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dimanche 17 mars 2019

Méditation de la semaine: LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIERES 02.

2. L'ETAT DES DÉFUNTS ENTRE LA MORT ET LA RÉSURRECTION
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C'est une question qui a donné lieu à bien des doctrines divergentes et contradictoires, depuis la négation de l'immortalité de l'âme jusqu'à la théorie du sommeil de l'âme, en passant par l'affirmation de la possibilité d'une conversion après la mort, sans parler du purgatoire et des limbes du dogme catholique.
On affirme que l'Ancien et le Nouveau Testaments parlent d'un "séjour des morts" où les défunts attendent que Dieu dans son jugement statue sur leur sort. En attendant, ils sont morts et n'expérimentent ni joie ni souffrance. Il est vrai que la Bible parle d'un "scheol" en hébreu et d'un "hadès" en grec qui est le lieu où se rendent tous les hommes, bons et méchants (Genèse 37:35; 44:29; Job 10:21.22; 26:5.6; Psaume 88:4; 89:49, etc.). Parfois le terme désigne tout simplement la tombe (Job 14:13; 17:13.14; Psaume 141:7; Esaïe 38:18; Ezéchiel 31:15.16). Mais d'autres fois il dénote aussi un lieu où sont châtiés les impies: "Le feu de ma colère s'est allumé et il brûlera jusqu'au fond du séjour des morts" (Deutéronome 32:22). "Pour le sage, le sentier de la vie mène en haut, afin qu'il se détourne du séjour des morts" (Proverbes 15:24). Salomon donne à tout père ce conseil concernant son fils: "En le frappant de la verge, tu délivreras son âme du séjour des morts" (Proverbes 23:14). De même dans le Nouveau Testament, Jésus déclare que Caperna[ sera abaissé en raison de son impénitence "jusqu'au séjour des morts" (Matthieu 11:23), que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre son Eglise (Matthieu 16:18, texte où il faudrait manifestement traduire le terme par "enfer", un mot que la Bible de Segond ne connaît pas!). Le mauvais riche "était en proie aux tourments" et souffrait cruellement dans le séjour des morts qui n'est autre que l'enfer (Luc 16:22.23). Dans d'autres textes, "mort" et "séjour des morts" sont clairement distingués l'un de l'autre (Apocalypse 1:8; 6:8).

L'enseignement de la Bible:

Il es vrai que l'Ecriture Sainte n'entre guère dans les détails, quand elle parle de l'état qui se situe entre la mort et la résurrection. Elle est beaucoup plus prolixe dans la description du sort des incroyants et des croyants après le jugement. L'annonce de la résurrection, du jugement et du destin éternel des hommes est pour elle plus importante que la représentation de l'état dit intermédiaire. Cependant ce qu'elle dit est suffisamment clair pour qu'il ne plane pas de doute à ce sujet. Jésus enseigne que les patriarches décédés dans la foi continuent de vivre: "Dieu vous a dit: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (Matthieu 22:31.32). Quand il mourut, le pauvre Lazare fut "porté par les anges dans le sein d'Abraham" où il fut "consolé", tandis que le mauvais riche alla dans l'hadès, un lieu où il endura des souffrances et qui n'est autre que l'enfer (Luc 16:22-25). Et cela, comme le précise le texte, du vivant de ses frères. Il est vrai qu'il s'agit d'une parabole, mais d'une parabole du Christ dont on ne peut pas supprimer ces affirmations essentielles. L'apôtre Paul exprime le désir de s'en aller pour être "avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur" (Philippiens 1:23). Jésus et Etienne remirent leur esprit entre les mains du Père (Luc 23:36; Actes 7:59). Hébreux 12:22.23 parle des "esprits des justes parvenus à la perfection". Jean le visionnaire vit "sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu" implorant Dieu de les venger (Apocalypse 6:9-11). "Heureux dès à présent, est-il dit dans une autre vision, les morts qui meurent dans le Seigneur", car ils "se reposent de leurs travaux et leurs oeuvres les suivent" (Apocalypse 14:13). Dans un texte déjà cité, l'apôtre parle de "quitter ce corps et de demeurer auprès du Seigneur" (2 Corinthiens 5:8). Enfin, le Christ promit au larron repentant: "Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis" (Luc 23:43).
Voilà ce qu'enseigne la Bible. Il s'ensuit qu'elle conçoit la mort comme la séparation momentanée de l'âme et du corps. Elle conduit le croyant "dans le paradis", "auprès du Seigneur", en un lieu où il est heureux et consolé, et l'incroyant dans un lieu de souffrances et de remords. Il est donc faux de nier la survie après la mort, en prétendant qu'il s'agit d'une idée étrangère à la Bible, d'origine philosophique, gnostique ou autre, et d'affirmer que l'homme meurt tout entier et qu'entre sa mort et la résurrection il ne se passe rien. Il est inexact aussi de parler d'un sommeil de l'âme. S'il arrive à la Bible de dire que les croyants décédés dorment ou sommeillent (Matthieu 9:24; Jean 11:11; 1 Thessaloniciens 4:13), elle dit les choses comme on les voit et décrit l'état des cadavres. Ils semblent dormir effectivement, en attendant d'être réanimés et de sortir de leurs tombes.
En ce qui concerne la doctrine catholique du purgatoire et celle des limbes, elle n'a aucun support biblique et découle logiquement de la doctrine de la justification qui a cours dans cette Eglise. Si le croyant est progressivement justifié par sa transformation intérieure et qu'il participe à sa justification par ses dispositions et ses oeuvres, il n'atteint pas le degré de perfection exigible pour paraître devant Dieu et doit donc se purifier et finir d'expier ses fautes dans un lieu transitoire, avant d'accéder au salut éternel. Seule la doctrine biblique du pardon des péchés et de la justification par l'imputation au croyant de la justice parfaite du Christ affirme qu'il est habilité à se tenir devant son Seigneur, parce que déclaré parfaitement juste et dispensé de toute expiation personnelle et de toute autorédemption.
Une autre erreur extrêmement grave consiste à fonder sur l'affirmation biblique de la descente du Christ en enfer (1 Pierre 3:18-20) la conviction qu'il existe dans l'au-delà une possibilité de repentance et de conversion pour ceux qui n'ont pas voulu ou n'ont pas pu rencontrer le Christ de leur vivant.
Enfin, l'Eglise luthérienne rejette à juste titre la doctrine de l'annihilation selon laquelle Dieu détruira et anéantira l'incroyant dans son jugement. C'est ce qu'enseignent en particulier les Témoins de Jéhovah. Une variante de cette doctrine, appelée doctrine de l'immortalité conditionnelle, soutient que l'immortalité est un don que Dieu fait aux croyants et auquel, par conséquent, les incrédules ne participent pas.

(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).