JÉSUS-CHRIST: SA PERSONNE ET SON OEUVRE (partie n°2).
~~
2. QUI EST JÉSUS?
~~
Jésus, tel qu'il est apparu aux hommes:
Avant d'étudier ce que la Bible nous dit de la personne de Jésus-Christ, avant de parler de sa divinité pour passer ensuite à l'étude de son humanité, essayons de brosser le tableau succinct du personnage tel qu'il s'est présenté à son peuple et qu'il a été salué par les croyants d'Israël. C'est répondre à la question: Comment a vécu Jésus et qu'a-t-il fait? Nous commencerons donc, pour reprendre les termes de Martin Luther, par en bas et remonterons vers le haut.
Le Réformateur écrit:
"L'Ecriture commence très doucement. Elle nous conduit d'abord chez un homme, le Christ, puis chez celui qui est le Seigneur de toutes les créatures, enfin chez celui qui est Dieu. Je suis ainsi conduit de façon agréable et j'apprends à connaître Dieu. Mais les philosophes et docteurs ont voulu à tout prix commencer par en haut. Nous commençons en bas, puis nous remontons progressivement".
En l'an 27 ou 28 de notre ère, Jean-Baptiste, un prophète à l'ancienne, accoutré comme Elie, attire les foules sur les rives du Jourdain et leur prescrit le baptême de la repentance, en vue d'accueillir celui dont il prépare la voie, Yeschuah de Nazareth, dont les évangiles nous disent qu'il est né à Bethléhem, dans une étable. Ce Jésus acquiert rapidement une popularité considérable qui alertera en peu de temps le parti des pharisiens et finira par émouvoir les autorités romaines soucieuses de maintenir la paix en ce coin turbulent de l'empire. Il prêche "avec autorité et non pas comme les scribes" (Matthieu 7:29). Il fonde son enseignement sur une référence constante à la loi et aux prophètes, proclame le Royaume de Dieu et accomplit des prodiges et des miracles. Sa doctrine soulève protestations et indignation. Il procède à une interprétation de la Loi fondamentalement différente de celle qui avait cours en Israël. Jésus formule des exigences absolues, éclate en indignations foudroyantes, fulmine contre l'hypocrisie et l'injustice. Cette prise à partie de l'élite religieuse d'Israël (pharisiens, scribes, sadducéens) ne l'empêche pas de faire preuve d'une compréhension et d'une miséricorde inconcevables à l'égard des parias, de ceux qui sont tombés au plus bas de l'échelle sociale et religieuse. Il accepte l'hommage d'une prostituée, mange en compagnie des escrocs, ouvre le ciel à un brigand. Partout où on l'implore avec foi, il guérit des malades et délivre des démoniaques. Il a même ressuscité des morts. Soulager, consoler, sécher les larmes, rendre l'espoir à ceux qui n'en ont plus, telle est sa mission. Il enseigne en même temps que le véritable accomplissement de la Loi ne consiste pas dans la simple exécution de quelques rites religieux ni dans une justice purement extérieure, mais dans l'obéissance réelle et l'amour sincère de Dieu et du prochain. Jésus a demandé qu'on aime ses ennemis, qu'on bénisse ceux qui vous maudissent et qu'on réponde au mal par le bien. Il en a donné en même temps l'exemple. Mais lui qui se proclame doux et humble de coeur (Matthieu 11:29) ose se dire plus grand que Jonas (Matthieu 12:41), plus grand que le plus grand des rois d'Israël (Matthieu 12:42), plus grand que Jacob et Abraham (Jean 4:12; 8:53). Il se dit le plus grand "parmi ceux qui sont nés de femmes" (Matthieu 11:11). Il s'élève au-dessus du temple de Dieu lui-même (Matthieu 12:6).
Ce qui distingue Jésus des prophètes et docteurs d'Israël, c'est la manière dont il se présente aux foules et enseigne. Certes, on avait l'habitude en Israël d'entendre des hommes parler sur l'ordre de Dieu et revêtus de son autorité. Les prophètes agissaient ainsi et revendiquaient cette autorité, quand ils disaient: "Ainsi parle l'Eternel", "Oracle de l'Eternel", "La main de l'Eternel fut sur moi", etc. Et quoique beaucoup de Juifs aient été convaincus que l'époque prophétique était révolue depuis la mort du dernier d'entre eux, Malachie, on attendait la venue d'un grand prophète, celui dont Moïse avait parlé (Deutéronome 18:15). On demanda à Jean-Baptiste s'il ne l'était pas (Jean 1:21). Cependant, le prophète n'a pas la Parole de Dieu en lui, de sorte qu'elle serait sa parole; au contraire, elle vient à lui. Il la reçoit et la retransmet. En la prêchant, il s'efforce de mettre ses auditeurs en relation avec Dieu et non avec lui-même. En un mot, il est le représentant de Dieu et non Dieu lui-même.
Quant au rabbi ou docteur, il lui faut être encore plus modeste que le prophète. Il ne parle pas au nom de Dieu et ne dit pas: "Ainsi parle l'Eternel", mais: "Voilà ce qu'enseigne la Loi". Or Jésus n'a jamais parlé de la sorte. Il n'a utilisé aucune des formules propres aux prophètes et aux docteurs de la Loi, mais opposait son Moi personnel à toute la tradition rabbinique, allant jusqu'à réinterpréter la Loi et la violer, au moins extérieurement (sabbat), quand elle faisait l'objet d'une mauvaise interprétation. Il a eu aussi cette formule significative, gage de son autorité divine: "Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens... Mais moi je vous dis..." (Matthieu 5:21-44), son majestueux: "En vérité, en vérité, je vous le dis" (Matthieu 5:16; 8:10; 10:15.23.42; Jean 1:51: 3;3; 5:19.24.25; 6:26.32.47.53, etc.), et son tout aussi majestueux: "C'est moi" (Matthieu 14:27; Marc 6:50; Jean 4:26; 6:20;8:12; 10:7; 11:25; 15:1, etc.). Il enseignait avec autorité, et non comme les scribes. A la différence des prophètes, il disait non pas: "Ainsi parle le Seigneur", mais: "Moi je vous dis". Alors que les prophètes prêchaient Dieu, il s'annonçait lui-même et invitait les gens à venir à lui, à croire en lui et à le suivre. Il était à la fois sujet et objet de sa prédication, quand il disait par exemple: "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés", "Suis-moi", "Nul ne vient au Père que par moi", "Je suis le chemin, la vérité et la vie", "Je suis la lumière du monde", "Je suis la résurrection et la vie". Et si des Juifs étaient prêts à mourir pour Dieu ou pour la Loi, il demandait à ceux qui le suivaient d'être prêts à subir le martyre pour lui.
Enfin, Jésus accomplit des miracles sans invoquer Dieu à la manière des prophètes. Il n'a pas besoin que Yahvé le mandate pour réaliser un prodige, mais le fait de sa propre autorité. Bref, il apparaît dans des rôles et assume des fonctions dont on n'avait pas l'habitude en Israël. Prophète, docteur, thaumaturge? Il était tout cela à la fois, et en même temps beaucoup plus que cela.
C'est aussi comme Roi-Messie qu'il fut acclamé à son entrée dans Jérusalem. Jésus a bel et bien élevé une prétention à la royauté messianique, en répondant au souverain sacrificateur: "Tu l'as dit: Je le suis!" (Matthieu 26:64; 27:11). En fait, il ne veut pas endosser la conception courante du Messie que les foules avaient tendance à projeter sur lui. Il faut d'abord qu'il meure pour son peuple et pour le monde, pour qu'il n'y ait plus de malentendu sur sa mission messianique. Il est le Messie, mais pas le Messie attendu par un Israël qui s'est détourné de la Parole de Dieu et qui rêve de gloire et de grandeur. Il est le Messie serviteur qui se sacrifie pour le pardon et le salut de son peuple et des hommes du monde entier. Son royaume "n'est pas de ce monde" (Jean 18:36). Il est celui qu'on attend, mais pas tel qu'on l'attend!
La preuve: il va mourir sur une croix, tel un malfaiteur, au grand scandale d'Israël. Plutôt que de croire en sa divinité, on l'accusera de blasphémer. Mais sa résurrection balaiera l'énigme autour de son personnage et mettra fin à tout malentendu. Elle est formellement le signe de l'approbation divine. Jésus a été exécuté à l'issue d'un procès: son peuple voulait sa mort, parce qu'il s'était fait Fils de Dieu. Mais en le ressuscitant des morts, Dieu, le Juge souverain, casse le verdict inique d'Israël et lave le Christ des accusations lancées contre lui. Il est bel et bien le Messie, Fils de Dieu. De plus, il a accompli la mission que le Père lui avait confiée et vaincu le péché, la mort et l'enfer. Il est "la résurrection et la vie" (Jean 11:25.26). Ressuscité des morts, il ne meurt plus. Il est le Prince de la vie et du salut (Actes 3:15; Hébreux 2:10), les prémices de la nouvelle création (Colossiens 1:15.18; Hébreux 1:6), le chef de l'humanité nouvelle qui a reçu de Dieu les pleins pouvoirs dans le ciel et sur la terre (Matthieu 28:18; cf. Daniel 7:14). Dieu l'a fait Seigneur et Christ (Actes 2:36). Il n'est pas devenu Fils de Dieu en ressuscitant des morts, mais parce qu'il était Fils de Dieu, Dieu l'a ressuscité et lui a donné la domination sur toutes choses. Il lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin que tout genou fléchisse devant lui (Philippiens 2:5-11) et qu'il soit adoré comme "le Christ qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement" (Romains 9:5). Les apôtres sont unanimes à proclamer qu'il est Rédempteur du monde (Romains 3:25.26; 1 Pierre 1:18-21; 1 Jean 1:7; 2:1.2; Apocalypse 5:9.10; 7:14).
Jésus, vrai Dieu:
La Bible enseigne que Jésus est le Fils de Dieu: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Matthieu 16:16). "Quand les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils" (Galates 4:4). Jésus lui-même se dit le Fils de Dieu dans ce texte bien connu: "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle" (Jean 3:16). Cf. encore Romains 1:1-4; Hébreux 1:2, et beaucoup d'autres textes du même genre.
Si Jésus est Fils de Dieu, il est vrai Dieu, de la même façon que le Père ou le Saint-Esprit. Il possède donc ce qu'on appelle la nature divine, c'est-à-dire tout ce qui fait que Dieu est Dieu, ce qui le distingue radicalement des anges, des hommes et de toutes les créatures. Les Témoins de Jéhovah, reprenant une hérésie ancienne, admettent volontiers qu'il est Fils de Dieu, mais soutiennent qu'il n'est pas pour autant vrai Dieu. Ils font de lui un être intermédiaire entre Dieu et les anges. C'est une fausse doctrine. En effet l'Ecriture elle-même appelle Jésus Dieu: "Un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur ses épaules. On l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix" (Esaïe 9:5). "Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu" (Jean 1:1). "Mon Seigneur et mon Dieu", s'exclama Thomas en voyant le Christ ressuscité (Jean 20:27). Jésus se considérait comme l'égal de Dieu (Jean 5:18; Philippiens 2:5.6). L'apôtre Paul l'appelle "Dieu béni éternellement" (Romains 9:3-5) et déclare qu'en lui "habite corporellement toute la plénitude de la divinité " (Colossiens 2:9). Cf. encore Psaume 45:7; Hébreux 1:8.
Enfin, d'innombrables textes appellent Jésus Seigneur, lui conférant un titre que l'Ancien Testament réservait à Dieu: "Sanctifiez dans vos coeurs Christ le Seigneur" (1 Pierre 3:15). Toute langue doit confesser que "Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père" (Philippiens 2:11). C'est ce qui lui permet de dire que le Père et lui sont un (Jean 10:30), que le Père est en lui et qu'il est dans le Père (Jean 10:38), qu'il accomplit les mêmes oeuvres que le Père (Jean 5:17.19). L'apôtre précise encore qu'il est égal à Dieu (Philippiens 2:6).
Aussi Jésus a-t-il les mêmes qualités ou propriétés que le Père. Comme lui, il est antérieur à Abraham (Jean 8:58), dès le commencement, c'est-à-dire éternel (Jean 1:1; 17:24). Comme lui, il sait toutes choses (Jean 16:30; 21:17), est tout-puissant (Matthieu 28:18), peut s'assujettir toutes choses (Philippiens 3:21), domine sur tout (Daniel 7:13.14; Esaïe 9:5). Comme son Père, il accomplit des oeuvres divines (Jean 5:17.19). Il a participé à la création du monde (Jean 1:3; Colossiens 1:17), ressuscite les morts et donne la vie (Jean 5:21.28; 11:25.26), est le juge des vivants et des morts (Jean 5:27), autant d'oeuvres que Dieu seul peut faire.
Si Jésus est vrai Dieu, il a droit à l'adoration. Il veut être vénéré, invoqué, adoré: "Que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé" (Jean 5:23). "Que tous les anges de Dieu l'adorent" (Hébreux 1:6). "A celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau soient la louange, l'honneur, la gloire et la force aux siècles des siècles" (Apocalypse 5:13).
La doctrine de la divinité du Christ a fait de tout temps l'objet de nombreuses attaques. Dès les débuts, l'Eglise chrétienne dut se défendre contre ceux qui niaient que Jésus était vrai Dieu. Certains enseignaient qu'il n'était qu'un homme, mais un homme dans lequel Dieu agit avec puissance ou bien un homme dont la volonté s'identifia à ce point avec celle de Dieu que celui-ci l'adopta comme son Fils. D'autres soutenaient que Dieu ne s'était pas réellement incarné en Jésus de Nazareth, mais qu'il s'était étroitement lié à lui jusqu'au moment de la mort où il le quitta. Tel autre affirmait qu'il était un être mi-humain et mi-divin que Dieu avait créé avant la fondation du monde. L'Eglise chrétienne dut réagir contre toutes ces erreurs. Elle le fit notamment dans un texte mémorable, le Symbole de Nicée (325), qui figure parmi les confessions de foi de l'Eglise luthérienne:
"Je crois ... en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, qui n'a pas été fait mais engendré, qui est de même substance que le Père et par qui toutes choses ont été faites...".
De nos jours encore, de nombreux théologiens refusent de croire en la divinité de Jésus. Et si on en croit les sondages d'opinion, il en va de même d'innombrables "chrétiens". Mais on ne peut pas être chrétien, si on ne croit pas cela. Non seulement parce que la Bible l'enseigne très clairement, mais aussi parce que c'est un article de foi fondamental dont dépend le salut tout entier de l'homme. Il a fallu que Jésus soit vrai Dieu pour accomplir la mission qui lui était confiée et racheter le monde. S'il n'avait été qu'un homme, même un super-homme, jamais il n'aurait pu être sans péché et parfaitement juste, et sa mort aurait été tout simplement celle d'un martyr. Elle n'aurait pas eu le pouvoir de nous réconcilier avec Dieu et de nous acquérir le pardon et la vie éternelle. Satan sait ce qu'il fait, quand il incite les ennemis du christianisme, ceux du dehors et ceux du dedans, à nier ou mettre en doute la divinité de Jésus-Christ. En agissant ainsi, il ravit aux hommes la certitude du salut.
Jésus, vrai homme:
Il ne suffit pas à Jésus-Christ d'être Dieu pour sauver les hommes. Encore faut-il qu'il soit homme comme eux, qu'il devienne leur frère pour agir, souffrir et mourir à leur place. Nous disons qu'il possède la nature humaine parce qu'il a tout ce qui fait d'un homme un homme. Jésus est homme, comme le dit l'apôtre: "Nous avons un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme" (1 Timothée 2:8). Il s'est lui-même appelé constamment le Fils de l'homme, rendant ainsi témoignage à son humanité véritable: "Qui dit-on que je suis, moi le Fils de l'homme?" (Matthieu 16:13)? "Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu" (Luc 19:10). "Le Fils de l'homme est venu non pour se faire servir, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup" (Matthieu 20:28).
Comme tous les hommes, il possède un corps (Jean 2:21; Matthieu 26:26.28), une âme (Matthieu 26:38), un esprit (Luc 23:46), une volonté humaine (Luc 22:42). Il est "chair et os" (Luc 24:39). Il connaît la faim, la fatigue, la peur, la tristesse et la joie. Il connaît aussi tous les sentiments des hommes.
Vraiment tous? En tout cas tous ceux qui sont justes et louables. En effet, à la différence de ses frères les hommes, Jésus est sans péché. "Qui de vous me convaincra de péché?" pouvait-il dire à ses adversaires (Jean 8:46). Il "n'a point commis de péché" (1 Pierre 2:22; Hébreux 4:15), "n'a point connu le péché" (2 Corinthiens 5:21). Il a été "un agneau sans défaut et sans tache" (1 Pierre 1:18.19), "un souverain sacrificateur saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs" (Hébreux 7:26). C'est une vérité capitale. En effet, si Jésus était né dans le péché, s'il avait hérité du péché originel et fait le moindre mal pendant sa vie, il n'aurait pas accompli la Loi à notre place et n'aurait pas pu nous racheter par son obéissance parfaite. Nous n'aurions donc aucune certitude du salut.
Deuxième différence entre Jésus et les autres hommes, qui explique la première: Il n'est pas issu d'un mariage ni même le fruit de relations sexuelles entre un homme et une femme, mais a été conçu par le Saint-Esprit dans le sein de la vierge Marie (Luc 1:35; Matthieu 1:18-21). On appelle cela la naissance virginale. C'est un grand mystère que la science ne peut pas expliquer, mais nous le recevons avec foi, car il est clairement enseigné dans la Bible. Il est pour nous la garantie que l'homme Jésus est Fils de Dieu et qu'il est né sans péché.
Affirmer qu'il est vrai homme est tout aussi important que confesser sa divinité. Son humanité véritable est pour nous source de consolation, de certitude du salut, au même titre que sa véritable divinité. Jésus-Christ est vrai homme: c'est pour nous la garantie que tout ce qu'il a fait, il l'a fait à notre place, de même qu'il a souffert et qu'il est mort comme notre médiateur, au nom de ses frères les hommes. Il est vrai Dieu: c'est pour nous la certitude qu'il a tout fait à la perfection, que son sacrifice avait le pouvoir de nous racheter et de nous sauver.
Vrai Dieu et vrai homme en une seule personne:
Il n'y a pas deux Jésus, mais un seul qui est à la fois vrai Dieu et vrai homme. Nous disons que la nature divine et la nature humaine sont unies en sa personne unique. C'est ce qu'on appelle l'union personnelle. C'est pourquoi à la question: "Qui dit-on que je suis, moi le Fils de l'homme?", Pierre peut répondre: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Matthieu 16:13.16). Le "fils" que Marie enfanta était en même temps "Fils de Dieu" ou "Fils du Très-Haut" (Luc 1:31.32.35). Les apôtres l'ont clairement enseigné, mais Jésus lui-même l'avait proclamé. Il est évident qu'il se savait un homme comme tous ceux qui l'entouraient. Mais il avait aussi conscience d'être Fils de Dieu, Dieu, l'envoyé du Père. Il pouvait dire: "Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde" (Jean 16:28), "Moi et le Père nous sommes un" (Jean 10:30). Cf. encore Luc 2:48; Jean 8:58; 10:38; 17:5.
Les deux natures de Jésus-Christ sont étroitement et indissolublement liées l'une à l'autre, si bien qu'il agit toujours à la fois en vrai homme et en vrai Dieu. Qu'il prêche l'Evangile, qu'il discute avec ses interlocuteurs, qu'il guérisse des malades ou délivre des possédés, qu'il agonise sur la croix et ressuscite le troisième jour, tout cela il le fait en Fils de Dieu incarné, dans l'unité de sa personne. Chacune de ses deux natures participe à ses actes selon ses propriétés respectives qui appartiennent en fait à sa personne tout entière. En théologie, on appelle cela la communication des attributs. Quand le Christ ressuscite Lazare, il le fait en prononçant des mots humains: "Lazare, sors!" revêtus de sa toute-puissance divine. Quand il est présent dans le sacrement de la Sainte Cène, il l'est à la fois en vrai Dieu et vrai homme. C'est pourquoi nous croyons en la présence réelle de son corps et de son sang, présents partout où il le veut. Il serait faux et très dangereux de dire qu'il a fait certaines choses, comme les miracles, en tant que Dieu et d'autres, par exemple sa mort sur la croix, en tant qu'homme. Si seul l'homme Jésus est mort sur la croix, nous ne sommes pas sauvés. Mais le Christ a bien dit que personne ne lui prenait la vie, qu'il avait le pouvoir de la donner et de la reprendre (Jean 10:18). Et l'apôtre Pierre prend la peine de préciser que c'est le "Prince de la vie", c'est-à-dire le Fils de Dieu lui-même devenu homme, que les Juifs ont fait mourir sur la croix (Actes 3:15).
Son abaissement et sa glorification:
L'apôtre Paul, exhortant les chrétiens à l'humilité, les invite à imiter le Christ et écrit: "Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu n'a point regardé comme une proie à ravir d'être égal à Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant la forme d'un serviteur, en devenant semblable aux hommes. Et il a paru comme un vrai homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père" (Philippiens 2:5-11).
Dans ce beau texte, Paul affirme deux choses: Jésus-Christ, quand il était sur terre, n'a pas fait étalage de sa toute-puissance et de sa majesté divines. Il n'a pas paradé avec sa divinité, mais l'a cachée en quelque sorte. Il ne l'a révélée que rarement (miracles, transfiguration, résurrection), s'est fait humble et tout petit, le serviteur de tous pour pouvoir les racheter. On appelle cela son abaissement, qui a duré de sa naissance à sa mort.
Mais Dieu son Père l'a récompensé pour son obéissance. Il l'a tout d'abord ressuscité des morts: "Dieu l'a ressuscité" (Actes 2:24.32). "Il a déployé sa force en Christ, en le ressuscitant des morts" (Ephésiens 1:20). Mais la Bible dit aussi qu'il est ressuscité de lui-même, ce qui veut dire qu'il avait le pouvoir de revenir à la vie. Jésus lui-même dit: "Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai... Il parlait du temple de son corps" (Jean 2:19.21). "Personne ne m'ôte la vie, mais je la donne de moi-même. J'ai le pouvoir de la donner et j'ai le pouvoir de la reprendre" (Jean 10:18). "Je suis la résurrection et la vie" (Jean 11:25).
L'Ecriture enseigne aussi qu'avant de ressusciter des morts, Jésus-Christ s'est rendu en enfer pour y proclamer sa victoire: "Christ a été mis à mort quant à la chair et rendu vivant quant à l'Esprit dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison" (1 Pierre 3:18-20). Il fallait que les démons et les damnés sachent que celui qu'ils avaient injurié, méprisé et rejeté avait accompli son oeuvre et réconcilié le monde avec Dieu, le délivrant du péché, de la mort et des puissances infernales.
Enfin, Dieu l'a fait "asseoir à sa droite" (Marc 16:19; Ephésiens 1:20-22; Hébreux 10:12; 1 Pierre 3:22). C'est un langage imagé qui signifie que le Christ fait à nouveau plein usage de sa toute-puissance et de sa majesté divines et qu'il participe avec son Père au gouvernement du monde. Dieu a mis toutes choses sous ses pieds (1 Corinthiens 15:24-27; Hébreux 2:8.9). Il est Seigneur de l'univers qu'il gouverne dans sa toute-puissance (Matthieu 28:18), et en particulier chef de son Eglise qu'il rassemble, édifie et conduit par son Evangile dans la vie éternelle (Psaume 2:6-8; Hébreux 1:8.9; Esaïe 9:5.6; Jean 18:36.37; Ephésiens 1:22; Colossiens 1:18). On appelle cela sa glorification.
(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).