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dimanche 13 janvier 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DU SALUT 03.

LA DOCTRINE DU SALUT (Partie n°3 ).


4. LA JUSTIFICATION
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"Nous enseignons ensuite que nous ne pouvons obtenir la rémission des péchés et la justice devant Dieu par notre mérite, nos oeuvres et nos satisfactions, mais que nous recevons la rémission des péchés et devenons justes devant Dieu par grâce, à cause du Christ et par la foi, si nous croyons que le Christ a souffert pour nous et que, grâce à lui, le pardon des péchés, la justice et la vie éternelle nous sont donnés. Car cette foi là, Dieu veut nous l'imputer à justice devant lui, comme saint Paul le dit aux Romains, chapitres 3 et 4" (Confession d'Augsbourg, Article IV).
L'enseignement de la Bible:

La doctrine de la justification est enseignée dans la Bible avec une telle clarté qu'on se demande comment l'Eglise a fait pour s'en détourner aussi vite et à tel point. Sans doute Satan connaissait-il l'enjeu et voulait-il ravir au peuple de Dieu le fondement de son salut.
Voici les textes les plus importants qui proviennent tous des épîtres de l'apôtre Paul: "Je n'ai point honte de l'Evangile: c'est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, parce qu'en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu'il est écrit: Le juste vivra par la foi" (Romains 1:16.17). Longtemps Luther avait cru que la justice dont parle ce texte était celle par laquelle Dieu est juste en lui-même et exige le châtiment du coupable, jusqu'au jour où il comprit que la justice révélée dans l'Evangile est totalement différente de celle manifestée dans la Loi, qu'il s'agit de la justice que Dieu offre en Christ au pécheur repentant et croyant, de la justice du Christ dont il le recouvre dans sa grâce.
"Maintenant, sans la Loi est manifestée la justice de Dieu à laquelle rendent témoignage la loi et les prophètes, justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n'y a point de distinction, car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. C'est lui que Dieu a destiné à être une victime propitiatoire pour ceux qui auraient la foi en son sang" (Romains 3:21-24). La justification est un acte de la grâce divine en faveur d'hommes pécheurs qui ne peuvent rien faire pour leur salut. Le salut leur est offert en Jésus-Christ qui a racheté le monde par son sang, et ils l'obtiennent par la foi en son nom.
"Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice. Or à celui qui fait une oeuvre, le salaire est imputé non comme une grâce, mais comme une chose due. Mais à celui qui ne fait point d'oeuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice... Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées et dont les péchés sont couverts! Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché" (Romains 4:3-5.7.8). L'apôtre Paul cite deux textes de l'Ancien Testament concernant Abraham et David et montre, à l'aide de ces textes, que la justification est la non-imputation au croyant de ses péchés ou, ce qui revient au même, l'imputation de la justice du Christ. Et cela sans mérite.
"Sachant que ce n'est pas par les oeuvres de la Loi que l'homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus-Christ, afin d'être justifiés par la foi en Christ et non par les oeuvres de la Loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les oeuvres de la Loi" (Galates 2:16). Ce texte oppose la foi aux oeuvres et affirme très clairement que la justification a lieu seulement par la foi en Christ. On pourra lire encore les passages suivants: Romains 5:1.2.9; Galates 3:8.11.24; Ephésiens 2:8.9; Philippiens 3:8.9; Tite 3:5-7.
Faisons quelques constatations. Il ressort de ces textes que la justification est un effet de la grâce divine. Cette grâce est le sentiment qu'inspire à Dieu la situation dans laquelle se trouve le pécheur, la miséricorde qui le pousse à venir à son secours. C'est elle qui l'incite à agir. Il ne nous justifie donc pas parce que nous en serions dignes ou que quelque chose en nous l'y inciterait, mais parce qu'il ne peut pas se résigner à ce que nous soyons condamnés. L'apôtre prend bien soin de préciser: "Si c'est par grâce, ce n'est plus par les oeuvres, autrement la grâce n'est plus une grâce. Et si c'est par les oeuvres, ce n'est plus une grâce, autrement l'oeuvre n'est plus une oeuvre" (Romains 11:6). L'Eglise catholique enseigne traditionnellement que la grâce de Dieu est une aide, une assistance qu'il procure à l'homme pour qu'avec elle il travaille à son salut. Selon cette doctrine qui est tout à fait fausse et dangereuse, la justification est le résultat de la coopération de l'homme avec Dieu et a lieu par la foi et les oeuvres. Le croyant doit s'en rendre digne par ses oeuvres et ses mérites.
Tous ces textes mentionnent Jésus-Christ. La justification n'a jamais lieu sans lui, mais est étroitement liée à l'oeuvre qu'il a accomplie par sa mort et sa résurrection. Le croyant est justifié par la foi en Christ, parce que celui-ci a payé sa dette et expié ses fautes. Sa justice lui est imputée, de sorte qu'il en est recouvert. C'est cela, le pardon: la non-imputation des péchés ou l'imputation de la justice de Jésus.
L'homme est justifié par la foi, dit la Bible. Cette foi, disait Luther, est la main que tend le mendiant pour recevoir une aumône. Si elle justifie, ce n'est pas parce qu'elle serait une sorte de vertu agréable à Dieu, mais parce qu'elle saisit le pardon et la justice du Christ. Il est vrai que la foi change l'homme et produit des oeuvres, mais ce n'est pas pour cela qu'elle justifie. La justification du pécheur a lieu en effet avant tout changement intérieur, par l'imputation au pécheur repentant et croyant de la justice de son Sauveur. Voilà pourquoi on peut dire aussi bien: "Jésus justifie le pécheur" que: "La foi justifie le pécheur".
Si la foi est une main tendue, le geste par lequel le pécheur perdu se réfugie auprès de Jésus-Christ, elle est, bien sûr, connaissance et assentiment, mais avant tout confiance. Elle est connaissance et assentiment, parce que pour être justifié il faut connaître l'Evangile, Jésus et son salut, et croire que les promesses divines sont vraies. Elle est confiance, parce qu'elle est la certitude que Jésus-Christ est mort pour moi, que son sacrifice a été parfait, qu'il a expié mes fautes et m'a réconcilié avec Dieu. Nul n'est donc sauvé simplement parce qu'il connaît les grandes affirmations de la Bible - les démons les connaissent aussi, dit Jacques! -, comme nul n'est sauvé par la foi d'un autre. Croire, c'est se jeter dans les bras de Jésus et accepter son salut d'un coeur humble et confiant: "Etant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d'avoir eu par la foi accès à cette grâce dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions de l'espérance de la gloire de Dieu" (Romains 5:1.2).
La théologie luthérienne enseigne encore que la foi n'est jamais seule, mais qu'elle justifie seule. Cela signifie que la vraie foi produit toujours des oeuvres, sinon elle serait morte, mais qu'elle justifie avant de les produire ou sans elles. De même qu'un corps sans respiration est mort, de même une foi sans oeuvres est morte (Jacques 2:26). Ce n'est pas la vraie foi en Jésus. C'est donc une foi qui ne sauve pas!
Enfin, comme nous l'avons vu, la justification a lieu en ce que Dieu couvre ou n'impute pas le péché ou bien, mais cela revient au même, en ce qu'il impute la justice du Christ. C'est la même chose ou, si on préfère, ce sont les deux aspects d'un même acte. L'un dit les choses négativement, l'autre le fait affirmativement. Il s'ensuit que ce qui rend le croyant juste devant Dieu, c'est la justice de son Sauveur, et s'il en est ainsi, il est par la foi entièrement juste, aussi juste que le Christ lui-même. Le verbe "justifier" est ce qu'on appelle un verbe causatif ou déclaratif. Il signifie "déclarer juste", "considérer comme juste", "prononcer juste". En un mot, "acquitter". Pour un juge, justifier un prévenu, c'est le déclarer non coupable, l'acquitter, prononcer un non-lieu. C'est exactement ce que Dieu fait au nom de son Fils. Le croyant étant recouvert de la justice de son Sauveur, il ne voit plus ses péchés et n'a donc plus aucune raison de le poursuivre de sa colère et de son châtiment. Bien des choses voudraient le condamner, mais elles ne le peuvent plus: "Qui accusera les élus de Dieu? C'est Dieu qui justifie. Qui les condamnera? Christ est mort. Bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous" (Romains 8:33.34).

Quelques précisions:

Le pécheur repentant qui est justifié par la foi en Jésus-Christ, passe instantanément de l'état de condamnation à celui de la grâce. Si, en le justifiant, Dieu l'acquitte et lui impute la justice du Christ ou, ce qui revient au même, l'en recouvre, il est à l'instant entièrement et parfaitement juste. Et cela, quel que soit son degré de sanctification. A la différence de l'Eglise catholique, le luthéranisme enseigne que la justification n'est pas un acte médicinal, une guérison progressive moyennant un changement continu dans l'homme, mais une sentence de grâce prononcée en sa faveur. Il est vrai que Luther mit un certain temps pour le comprendre, mais sa position à ce sujet finit par devenir très claire.
La Bible parle aussi d'une justification par les oeuvres. Jacques écrit: "Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les oeuvres, lorsqu'il offrit son fils sur l'autel?... Vous voyez que l'homme est justifié par les oeuvres et non par la foi seulement" (Jacques 2:21.24). Dans la scène bien connue du jugement: "J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger. J'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire..." (Matthieu 25:31-46), Jésus affirme nettement que les hommes seront jugés selon leurs oeuvres.
L'Ecriture se contredit-elle? Non, car il ne s'agit pas de la même chose. En exposant la doctrine de la justification, l'apôtre Paul explique comment le pécheur passe de l'état de condamnation à celui de la grâce, comment il trouve le pardon et le salut. Quand, au contraire, Jésus et Jacques parlent des oeuvres, ils veulent nous mettre en garde contre tout laisser-aller. La grâce de Dieu ne nous autorise pas à vivre dans le péché. D'ailleurs la foi chrétienne produit toujours les fruits que Dieu attend d'elle, même s'ils sont loin d'être aussi nombreux qu'ils pourraient l'être. Les oeuvres sont donc en quelque sorte les témoins de la foi: elles nous justifient aux yeux du monde, attestent que nous vivons dans la repentance et la foi et rendent gloire à Dieu.
Le chrétien est assuré de sa justification. L'Eglise catholique enseigne autre chose. Elle affirme qu'aucun croyant n'a la certitude d'être en état de grâce et, s'il mourait à l'instant, d'aller au ciel. Elle faisait même du doute une vertu et précisait que la certitude de la justification et du salut était le privilège d'une petite élite, de ceux qui coopèrent suffisamment avec la grâce de Dieu, accomplissent assez d'oeuvres et acquièrent assez de mérites pour aller à coup sûr au paradis.
L'Eglise luthérienne confesse, quant à elle, que le croyant peut être certain de sa justification et de son salut. Il y a deux raisons à cela: ce que le Christ a fait, il l'a fait pour tous les hommes, donc aussi pour lui. D'autre part, il l'a fait à la perfection et c'est suffisant pour son salut. Si par la foi en lui le pécheur est acquitté, absous, recouvert de son innocence et de sa justice, il a la certitude que plus rien ne peut le condamner et le séparer de Dieu. Abraham "ne douta point par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu, mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu et ayant la pleine conviction que ce qu'il promet il peut aussi l'accomplir" (Romains 4:26). "Les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la postérité" (Romains 4:16).
La certitude de la justification est tout sauf de l'orgueil. Dans le coeur du croyant, elle cohabite avec l'humilité la plus sincère et la foi plus confiante. Elle se fonde sur la suffisance et la perfection de l'oeuvre de Jésus-Christ, sur la fermeté des promesses divines, sur la conviction que la foi sauve parce qu'elle saisit le Christ et sur le témoignage intérieur du Saint-Esprit. Celui-ci en effet "rend lui-même témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ" (Romains 8:17).
La théologie luthérienne affirme que la justification du pécheur par la foi est l'article le plus important de la doctrine chrétienne, celui grâce auquel l'Eglise subsiste ou avec lequel elle s'effondre. C'est pour la pureté de cette doctrine que le Réformateur Martin Luther s'est battu pendant toute sa vie. Rien ne lui était plus précieux, à lui qui savait s'analyser et qui avait une conscience si nette de ses péchés, que l'affirmation que le pécheur est justifié par grâce, par la foi en Jésus-Christ. C'était pour lui la source de toute consolation et de toute certitude. Voici ce qu'il écrit à ce sujet:


"Dans cet article, il ne faut céder et renoncer à rien, faute de quoi le ciel et la terre et tout ce qui ne veut pas subsister, s'écroulera. Car, dit Pierre (Actes 4), aucun autre nom n'a été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés, et par ses meurtrissures nous sommes guéris (Esaïe 53). Tout repose sur cet article, tout ce que nous enseignons et vivons contre le pape, le diable et le monde. Il faut donc qu'en cela nous soyons sûrs de nous, sinon tout est perdu, le pape, le monde et tout ce que vous voudrez remporteront la victoire et auront raison" (Articles de Smalcalde, I, 1, 5).

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).