Il est riche en enseignements divers et montre notamment comment Dieu a accompli les promesses qu'il avait faites à Abraham, Isaac et Jacob, et à tout le peuple issu des patriarches. Il est un monument de la fidélité du Seigneur qui a tenu parole, malgré toutes les désobéissances de son peuple. En cela, l'histoire d'Israël est la préfiguration de l'histoire de l'Eglise chrétienne. Négliger de lire et de méditer l'Ancien Testament, c'est passer à côté de grandes richesses. Il est vrai que le message du Nouveau Testament est plus clair et plus complet, parce qu'il atteste l'accomplissement des promesses divines, mais on méconnaît beaucoup de choses dans le Nouveau Testament si on ignore l'Ancien.
Les titres de Jésus:
Les titres de Jésus sont significatifs, car ils le décrivent dans sa personne et son oeuvre. Ils contiennent tout un enseignement. Les plus courants sont les suivants:
Jésus:
C'est le nom que Dieu lui-même lui a donné quand il envoya son ange annoncer sa naissance à Joseph (Matthieu 1:21), la forme grecque d'un nom araméen (Yeschuah) provenant de l'hébreu, qui signifie "Yahvé, sauve!"
Christ:
Il faudrait dire "le Christ", titre qui provient de la traduction en grec du mot hébreu rendu par Messie qui veut dire l'oint. On avait l'habitude d'oindre avec une huile sainte les sacrificateurs, les rois et parfois les prophètes. Jésus a été symboliquement oint par Dieu, c'est-à-dire mis à part et rempli du Saint-Esprit pour être notre Prophète, notre Sacrificateur et notre Roi (Psaume 2:2; 45:7; Esaïe 11:2; 61:1; Actes 4:27; 10:38). En un mot, tout ce qu'il a fait pour nous et qu'il continue de faire, il le fait en tant qu'Envoyé de Dieu (Matthieu 10:40; Jean 4:34; 5:23.24; 6:29).
Fils de David:
Jésus n'est pas seulement un descendant de David comme tant d'autres, comme le prouve son arbre généalogique (Matthieu 1:6), mais il est son fils par excellence (Matthieu 1:1). On l'invoque et l'acclame comme tel (Matthieu 9:27; 15:22; 20:30.31; 21:9). Il est en effet le Fils promis à David. Son règne universel, glorieux et éternel a été préfiguré par celui de David. Il en est le prolongement dans l'éternité.
Fils de l'homme:
C'est le titre que Jésus avait l'habitude de se donner (Matthieu 16:27.28; 17:22; 20:18.19.28; Jean 6:27.53.62). Il affirme à la fois qu'il est vrai homme et le Messie promis et attendu (Daniel 7:13.14), qui reviendra un jour dans la gloire pour juger le monde entier et délivrer son peuple (Matthieu 24:30; 25:31).
Seigneur:
"Kurios", en grec. Rarement employé à propos de Jésus tant qu'il était sur terre, le titre lui est régulièrement attribué par les apôtres après son ascension (Actes 2:36; 1 Corinthiens 12:3; Philippiens 2:11). Quand on sait que "kurios" traduit l'hébreu Yahvé ou Jéhovah, appliquer ce titre à Jésus-Christ revenait, de la part des apôtres, à confesser sa divinité et à le considérer comme l'égal du Père. C'est ce que font les chrétiens, en même temps qu'ils l'acclament comme leur Seigneur et leur Roi.(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).