LA DOCTRINE DU SALUT (Partie n°1)
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1. LA
PRÉDESTINATION
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"Un chrétien ne doit s'intéresser à l'article de l'éternelle élection divine que dans la mesure où celle-ci est révélée dans la Parole de Dieu, laquelle nous présente le Christ comme le livre de vie que la prédication de l'Evangile descelle et nous ouvre, comme il est écrit: "Ceux qu'il a élus, il les a aussi appelés" (Romains 8:30). C'est donc en Christ que nous devons chercher l'éternelle élection du Père qui, dans son conseil divin éternel, a résolu de ne sauver personne en dehors de ceux qui confessent son Fils, le Christ, et qui croient vraiment en lui. Il faut écarter les autres pensées, qui ne viennent pas de Dieu, mais sont inspirées par l'Ennemi qui s'efforce par là d'affaiblir ou même de ruiner la glorieuse assurance que nous donne cette salutaire doctrine. Grâce à elle, nous savons que nous sommes élus en Christ, par pure grâce et sans aucun mérite de notre part, pour la vie éternelle et que personne ne peut nous ravir de sa main... Nous devons nous en souvenir dans nos plus grandes tentations et y puiser une assurance qui nous rendra capables d'éteindre les traits enflammés du Malin" (Formule de Concorde, Epitome, Article XI, 13).
La doctrine de la prédestination ou de l'élection est sans doute la plus mystérieuse et la plus difficile de toute la Bible. On l'appelle traditionnellement la croix des théologiens. Beaucoup d'entre eux ont voulu spéculer sur des questions auxquelles l'Ecriture Sainte ne répond pas et ont, à cause de cela, sombré dans des erreurs parfois très graves.
Encore une fois, la révélation de Dieu est partielle. Il nous a dit ce que nous devions savoir pour être des chrétiens heureux, confiants et vigilants et pour parvenir au salut. Ni plus ni moins. Il est une question notamment à laquelle la Bible ne répond pas: Pourquoi, s'il est vrai que le salut est un don gratuit de Dieu, tous les hommes ne sont-ils pas sauvés? Pourquoi les uns et pas les autres, si la grâce est la même pour tous? La doctrine de la prédestination n'a pas pour mission de résoudre cette énigme qui en reste une pour l'homme aussi longtemps qu'il est sur la terre. Par contre, elle est chargée de consoler, de réconforter, de réjouir les croyants et de leur donner l'espérance de la victoire finale et de la vie éternelle. C'est la seule raison pour laquelle Dieu l'a révélée dans la Bible.
L'enseignement de la Bible:
La doctrine de l'élection est présentée dans un certain nombre de textes dont voici les plus importants:
"Dieu nous a sauvés et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos oeuvres, mais selon son propre dessein et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels et qui a été manifestée maintenant par l'apparition de notre Seigneur Jésus-Christ" (2 Timothée 1:9). Dans ce texte, l'apôtre affirme que c'est conformément à son dessein et à une grâce qui nous était destinée de toute éternité que nous avons été appelés au salut, et cela sans aucun mérite de notre part. En d'autres termes, si Dieu nous a appelés à croire en Jésus-Christ pour nous sauver un jour, c'est parce qu'il l'a voulu et qu'il avait de toute éternité décidé de le faire.
"Pour nous, frères bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuellement des actions de grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l'Esprit et par la foi en la vérité. C'est à quoi il vous a appelés par notre Evangile, pour que vous possédiez la gloire de notre Seigneur" (2 Thessaloniciens 2:13.14). Le choix divin s'est donc fait dès le commencement, c'est-à-dire dans l'éternité. C'est par la sanctification au sens large du terme, c'est-à-dire par tout ce que le Saint-Esprit accomplit en nous et notamment par la foi que Dieu nous conduit là où il a décidé de nous conduire, dans la gloire céleste.
"Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, comme il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté... En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté, afin que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui d'avance avons espéré en Christ" (Ephésiens 1:3-5.11.12). Il serait intéressant de lire tout le texte d'Ephésiens 1:3-14, une des plus belles pages de la Bible. Une fois de plus, l'apôtre, qui ne cherche qu'une chose, à réjouir le coeur de ses lecteurs croyants, leur rappelle qu'ils sont ce qu'ils sont, des pécheurs rachetés et pardonnés, en marche vers la vie éternelle, parce que Dieu a voulu qu'ils soient cela. Il en a pris la décision de toute éternité, mu par sa seule volonté, et la réalise dans le temps en les appelant à la foi en Christ. Grâce à cette élection, ils sont "scellés du Saint-Esprit... lequel est un gage de notre héritage" (V.14). Et tout cela pour que toute gloire soit rendue à Dieu!
"Nous savons... que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né d'entre plusieurs frères. Et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés" (Romains 8:28-30). Les appelés sont des prédestinés au salut. Si Dieu les appelle dans le temps, les invite à croire en Christ et à trouver en lui le pardon et la justice, si on peut dire dès maintenant qu'ils sont glorifiés en espérance, c'est parce que Dieu les a prédestinés à cela. Il n'improvise pas, n'agit pas au hasard, mais accomplit un dessein, mène à bien une décision qu'il a prise dans l'éternité. Ce sont là les textes de la Bible les plus importants concernant la prédestination. Cf. encore Matthieu 22:14; 24:22.24; Romains 9:11.23; 11:5.7; 1 Pierre 1:2.
Petite synthèse:
Résumons tout cela dans les affirmations suivantes:
L'élection ou prédestination est une décision que Dieu a prise dans l'éternité, avant de créer le monde.
Elle a pour fondement la grâce de Dieu en Jésus-Christ: c'est en lui que nous sommes élus et c'est par la foi en son nom que nous parviendrons au salut.
La prédestination consiste en ce que de toute éternité Dieu a décidé de sauver des hommes en les appelant à la foi en Christ, en leur accordant le pardon des péchés et la grâce de la persévérance. Le chrétien est donc invité à croire qu'en l'appelant à la foi, Dieu réalise un plan éternel et qu'il saura le mener à bien.
Tous les hommes ne sont pas élus. "Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" (Matthieu 22:14). Et cependant Dieu veut le salut de tous les hommes: "Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité" (1 Timothée 2:4). Il ne veut pas "qu'aucun périsse, mais que tous arrivent à la repentance" (2 Pierre 3:9). S'il est vrai que tous ne sont pas élus, il est faux de dire que certains ont été prédestinés à la damnation.
Les élus seront sauvés à coup sûr, puisque Dieu a décidé de toute éternité de leur donner la vie éternelle: "Il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes, ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus" (Matthieu 24:24). Mais justement, ce n'est pas possible. Nul ne peut arracher ses brebis de la main de Jésus ni de celle de son Père (Jean 10:28.29). Il n'en est pas moins vrai qu'il y a des croyants qui déchoient de la foi. Certains parmi eux s'en repentent et reviennent à Jésus-Christ, tandis que les autres périssent dans leur incrédulité. C'est un mystère insondable.
C'est une vérité divinement révélée que si un homme est sauvé, il l'est par la grâce de Dieu et ne le mérite en rien, et que celui qui périt périt par sa propre faute, sans que Dieu l'ait voulu.
Encore une fois, la Bible ne nous dit pas pourquoi tous ne sont pas sauvés. Certains ont voulu le lui faire dire, mais ils ont chaque fois sombré dans une fausse doctrine. Calvin disait que si tous ne sont pas sauvés, c'est parce que Dieu ne veut pas les sauver tous, que certains sont prédestinés au salut et d'autres à la damnation. C'est une doctrine terrible qui fait, en dernière analyse, de Dieu l'auteur de la chute.
Ceux qu'on appelle les synergistes ou arminiens affirment le contraire: Dieu voudrait sauver tous les hommes, mais tous ne le seront pas, parce qu'ils ne font pas ce qu'il faut pour cela. Sachant cela, il n'a élu pour le salut que ceux dont il savait à l'avance qu'ils croiraient et persévéreraient dans la foi. C'est une erreur dont la conséquence logique est que, si je suis élu, c'est parce que Dieu savait de toute éternité que je ferais le nécessaire pour croire et persévérer dans la foi. Dans ce cas, mon élection et donc mon salut final reposent sur mes bonnes dispositions et ne sont plus des gratuités du Seigneur.
Il faut renoncer à toute spéculation, s'en tenir fermement et exclusivement à ce que Dieu a révélé dans l'Ecriture Sainte et comprendre que cette doctrine si mystérieuse veut procurer aux croyants l'assurance de la vie éternelle, en les gardant humbles et confiants.
2. LA DOCTRINE DU SAINT-ESPRIT
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Le Saint-Esprit, on l'a vu en étudiant la doctrine de Dieu, est la troisième personne de la sainte Trinité, de la même essence divine que le Père et le Fils. Dans le présent chapitre, il sera question non pas de sa personne, mais de son oeuvre, de la mission qui est la sienne et qui consiste à appliquer aux hommes le salut acquis par le Christ.
L'oeuvre du Saint-Esprit:
Le Saint-Esprit a participé à la création du monde. Il se mouvait au-dessus des eaux (littéralement: il "couvait les eaux"), dit le texte de la Bible (Genèse 1:2). Le psalmiste proclame que "les cieux ont été faits par la parole de l'Eternel et toute leur armée par le souffle de sa bouche" (Psaume 33:6), tandis que Job confesse: "L'Esprit de Dieu m'a créé et le souffle du Tout-Puissant m'anime" (Job 33:4). Cf. encore Psaume 104:29.30.
Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la part du Saint-Esprit dans l'oeuvre du salut. Dieu le Père a mis en place un plan de salut et prédestiné des hommes à la vie éternelle. Le Fils a, en son temps, exécuté ce plan en rachetant les hommes. Que fait le Saint-Esprit? Eh bien, il ne manque pas de travail. Il a de quoi faire, car c'est à lui que revient la tâche d'appeler le pécheur au salut, de le convertir, de lui appliquer le pardon, de le sanctifier et préserver dans la foi jusqu'à la fin, jusqu'au moment de la victoire finale.
Bien qu'il soit la troisième personne de la Trinité, la Bible le présente comme un don qui est fait aux croyants: "Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent" (Luc 11:13; Actes 2:38; 8:20). Il est aussi une puissance: "Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous" (Actes 1:8). Jésus l'appelle le Consolateur qui rend témoignage (Jean 14:16.26; 15:26; 16:1; Actes 5:32; Romains 8:16; 1 Jean 5:6).
Le Saint-Esprit a toujours été à l'action dans le monde, y compris sous l'ancienne alliance. La Bible dit qu'il venait sur certains hommes (Juges 14:6; 15:14 ss.), qu'il entrait en eux (Ezéchiel 2:2; 3:24) ou était en eux (Genèse 41:38; Nombres 27:18; Daniel 5:11.12.14; 6:4). D'ailleurs partout où il y a foi, le Saint-Esprit agit. Il est donc faux de dire qu'il est venu pour la première fois au moment de la Pentecôte, et cela bien que l'évangéliste dise: "L'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié" (Jean 7:39). Jésus lui-même communiqua le Saint-Esprit aux disciples en soufflant sur eux (Jean 20:22). En disant qu'il n'avait pas encore été donné, saint Jean songeait à son effusion particulière, visible, "charismatique" le jour de la Pentecôte, qui permit aux apôtres de parler en langues. Cette effusion-là, prédite par les prophètes Jérémie, Ezéchiel et Joël, "inaugure les derniers jours", comme le dit l'apôtre (Actes 2:17). Elle devait jeter les bases de l'Eglise chrétienne. Le Saint-Esprit ne sera plus donné en quelque sorte au compte-gouttes, mais offert à tous. Tous connaîtront le Seigneur dans la nouvelle alliance (Jérémie 31:34) et seront enseignés de Dieu (Esaïe 54:13).
Les dons de l'Esprit:
Le Saint-Esprit apporte à ceux qui le reçoivent dans leur coeur et l'y laissent agir des dons multiples. Il y a tout d'abord les dons communs dont tous les croyants ont besoin pour vivre dans la foi, servir Dieu et parvenir au salut. Il s'agit notamment de la connaissance, de la sagesse, de l'obéissance, de la persévérance, du discernement, de la patience, de l'amour et, d'une façon générale, de tous les fruits de la foi. Les chrétiens possèdent ces dons à des degrés divers.
Mais il y a aussi les dons extraordinaires ou miraculeux. Ce sont des charismes particuliers tels que le don de guérison par imposition des mains, le parler en langues, le don d'interprétation et le don de prophétie (1 Corinthiens 12:8-2). Ces charismes sont des "signes" (Marc 16:17; 1 Corinthiens 14:22). Jésus avait fait des miracles pour s'accréditer comme le Messie promis. De la même façon il a été donné à l'Eglise, notamment au début de son histoire, d'accomplir des choses étonnantes et miraculeuses pour attester que le message qu'elle annonce lui vient de Dieu. Ces signes sont en quelque sorte les lettres de créance de ceux qui les accomplissaient.
Le Seigneur accorde ces dons où, quand et à qui il veut. Il est évident qu'il peut le faire aujourd'hui encore, s'il en a décidé ainsi. Cela dit, ces charismes ne sont pas indispensables au salut, tandis que la foi, l'amour, la patience ou la persévérance le sont. Il ne faut pas leur attribuer plus de valeur qu'ils n'en ont. Il ne faut surtout pas, à l'exemple des Pentecôtistes, en faire la preuve visible d'un "baptême dans l'Esprit" par lequel tous les chrétiens devraient passer. Enfin, la prudence s'impose. Ces prodiges ne viennent pas nécessairement de Dieu; on les rencontre aussi dans d'autres religions. Pour plus de détails sur cette question, on pourra consulter un ouvrage spécialisé.
(Wilbert Kreiss, Docteur en Théologie luthérienne, La Petite Dogmatique, édition collection Kreiss. 2013).