Soyez les bienvenus sur le blog de l’EGLISE LUTHERIENNE INDEPENDANTE ...... Prions pour tous les Chrétiens persécutés à travers le monde pour leur Foi en Jésus-Christ.....

mardi 25 août 2020

LE DOGME PROTESTANT LES SACREMENTS EN GÉNÉRAL OU LES MOYENS DE GRÂCE:LE BAPTÊME


1) Luther définit le Baptême comme n'étant pas "une eau ordinaire, mais une eau administrée par suite d'un commandement de Dieu et unie à sa Parole" (Petit Catéchisme). C'est le "accedit Verbum ad elementum et fit sacramentum" de Saint Augustin. Il précise dans les Articles de Smalkalde qu'il n'accepte pas la doctrine thomiste qui, oubliant la Parole et l'institution divines, affirme "que Dieu a mis dans l'eau une vertu spirituelle qui enlève le péché au moyen de l'eau" (III, V). La Parole de Dieu sanctifie l'eau, de sorte que celle-ci « n'est pas autre chose que Parole de Dieu ou Parole divine » (nihil aliud sit quam Dei seu divina aqua, Grand Catéchisme). En ce qui concerne l'efficacité du Baptême, le Réformateur déclare: "Le Baptême opère la rémission des péchés, il délivre de la mort et du diable, et il donne le salut éternel à tous ceux qui 176 croient, conformément aux paroles et aux promesses de Dieu" (Petit Catéchisme). Luther voit dans Tite 3: 5 la preuve formelle que le Baptême est un bain de régénération (Petit Catéchisme; Grand Catéchisme, Le Baptême, § 27). Se fondant sur Marc 16 et d'autres textes, il confesse que le Baptême est un moyen de grâce par lequel Dieu offre son pardon et son salut à quiconque le reçoit avec foi: "Nous dirons donc tout simplement que la vertu, l'oeuvre, l'utilité, le but et l'effet du Baptême, c'est de sauver" (Grand Catéchisme, Le Baptême, § 23-27). Si la validité du Baptême ne dépend ni de la foi de celui qui l'administre ni de la foi de celui qui le reçoit, il n'agit nullement "ex opere operato". Ce que Dieu y offre n'est reçu et appréhendé que par la foi: "Ce n'est pas l'eau, certes, qui opère ces grandes choses, mais c'est la Parole de Dieu unie à l'eau et la foi qui s'appuie sur cette Parole de Dieu dans l'eau" (Petit Catéchisme). "La foi seule rend la personne digne de recevoir utilement l'eau salutaire et divine. Ce qui est offert et promis ici, par ces paroles jointes à l'eau, ne peut être reçu que si nous croyons à ces paroles. Sans la foi, le Baptême ne sert à rien, bien qu'il soit en lui-même un trésor inépuisable" (Grand Catéchisme, Le Baptême, § 32 ss) . 

2) La Confession d'Augsbourg dit du Baptême « qu'il est nécessaire au salut et que par lui est offerte la grâce de Dieu (quod sit necessarius ad salutem, quodque per baptismum offeratur gratia Dei) » (Article IX). Elle ajoute « que les enfants doivent être baptisés et que par le Baptême ils sont présentés à Dieu et reçus en grâce ». C'est ce qu'affirment aussi les Articles de Smalkalde, en précisant que la promesse de la rédemption vaut aussi pour les enfants (III, V). La foi ne fait pas le Baptême, mais au contraire se fonde sur lui. Etant bain de régénération, celui-ci fait naître la foi dans le coeur ou la fortifie, si elle est déjà là. C'est pourquoi, "nous apportons l'enfant, estimant et espérant qu'il croit, et nous demandons à Dieu de lui donner la foi. Toutefois ce n'est pas à cause de cela que nous baptisons, mais c'est parce que Dieu l'a ordonné et que nous savons que Dieu ne ment pas" (Grand Catéchisme, Le Baptême, § 56). 

3) Les Dogmaticiens de l'Orthodoxie luthérienne qualifient l'union de la Parole et de l'eau d'« union sacramentelle » (unio sacramentalis). Elle est dite « réelle et exhibitive » (realis et exhibitiva). C'est pourquoi il est faux de distinguer entre Baptême intérieur et Baptême extérieur, ou entre Baptême d'eau et Baptême d'Esprit. C'est par l'eau que l'Esprit agit dans le Baptême. L'effet du Baptême est « don de la foi et de la grâce de l'Evangile » (fidei et gratiae evangelicae oblatio), « offre » (collatio) pour les enfants, et « sceau » (obsignatio) pour les adultes (Gerhard, Quenstedt, Hollaz). Les enfants ne sont pas baptisés « parce qu'ils croient » (quia credunt), mais « pour qu'ils croient » (ut credant). Etant moyen de régénération, le Baptême produit la foi chez l'enfant, une foi implicite que nous ne pouvons pas décrire psychologiquement, et qui devient explicite et consciente à mesure que l'enfant grandit dans l'écoute de l'Evangile et dans un environnement chrétien). M. Chemnitz donne au sujet de la foi des enfants l'explication suivante: "Quand nous disons que les enfants croient ou qu'ils ont la foi, il ne faut pas imaginer qu'ils comprennent ou ressentent les mouvements de la foi (infantes intelligere aut sentire motus fidei), ce qui est le propre de la foi consciente ou réfléchie (fides reflexa), par opposition à la foi dite directe ou implicite (fides directa seu implicita), mais nous entendons rejeter l'erreur de ceux qui estiment que les enfants baptisés plaisent à Dieu et sont sauvés sans que le Saint Esprit agisse en eux de quelque manière que ce soit (sine actione aliqua Spiritus Sancti in eis), puisque le Christ dit clairement: 'Si quelqu'un ne naît d'eau et d'Esprit...'. C'est pourquoi il faut que le Saint-Esprit soit efficace et qu'il agisse dans les enfants qui sont baptisés (in infantibus qui baptizantur efficacem esse et operari), pour qu'ils reçoivent le Royaume de Dieu d'une manière qui leur est propre et qui nous reste inexplicable (suo quodam modo nobis inexplicabili). Et bien que nous ne puissions comprendre suffisamment et expliquer avec des mots humains quelle est cette action ou opération spéciale du Saint-Esprit, il est cependant certain qu'elle a lieu et se réalise par la Parole de Dieu (esse tamen et fieri ex Verbo Dei certum est) (Examen Concilii Tridentini II, 177 2,10). l

 4) Zwingli, comme nous l'avons vu, dissocie entièrement Saint-Esprit et Baptême et fait de celui-ci une simple profession de foi et un acte liturgique par lequel l'Eglise atteste que le baptisé a été reçu en grâce par Dieu. 5) Calvin, au contraire, fait du Baptême un « signe et enseigne de notre purification », une « lettre patente signée et scellée, par laquelle il nous mande, confirme et assure que tous nos péchés nous sont... remis » (Instit. Relig. Chrét. XV, I). Le Réformateur de Genève s'élève contre ceux qui réduisent le sacrement à une simple profession de foi publique (loc. Cit.). Dieu agit dans le Baptême, contrairement à ce que soutenait Zwingli. Cependant, cette action n'a pas lieu par l'eau, mais parallèlement à elle. L'eau du Baptême ne purifie pas et ne sauve pas. Affirmer le contraire, c'est, de l'avis de Calvin, lui attribuer un pouvoir qui est particulier au sang du Christ. Le Baptême nous fortifie dans la certitude du pardon, en nous assurant que le sang du Christ nous purifie intérieurement comme nous purifie extérieurement l'eau qui est répandue dans le sacrement (XV, 2). Catéchisme de Heidelberg: "Ce n'est pas sans grave raison que Dieu parle ainsi: non seulement il nous enseigne que nos péchés sont expiés par le sang et par l'Esprit du Christ, comme sont lavées par l'eau les souillures du corps, mais bien plus encore il nous assure par ce divin symbole et quittance que nous sommes tout autant purifiés de nos péchés par cette lotion interne que nous le sommes extérieurement et de façon visible par l'eau" (73, 446). Confession des Pays-Bas (appelée encore Confessio Belgica): "Les ministres nous présentent un sacrement et une chose visibles, mais Dieu lui-même offre ce qui est signifié par le sacrement, à savoir les dons et les grâces invisibles" (34, 385). Confession de Westminster: "Le Baptême est un sacrement du Nouveau Testament, institué par Jésus-Christ, non seulement pour l'admission solennelle du baptisé dans l'Eglise visible, mais aussi pour lui être un témoignage et un sceau de l'alliance de grâce" (28, I). Cependant, l'acte extérieur et l'acte intérieur ne se rejoignent pas nécessairement. Ils ne le font que pour les élus, puisque eux seuls sont appelés au pardon et au salut. Il y a donc limitation de l'efficacité du Baptême aux élus. La théologie calvinienne fonde le Baptême des enfants chrétiens sur leur droit à la régénération et aux bénédictions du Christ, droit qui provient de l'appartenance de leurs parents à l'alliance divine. Calvin: "Les enfants des fidèles sont saints dès leur naissance, parce que, avant de venir au monde, ils sont déjà adoptés en l'alliance de vie éternelle. Il n'y a point d'autre raison de les recevoir en l'Eglise, sinon que déjà auparavant ils appartenaient au corps de Christ... Il faut que la grâce d'adoption précède le Baptême" (La vraie façon de réformer l'Eglise, p. 122.123). Certains Réformés ont développé la notion de "régénération présomptive" (Lasco, Ursinus, Acronius, Voetius, Witsius, et plus récemment Kuyper aux Pays-Bas), selon laquelle il est permis d'admettre que la régénération a lieu au moment du Baptême. D'autres se refusent à cette explication, tenant à limiter la régénération aux seuls élus. Après un long débat, les Conclusions d'Utrecht (1908) affirmèrent que "ce jugement de charité relatif à la régénération présomptive ne signifie en aucun cas que tous les enfants baptisés sont effectivement régénérés, étant donné que tout Israël n'est pas Israël (Rm 9: 6.7), en clair: étant donné que seuls les élus sont régénérés210 . Signalons enfin que la théologie réformée ne connaît pas de Baptême d'urgence (Calvin, Instit. Relig. Chrét., 15, 20). 

6) En l'absence de confessions de foi précises et normatives, il est difficile de cerner la doctrine du Baptême des Eglises dites évangéliques. Celle-ci dépend en grande partie de leur doctrine de la grâce et du libre-arbitre. Le théologien baptiste Alfred Kuen réduit le Baptême à un simple symbole: "Le Baptême n'est lié à cette purification que parce qu'il la symbolise" (Le Baptême, 1970, p. 46). L'eau du Baptême représente le Baptême d'Esprit qui donne accès à une vie nouvelle en communion avec Dieu (op. cit., p. 60). Le Baptême est un acte visible qui symbolise le sceau spirituel et un signe d'appartenance à l'Eglise (p. 210 Cf. Louis Berkhof, Systematic Theology, p. 640. 178 53). Le Nouveau Manuel d'Instruction des Eglises Mennonites (1956) rejette l'opinion selon laquelle le Baptême est un acte par lequel "Dieu régénère celui qui y est soumis" (p. 68). D'une façon générale, les Eglises Evangéliques rejettent le Baptême des enfants. Le Baptême n'étant pas un moyen de grâce, un sacrement dans lequel c'est avant tout Dieu qui agit et offre sa grâce, son pardon et son salut, l'accent est mis presque exclusivement sur ce que fait l'homme quand il le reçoit, donc sur sa profession de foi. Aussi n'est-il conféré qu'à ceux qui confessent leur foi de façon explicite et constitue-t-il ainsi un témoignage et un engagement public à vivre dans la repentance et la foi (A. Kuen, Le Baptême, p. 73. 77 s. 199; Le Nouveau Manuel d'Instruction, p. 70). 

7) La théologie luthérienne libérale du XIX° siècle est caractérisée par un mépris à peine dissimulé pour les sacrements. D'autres Luthériens ont réagi en versant dans l'autre extrême et en défendant une théologie du Baptême et de la Cène qui a des accents nettement romanisants (A. Vilmar). K. Barth en bon théologien réformé voit l'essence du sacrement dans les concepts de "sceau" et de "signe": "De même qu'un roi est présent dans un sceau et l'utilise pour donner du poids à sa lettre, de même le sacrement est lié à la prédication comme le signe du Christ agissant présentement" (Credo, 1948, p; 170 s). On sait que par la suite, K. Barth abandonna cette définition calvinienne et en faveur d'une conception zwinglienne du sacrement. Plus conséquent que le Réformateur de Zürich, il rejeta le Baptême des enfants et exerça en cela une grande influence sur le protestantisme du XX° siècle.

Souce:https://www.egliselutherienne.org/wp-content/uploads/Bibliotheque/Precis-d-Histoire-des-Dogmes-Kreiss.pdf